Dans le cadre du Pan Piper, François Lacharme présidait la cérémonie de remise des prix, décernés aux meilleurs artistes et productions musicales de jazz pour l’année 2021. Cette soirée de gala nous réserva quelques jolies surprises grâce à la présence sur scène de musiciens rares à Paris, comme d’autres que l’on retrouve toujours avec le même plaisir, surtout par les temps qui courent et qui font tout juste suite à ces années bizarres de pandémie.
Sans plus attendre, découvrons les vainqueurs récompensés par l historique institution (1955) réunissant à cette occasion les personnalités de la musique jazz et des medias.
Prix du Disque Français
(Meilleur disque enregistré par un musicien français) :
Finalistes :
- Fabien Mary and the Vintage Orchestra pour Too Short” (Jazz&People / Pias)
- Belmondo 5tet pour Brotherhood
- Pierrick Pédron, pour Fifty-Fifty (Gazebo / L’autre distribution)
Lauréat : Belmondo 5tet pour Brotherhood
Lors de la soirée, Stéphane Belmondo, venu sans les autres membres du quintet de l’album, nous fit la surprise de quelques jolies pièces avec son partenaire d’autres aventures jazzistiques récentes et plus anciennes, le guitariste Sylvain Luc (Prix Django Reinhardt 2010). Un moment plein d’émotions et de délicatesse. Stéphane souligna également sa fierté d’avoir déjà été récompensé par l’Académie du Jazz en obtenant un Prix Django Reinhardt.
Prix du Jazz Classique
Finalistes :
- Laurent Mignard Duke Orchestra pour « Duke Ladies – Vol.1» (Juste une Trace / Socadisc),
- Jérôme Etcheberry pour « Satchmocracy (Camille Production / Socadisc),
- Claude Tissendier pour « New Saxomania» (autoproduction)
Lauréat : Laurent Mignard Duke Orchestra pour « Duke Ladies – Vol.1 » (Juste une Trace / Socadisc).
Laurent Mignard Orchestra ©Gaby Sanchez p/Couleurs Jazz
Laurent Mignard le Directeur du Duke Orchestra, est alors monté sur scène pour recevoir son Prix. L’accompagnaient quelques musiciennes et musiciens. La chanteuse Natalie Dessay avec Philippe Milanta, piano(ancien Prix du Jazz classique également), firent un duo de toute beauté entre musique sacrée, lyrique et jazz. La barre étant placée très haut elle fut franchie par deux autres ladies qui « scotchèrent » l’assemblée par leur talent et leur énergie lors d’un magnifique blues: la clarinettiste Aurélie Tropez et l’harmoniciste Rachelle Plas, enthousiasmèrent totalement l’assemblée. Elles étaient également royalement accompagnées par la rythmique du Duke Orchestra de Laurent Mignard, lui-même à la trompette : Philippe Milanta au piano, Philippe Maniez à la batterie, Bruno Rousselet à la contrebasse. Aux saxophones : Philippe Chagne et Olivier Defays et au trombone : Michaël Ballue.
Plus tard dans la soirée, Philippe Chagne en trio remonta sur scène pour interpréter Self Portrait in Three Colors – un hommage à Bertrand Tavernier- et My Jelly Roll Soul, deux compositions de Charles Mingus dont on fête cette année le centenaire de la naissance.
Prix du Meilleur Livre de Jazz
Finalistes :
- Jean Slamowicz pour « Jazz Talk – Approche lexicologique, esthétique et culturelle du jazz » (Presses universitaires du Midi),
- Ludovic Florin pour «Chick Corea» (Éditions du Layeur),
- Frédéric Adrian pour «Nina Simone » (Le Mot et le Reste),
- Jean Buzelin pour « Sister Rosetta Tharpe, la femme qui inventa le rock’n’roll » (Éditions Ampelos)
Lauréat : Ludovic Florin pour « Chick Corea » (Éditions du Layeur)
Ludovic Florin, présent lors de cette soirée, put recevoir des mains du Président François Lacharme, son trophée pour son livre aux Éditions du Layeur et ajouter quelques mots sur Chick Corea décédé il y a tout juste un an.
Puis vint alors une surprise attendue et intrigante.
Qu’était d’abord cet instrument qui trônait depuis le début, à droite de la scène ? Un meuble en bois blond, plutôt carré… Le Cymbalum ! L’interprète Roumain, un virtuose, Marius Preda, qui avait passé de nombreuses heures à accorder son instrument lors des balances des différentes formations durant l’après midi, exécuta de virevoltantes variations de standards d’’Oscar Peterson et de Charles Mingus. En particulier Goodbye Pork Pie Hat. Une surprise qui conquit le public unanime.
Prix du Meilleur Inédit
(ou de la meilleure réédition privilégiant un travail éditorial exceptionnel)
Finalistes :
- Bill Evans pour “Behind The Dikes – The 1969 Netherlands Recordings “(Elemental Music / Distrijazz),
- Barney Wilen pour “La Note Bleue” (Elemental Music / Distrijazz),
- Roy Hargrove & Mulgrew Miller pour “In Harmony” (Resonance Records / Pias)
Lauréats : Roy Hargrove & Mulgrew Miller pour “In Harmony” (Resonance Records / Pias)
Prix Blues
Finalistes :
- Cedric Burnside pour “ I Be Trying” (Single Lock / Modulor),
- Oliver Wood pour “Always Smilin” (Thirty Tigers)
- Eddie 9V pour “Little Black Flies”(Ruf / Socadisc)
Lauréat : Cedric Burnside pour “ I Be Trying” (Single Lock / Modulor),
Prix Soul
Finalistes :
- Natalia M. King pour “Woman Mind Of My Own” (Dixiefrog),
- Robert Finley pour “Sharecropper’s Son” (Easy Eye Sound / Bertus),
- Allison Russell pour “Outside Child “ (Fantasy / Universal)
Lauréat : Robert Finley pour Sharecropper’s Son (Easy Eye Sound / Bertus)
Prix du Musicien Européen
Finalistes : Nils Petter Molvar, Andreas Schaerer, Matthieu Michel
Lauréat : Matthieu Michel
Par chance, le bugliste Matthieu Michel avait fait le déplacement depuis Fribourg. Il était en compagnie de son merveilleux compère, le pianiste Jean-Christophe Cholet. Ils jouèrent quelques morceaux très émouvants, ainsi qu’une reprise de La Javanaise, de Gainsbourg. Magnifique !
©photo Gaby Sanchez p/Couleurs Jazz
Prix du Jazz Vocal
Finalistes :
- Veronica Swift pour “This Bitter Earth” (Mack Avenue / Pias)
- Samara Joy pour “Samara Joy” (Whirlwind Recordings / Socadisc),
- Cecil L. Recchia pour “Play Blue” (Harpo /Inouïe Distribution)
Lauréate : Véronica Swift pour “This Bitter Earth “ (Mack Avenue / Pias)
Veronica Swift comme tous les lauréats Américains n’ayant pu être présents pour cette soirée, une vidéo de remerciements réalisée sur la scène du Blue Note de New York, suivie d’un morceau spécialement enregistré pour le public parisien, créa l’enthousiasme de la salle du Pan Piper. (voir la vidéo à l fin de cet article)
Grand Prix de l’Académie du Jazz
Finalistes :
- Snorre Kirk Quartet with Stephen Riley pour “Going Up” (Stunt / UVM),
- Dave Holland pour “Another Land” (Edition Records / UVM),
- Pharoah Sanders & The London Symphony Orchestra pour “Promises” (Luaka Bop),
- Martial Solal pour “Coming Yesterday – Live at Salle Gaveau 2019” (Challenge / DistrArt Musique)
Lauréat : Martial Solal pour “Coming Yesterday – Live at Salle Gaveau 2019” (Challenge / DistrArt Musique)
Il n ‘est pas si courant qu’un musicien de nationalité française remporte ce prix. Mais il faut dire que le dernier album du maestro Martial Solal, un live d’un concert d’anthologie, Salle Gaveau en janvier 2019 -“Coming Yesterday” le méritait amplement. Le musicien âgé aujourd’hui de 94 ans, déclina l’invitation d’assister à la soirée, mais rédigea une lettre alerte qui fut lue par le Maitre de Cérémonie, François Lacharme.
Prix Django Reinhardt
(musicien français de l’année)
Finalistes : Fabien Mary, Thomas de Pourquery, Sammy Thiébault
Lauréat : Thomas de Pourquery
Le Prix Django Reinhardt, décerné aux talents, français, ayant déjà une certaine expérience, un passé discographique et scénique, ainsi qu’un grand avenir devant eux est l’un des plus prestigieux décerné par cette vénérable académie. Sophie Alour, Baptiste Herbin, Hugo Lippi, Fred Nardin… furent les derniers lauréats.
Cette année donc, c’est le saxophoniste, chanteur et compositeur Thomas de Pourquery qui l’emporta, ainsi qu’un chèque de 3 000 euros remis par Mathilde Favre de la Fondation BNP Paribas, l’un des mécènes de l’Académie.
Thomas de Pourquery visiblement très ému par cette récompense et bien que l’homme soit déjà habitué aux honneurs, exprima comme d’autres musiciens ce soir là, comme tout le public évidemment, sa peine devant les événements insensés ayant lieu en ce moment sur le sol de l’Ukraine. Un vent de dignité et de solidarité, ainsi que la joie et le plaisir de nous retrouver ce soir là autour de notre passion commune du jazz souffla avec bienveillance tout le temps de ce gala particulièrement réussi.
©photo Gaby Sanchez p/Couleurs Jazz
Thomas de Pourquery est un passionné et un homme doux et puissant à la fois (lire le portrait que fit de lui Rémi Fière il y a quelques années dans ce media). En témoignent les musiques qu’il nous offrit encore ce soir là ; en solo d’abord, voix et saxophone, comme lorsqu’il demanda au pianiste Mario Canonge de le rejoindre pour une version du bien nommé Peace, d’Horace Silver. Bouleversant !
PS : Le prix du Jazz vocal ne devrait-il pas un jour lui revenir ? Nous votons pour, chez Couleurs Jazz.
Les interviews des différents lauréats présents, ainsi que les musiques de tous les Prix firent l’objet d’une émission exclusive, diffusée sur Couleurs Jazz Radio.
La soirée se termina par des agapes consistantes et servies par les volontaires de l’Académie du Jazz. Qu’ils en soient ici remerciés ! Et louanges partenaire de l’appellation Saint-Emilion qui fournit avec largesse ses meilleurs grands crus classés.
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