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Roy Hargrove, prince du groove à Granville

By 18 August 2014No Comments

“Some Like it Hot”, le blog de Louis Victor

Roy Hargrove en concert au coeur du centre historique de Granville.

Incontestablement, Roy Hargrove est l’un des plus grands trompettistes contemporains. Peut-être l’un des plus grands de l’histoire du jazz tout court tant il brille par son phrasé néo-bop, par sa capacité à jouer les répertoires « traditionnels » et nu-soul comme personne. Son timbre est inimitable, identifiable à la moindre note jouée. Alors, depuis quelques temps (mois, années, on ne sait plus), c’est avec un pincement au cœur que l’on va écouter un Roy fatigué, très fatigué du haut de ses 44 ans.

Sur la scène du Roc de Granville, le 13 août, celui que beaucoup d’amateurs de jazz appellent « Hargroove » — une déformation improbable mais amusante de son patronyme — a livré un concert respectable ayant pourtant débuté difficilement. Avant d’entrer sur scène, sortant des coulisses, on a pu l’observer traînant des pieds, trimbalant avec peine sa petite silhouette. Parfois, lors des concerts, l’on se dit que Roy Hargrove n’est plus. Puis arrive une envolée fulgurante, une phrase mélodique extraordinairement interprétée. Ainsi, lorsqu’il prend son bugle pour jouer des ballades, tout est là : le feeling, le son, le génie. Tout ceci sans mentionner son attitude on ne peut plus « hip », sa classe naturelle et son indéniable goût pour les vêtements : costard cintré, nœud papillon, lunettes de soleil et paire de baskets Adidas vertes fluo pour venir rompre avec le classicisme de son trois pièces. En définitive, son apparence est à l’image de sa musique.

Comme à chaque fois — ou presque —, sir Hargrove a terminé son concert par l’incontournable « Strasbourg St Denis », un morceau composé pour la plus indispensable des scènes parisiennes : le New Morning. Cette version granvillaise ne ressemblait en rien à celle enregistrée il y a quelques années rue des Petites Ecuries à Paris (voir l’exceptionnelle vidéo plus bas), mais le public était largement enthousiaste, ravi de quitter la salle sur ces belles notes de groove. On l’écrivait noir sur blanc en introduction de cet article, Roy est un très grand trompettiste, un prince dont la déchéance n’est certainement pas acquise. Alors, l’on ne peut qu’encourager tout le monde à se déplacer pour l’écouter régulièrement tout en espérant que Jazz en Baie prenne l’initiative de le programmer à nouveau dans les années à venir. Car on en veut encore.

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