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Un festival unique, un cadre exceptionnel, où tout un village et son château se mobilisent pour accueillir musiciens et spectateurs de la plus belle des manières qui soit. Au sortir (on espère !) de cette période sombre, ce sont deux jours de rêve que nous avons vécus. Récit.

Vendredi 20 août. Soirée d’ouverture.

A 18H30, en première partie, de cette première journée, le contrebassiste Vladimir Torres triomphe en ouverture du Frontenay Jazz Festival. Damien Groleau remplace pour l’occasion au piano, Martin Schiffmann (le pianiste présent dans  l’album  « Inicial »).  Tom Moretti est à la batterie.

Un concert plein de fougue, de virtuosité et d’émotion, auquel le public est extrêmement sensible.

 

Le temps de goûter les produits locaux – 4 vignerons des villages de Frontenay, de Passenans et de Château-Chalon, présentent leurs produits, dont le fameux Vin Jaune – et la chanteuse Anne Ducros monte sur scène avec pour ce second trio de la soirée, Adrien Moignard à la guitare et Diego Imbert à la contrebasse. Le luxe…

La chanteuse, comme tous les musiciens qui montent sur la scène devant le fameux château, emmène le public au-delà des contreforts du Jura. (La vue permet d’apercevoir au loin le Morvan sur le soleil couchant…)

Sur « Estate » et « Tea for Two » Anne Ducros invite le saxophoniste Franck Wolf. 1ère surprise !

Comme boosté par le chorus de ce dernier, Adrien Moignard nous propulse dans la stratosphère. Et c’est un dialogue à trois qui s’instaure entre le scat virevoltant et inspiré d’Anne Ducros, les brillants solos de Wolf, le tout sous le rythme implacable de Diego Imbert.

2ème surprise ! Pour le final, le batteur Sangoma Everett, sans doute impatient de monter sur scène à son tour, glisse une batterie basique sous le rideau et sous le regard ébahi et joyeux du public et des musiciens déjà présents, c’est un Festival ! C’est ça le Frontenay Jazz !

Il est un peu plus de 21H30 quand le 3ème concert commence avec en duo, la légende Sangoma Everett à la batterie – il a joué avec les plus grands de Miles Davis à Dizzy Gillespie- et le saxophoniste Lionel Martin, créateur entre-autres du label Ouchrecords-Vinyls.

Ils présentent au public venu extrêmement nombreux de toute la France, de la région du Jura bien sûr et de Suisse, leur album « Revisiting Afrique de Count Basie et Oliver Nelson » inspiré du légendaire album « Africa » de Count Basie. A deux, ils reprennent les compositions originales de l‘album en Big Band.

La magie du jazz opère là encore entre improvisations, dialogues et thèmes originaux.

Quelle énergie communicative ! Il faut bien cela avant d’enchainer avec le 4ème groupe de la soirée à se présenter ; il est un peu plus de 23H !

Quelques familles avec de jeunes enfants commencent à quitter les lieux, alors que des jeunes et des moins jeunes s’avancent à l’invitation du programmateur, Nicolas Petitot, pour danser sur les rythmes métissés de Cissy Street, ce quintet emmené par son créateur, le guitariste Francis Larue épaulé par Etienne Kermarc à la basse Hugo Cost à la batterie, Romain Cuoq au saxophone et Simon Girard au trombone.

Ce feu d’artifice musical clôt cette intense première soirée ; il est minuit largement passé.

A noter l’organisation impeccable du festival, la gentillesse de toute l’équipe de bénévoles, la disponibilité des organisateurs. Même le service de sécurité est d’une amabilité et d’une courtoisie depuis longtemps disparue des manifestations culturelles en région parisienne ou dans les grandes villes… Les médias peuvent s’installer librement, accéder aux artistes à leur guise. Une convivialité et une ambiance rares et qui sied parfaitement au jazz. C’est comme pour le Rugby, il est rare que l’on se batte dans les tribunes !

Samedi 21 août. Deuxième soirée.

En ouverture et pour poser le débat de cette longue et festive soirée qui s’annonce (18H30 à 1H du matin !) pour 4 concerts très attendus par le public averti du Frontenay Jazz : la chanteuse Caloé. La compositrice-interprète au large registre de la pop au Jazz, est la première à monter sur la très belle scène du Frontenay Jazz.

Et tout de suite elle emmène le public avec elle. Arthur Henn est à la contrebasse et forme une rythmique parfaite avec Philippe Maniez à la batterie. Clément Simon est au piano. Très bel interplay entre les musiciens. Caloé leur laisse tout le loisir d’exprimer leur virtuosité au service de la musique, puis elle enchaîne des scats variés et inspirés. Les rejoint alors, le saxophoniste Franck Wolf aussi à son aise avec cette formation qu’il a pu nous le montrer la veille. Un très joli premier concert pour cette soirée, qui ouvre grands les oreilles et les shakras, il annonce l’entrée attendue du pianiste Jacky Terrasson en trio.

Le public bruit déjà de commentaires enthousiastes.

Le maestro entre alors en scène. Il est de la race des pur-sang qui mettent quelques tours de piste tranquilles à détendre leurs muscles avant que de s’élancer à plein galop avec fougue, maîtrise, force et finesse à la fois. Il faut dire qu’accompagné d’une telle rythmique : Géraud Portal à la contrebasse et Lukmil Perez à la batterie…

Cela se passe de commentaires.

Du grand art mesdames et messieurs !

On est dans les classes supérieures.

D’ailleurs le public de Frontenay Jazz l’a tout de suite ressenti.

Le maître enchaîne les morceaux avec brio, sans dire un mot. Ainsi la tension ne baisse à aucun moment. Les applaudissements sont unanimes et aussitôt émis les premiers accords du morceau suivant, le silence d’une écoute attentive revient.

Le virtuose pianiste prendra le micro vers la fin de son tour, pour citer quelques titres, comme « My Funny Valentine », qui ne figure pas dans son dernier album « 53 », et quelques bijoux comme « Kiss Jannett for Me » « Alma » et demander au public s’il a reconnu… ? puis profiter de l’occasion pour rendre hommage à ses complices. Un concert de très haute tenue.

Enthousiasme et émotion sont à leur comble !

Puis vient le tour de Charlotte Planchou, talent émergent du jazz vocal. Juste après la prestation exceptionnelle du trio de Jacky Terrasson, Le défi est de taille.

Et la jeune chanteuse Franco-Allemande a des arguments à faire valoir : talent, audace, personnalité, présence scénique. Un timbre à la finesse de grain touchante.

Bref, une nature aussi attachante que lumineuse. Une luciole dans la nuit de Frontenay qui se fait plus dense. Il est déjà 22H30.

Il faut dire que Charlotte est venue avec des alliés de grande qualité !

En premier lieu, le pianiste Dexter Goldberg, Guilhem Flouzat à la batterie, et en remplaçant de luxe, à nouveau, Arthur Henn à la contrebasse.

Tous des musiciens leaders de leurs propres formations.

C’est la première fois que Charlotte Planchou a l’occasion d’inviter Dexter Goldberg pour un concert lors d’un « vrai festival ». Ils ont pu se jauger et s’apprécier depuis longtemps déjà, lors de nombreuses jams dans les clubs de la capitale. Ils sont tous les deux enthousiastes de pouvoir dialoguer dans ces nouvelles conditions, face à un vaste public venu presque aussi nombreux que lors des dernières éditions, malgré les mesures sanitaires contraignantes (pass sanitaire + masque !).

Charlotte vit intensément ce moment. Tout dans sa gestuelle particulière montre son implication, sa détermination. Une grande sensibilité s’en dégage. Un positionnement de voix parfait. Le public est emporté.

Comme Caloé, Charlotte Planchou est une chanteuse de Jazz originale, avec un tempérament fort et sensible.

Il est presque minuit quand commence le dernier concert qui clôturera cette formidable édition du Frontenay Jazz.

Hélas les familles avec de jeunes enfants ont dû pour beaucoup d’entre elles quitter le promontoire du Château de Frontenay pour redescendre dans les villages alentours. Il faut bien coucher les petits enfants…

Les passionnés cependant restent encore nombreux. Ils échangent entre eux et avec les vignerons qui leur ont donné à goûter ces formidables vins uniques du Jura.

(Un sujet spécial dans la rubrique « Jazz à la Cave » de Couleurs Jazz Media leur sera bientôt consacré ici !)

Montent alors sur scène le 4tet emmené par le trombone « qui monte » ; l’un des musiciens les plus demandés par les autres musiciens… et plébiscité par le public : Robinson Khoury.

Deux invités initialement prévus au vibraphone et à la guitare pointent absents à l’heure dite. Mais le quartet lui, est bien présent malgré quelques péripéties en chemin ! Thibault Gomez est au piano, Etienne Renard à la contrebasse et Elie Martin-Charrière, particulièrement en verve, à la batterie.

Dès les premières mesures, le son chaud et rond du trombone traverse le parvis et la cour du château. Le public se dit que décidément il a bien fait de rester tard ! La plupart des titres sont ceux de l’excellent album « Frame of Mind » sorti en décembre 2019 et présenté (comme l’ensemble des albums des artistes présents ces deux jours) dans l’émission « La Couleurs Jazz Week « sur CouleursJazzRadio.fr

Puis en final, Caloé à l’invitation de Robinson Khoury, remonte sur scène pour clore cette magnifique soirée et ce grand-petit Festival !

Un large merci à toute l’équipe des bénévoles, aux organisateurs, aux habitants du village de Frontenay très impliqués et qui signent l’un des plus chaleureux festivals, à la programmation sans faiblesse, auquel il nous ait été donné d’assister depuis longtemps !

©Photos Gaby Sanchez & Jacques Pauper pour Couleurs Jazz Media et COULEURS JAZZ RADIO

©Photos Jean-Yves Faivre

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