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29ème édition -Plus de 20 lieux de concerts, à Rennes et ses alentours – une quarantaine de manifestations – des têtes d’affiche : Branford Marsalis, Youn Sun Nah, Kyle Eastwood, Robin Mckelle, Michel Bénita –différentes formes d’expressions : concerts bien sûr, mais aussi danses, calligraphies, tatouages, conférences….

Au travers du compte-rendu de quelques-uns des concerts, je vous invite à une visite de ce festival.

Pour commencer, l’Orchestre Symphonique de Bretagne invite Branford Marsalis pour interpréter une œuvre de Guillaume Saint-James, compositeur et saxophoniste lui-même.

Cette œuvre intitulée « Black Bohemia » a été écrite spécialement pour Branford Marsalis en hommage à James Reese Europe (1880-1919), premier compositeur noir à avoir enregistré en studio. Cette œuvre évoque l’arrivée à Brest de musiciens noirs américains lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917*. Guillaume Saint-James définit cette pièce comme une suite concertante composée de tableaux avec un saxophone soliste…L’œuvreest en trois parties. La première, « Origines », souligne l’influence de la musique traditionnelle et populaire… Le second mouvement « War » traite de le la guerre de manière assez moderne, héroïque et grave à la fois… Dans « Legacy », la dernière partie, le soliste y est davantage présent et joue dans un esprit improvisé.

C’est donc à une première mondiale (!) que nous avons pu assister ce 11 novembre. L’ O.S.B. a su se mettre au service de Branford Marsalis et l’inverse également, mettant en valeur la qualité de la composition où les différents courants de la musique américaine du début du XXème sont présents. La patte de Guillaume Saint-James y apporte toute sa modernité en en conservant l’esprit. De la belle ouvrage.

Mardi 14 Novembre, le Carré Sévigné à Cesson, accueille Youn Sun Nah. La salle, dont la jauge annoncée est de 670 places, est pleine !

Avec un répertoire presque entièrement renouvelé et un nouvel équipage de musiciens, la diva coréenne expose nombre des morceaux présents sur son dernier album She Moves On, avec des reprises de Paul Simon, Lou Reed, Jimi Hendrix notamment.

Au final un concert plus pop-rock, que jazz, avec une interprétation impressionnante du « Jockey Full of Bourbon » de Tom Waits. Sans oublier le « Halleluja » de Léonard Cohen. Le concert s’achèvera avec en rappel, la chanson de Léo Ferré «Avec Le Temps ». Une voix toujours envoûtante et d’une grande pureté, mais j’ai au bout du compte la nostalgie de ses précédents complices : Ulf Wakenius et Vincent Peirani.

Youn Sun Nah avec Frank Woeste au piano, Brad Christopher Jones à la contrebasse, Tomek Miernowski à la guitare et Dan Rieser à la batterie.

Mercredi 15 Novembre : c’est au Q.G. de Jazz à l’Ouest, à savoir la MJC de Bréquigny, que se dérouleront deux concerts.

To Chet with Love, comme son nom l’indique est une formation composée de six musiciens rennais qui rendent hommage au trompettiste disparu il y a 30 ans en reprenant et s’appropriant des standards principalement présents sur l’album  « Chet Baker Sings ».

Avec la voix pure d’Anna Stevens, la trompette de Benoit Gaudiche, l’excellent pianiste Eric Richard, la guitare de Vincent Robineau, les baguettes d’Olivier Pellan et la contrebasse de Basile Tuauden. C’est avec grand plaisir que j’ai pu écouter à nouveau ces classiques, dont la formation a su respecter l’esprit. Lors du rappel, Benoit Gaudiche a pu également montrer ses talents de chanteur.

La deuxième partie de soirée accueillait Chris Hemingway, saxophoniste américain quasiment inconnu chez nous, mais chaudement recommandé par Branford Marsalis. (Chris Hemingway avait remplacé Marsalis comme soliste pour présenter « Black Bohémia » l’œuvre de Guillaume Saint-James à Brest ).

Accompagné par des solides musiciens rennais, Chris Hemingway a prouvé que son « parrain » n’avait pas recommandé un musicien de second rang. Puissance de l’émission, superbe sonorité au ténor, le saxophoniste nous a gratifié de chorus de haute volée sur un répertoire de standards.

Les musiciens rennais n’étaient pas en reste et ont pu également démontrer tout leur talent : Pascal Salmon au piano, Erwan Boivent à la guitare, Cédrik Alexandre à la contrebasse et Stéphane Stanger à la batterie.

Jeudi 15 novembre, direction Mordelles à l’Antichambre, où l’association Amocas, en partenariat avec Jazz à l’ouest, accueillait Kyle Eastwood et son Quintet. Là encore, pas de place pour les retardataires.

C’était la première fois que j’assistais à un concert du contrebassiste. Formation largement rodée avec Andrew McCormack au piano, Quentin Collins à la trompette et au bugle, Brandon Allen au saxophone ténor, Chris Higginbottom à la batterie et bien sûr Kyle Eastwood à la contrebasse et basse électrique.

Avec un répertoire fleurant bon le hard bop des années 60, mais aussi une reprise de Ennio Morricone « Cinema Paradiso », superbe moment interprété à trois : contrebasse, piano, sax soprano. Également une composition de Kyle Eastwood, «Marrakech » qui nous a  transportés place Jemaa el-Fna. Au final, un concert très agréable, très propre, avec deux soufflants bien affûtés.

Vendredi 16 novembre, retour à la MJC Bréquigny à Rennes pour deux concerts.

Le premier concert nous a permis d’entendre le trio du jeune pianiste breton Sylvain Le Ray, issu du conservatoire de Rennes  et actuellement au CMDL (Centre des Musiques Didier Locwood). Accompagné de Simon Prudhomme à la batterie et de Philémon Régnault à la contrebasse, Sylvain Le Ray nous a présenté ses compositions.

Nourri de multiples influences (de Brad Mehldau à la musique bretonne), Sylvain Le Ray nous présente son univers musical riche et varié avec de très belles envolées mélodiques.

La scène jazz de Bretagne compte décidément de nombreux jeunes talents. Sylvain Le Ray, un nom à retenir !

Pour la 2ème partie de soirée, Robin McKelle et ses musiciens investissent la scène de la MJC.

Pas de cuivre, mais un clavier tenu par Mike King, une basse par Rashaan Carter et à la batterie : Kush Abadey.

C’est essentiellement le répertoire de son dernier album « Melodic Canvas » que Robin McKellenous propose.

Superbe voix teintée de soul et de blues ! Seule la reprise de la chanson rendue célèbre par Nicoletta« Il est mort le soleil » ne recueille pas mon adhésion. Les textes de ses compositions font référence à des faits de société et à ses travers qu’elle dénonce (Immigration, mysoginie…). Concert oblige, Robin Mckelle laisse une belle place à ses brillants musiciens.

Dimanche 18 novembre, bien que dérouté pour cause de blocage de la rocade de Rennes par les Gilets Jaunes, j’arriverai dans les temps à la MJC Bréquigny pour assister au concert de la formation du contrebassiste Michel Bénita, Ethics, un voyage world jazz au pays du soleil levant.

Pour aborder ce voyage, outre la guitare de Manu Codjia, le bugle de Yoann Loustalot…

la batterie de Philippe Garcia, la contrebasse de Michel Bénita, c’est le koto de Mieko Miyazaki, vêtue de son kimono, qui nous renseigne sur la destination.

Le koto est un instrument à cordes pincées qui reposent sur 13 chevalets que Mieko appelle des tours Eiffel. Ils sont déplacés par le musicien pour modifier les accords. Les cordes sont tendues au-dessus d’une longue caisse de résonnance en paulownia, légèrement courbe. Très beau voyage offert par ces musiciens où les sonorités du koto et du bugle, au service de belles mélodies, nous font décoller.

Ce festival s’achève ici pour moi.

En conclusion, je souhaite rendre hommage au travail de  la MJC Bréquigny de Rennes, organisatrice de ce festival et catalyseur des synergies des partenaires, des salles, des artistes, des bénévoles…

Rendez-vous à l’automne 2019, Jazz à L’Ouest, entre le 5 et le 23 novembre, fêtera sa 30ème édition !

 

(*) voir notre sujet sur ce pan de l’histoire du Jazz.

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