
A l’heure où ce #&@*%$¿ de Trump annonce vouloir annexer le Groenland — ce qui, c’est clair, jette un froid —, on ne peut que souhaiter qu’il se casse les dents contre une bonne vieille banquise et vouloir, quant à nous, nous réfugier sur des territoires où règne une chaleur bienfaisante et où brille non-stop le dieu Soleil (sauf la nuit, évidemment !).
Eh bien ça tombe à pic puisque la grande chanteuse de jazz française, Clotilde Rullaud, suite à de nombreux séjours de résidence au Burkina Faso où elle a rencontré les musiciens de Kananyé à Bobo-Dioulasso, lors du festival Badara, en 2019, a ramené dans la métropole un quartet burkinabé totalement passionnant avec lequel elle chante et joue de la flûte.
Le quintet — et le CD — se nomment Kananayé (Oh Yeah !) et si vous ne les avez pas vus en décembre au New Morning, à Paris, vous avez raté quelque chose car l’ambiance y était torride, la musique fabuleuse, et des dizaines de jeunes femmes dansaient près de la scène en hurlant leur joie. Bizarrement, les (jeunes) hommes restaient plus statiques en éclusant leur bière.
Quant au public assis face à la scène, il a fallu, en rappel, que le joueur de balafon les enjoigne de se lever pour qu’ils obtempèrent et participent de façon plus active à la liesse collective. Etrange, non, ce public passif d’une musique plus qu’active ? Mais bon, vous savez ce que dit Brel sur les bourgeois et les cochons…
Pour en revenir à Kananayé (Seydou Diabate au balafon, Abdoulaye Traore à la guitare, Achille Nacoulmaà la batterie, Boubacar Djiga au kundé — une sorte de guembri — et Clotilde au chant et à la flûte), c’est un mix très convaincant et très réussi de musique africaine de l’ouest, de jazz (entre autres dans les impros), de blues… Ca raconte de belles et émouvantes ou amusantes histoires sur la France et sur l‘Afrique sans tomber dans les clichés de la world music.
C’est magnifiquement chanté en français, en anglais et en langues locales du Burkina Faso par Clotilde mais aussi par les quatre instrumentistes, qui sont tous des solistes renversants de virtuosité, de générosité dans leur jeu, d’inventivité dans leurs solos.
Et Clotilde n’est pas en reste — loin de là — quand elle embouche sa flûte traversière, un instrument qu’elle pratique depuis l’adolescence et qui est une sorte de seconde voix par rapport à son timbre vocal qui fait d’elle une des plus intéressantes chanteuses de l’Hexagone, bien loin devant certaines vocalistes surévaluées, que ma pudeur naturelle (ou culturelle ?) m’interdit de citer ici.
Donc, que vous soyez amateur/trice de jazz, de musiques africaines, de blues, de chant, de balafon, de guitare ou de percussions, vous n’avez pas d’autre choix que de plébisciter Kananayé et de faire connaître cette magnifique musique autour de vous en attendant que l’occasion vous soit donnée de les voir/entendre live on stage.
Et je peux vous assurer que ça sera « live », dans le sens de « vivant » !
Musiciens :
Clotilde Rullaud : voix, flûte
Seydou Diabate : balafon, voix
Boubacar Djiga : kundé, voix
Achille Nacoulma : batterie, percussion, voix
Abdoulaye Traore : guitare, voix
Kananayé est sorti sous le label T’zig’Art, le 22 novembre 2024.
©Photos Claude Ferrara
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