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Des sourires parcourent les visages éclairés par les lumières bleutées des projecteurs. Certains secouent la tête en rythme. D’autres ferment les yeux, s’immergent. Il y a bien une dimension physique dans la musique de Shai Maestro. Qu’on le souhaite ou non, elle nous saisit et nous transporte.

Elle nous transporte déjà de l’autre côté de la rue, aux Étoiles. Le concert, devant avoir lieu au New Morning, est délocalisé pour « problème technique ». Bon.

On est tout de même là pour écouter du jazz alors… improvisons ! L’expérience commencera donc avant même que les premières notes retentissent. Le pianiste se produit en quartet, accompagné du jeune et génial batteur Ofri Nehemya et du solide et fidèle contrebassiste Jorge Roeder, avec qui il a enregistré son dernier album Dream Thief (ECM). En invité également le trompettiste américain Philip Dizack.

À peine les présentations sont-elles faites, que les musiciens nous emportent avec eux dans leur musique. Le jeune Ofri Nehemya fascine par sa virtuosité, ses frappes sont chirurgicales et abondantes. Il entretient réellement une belle complicité avec Shai Maestro qui véhicule mille idées et sentiments dans ses thèmes, toujours sur le fil de la consonance. Les principes de mélodie et de lyrisme sont battus en brèche, l’émotion peut passer par des chemins tortueux de la dissonance. Le tout est soutenu par une basse puissante et technique. Difficile de ne pas apprécier. On croit trouver quelques repères de rythmes, de tonalité, de thèmes également (on a pu entendre une reprise des plus rythmées et énergiques de In Sentimental Mood… Mais aussitôt que l’on se pense en sécurité, nos certitudes sont taquinées par les idées du pianiste.

Que pouvait-on attendre de plus de celui qui accompagnait déjà Avishai Cohen à l’âge de 19 ans ? Est-ce surprenant de la part du pianiste qui a participé à l’enregistrement du désormais iconique Gently Disturbed (Razdaz) avec ce même contrebassiste ? Non, c’est vrai.

Israélien de naissance, Shai Maestro partage et propage une musique aux carrefours des civilisations. Des gammes aux influences arabisantes, des moments de transe exaltée à la grande complexité rythmique, des standards de jazz : chaque morceau raconte une histoire et le public y prend part. Le concert s’achève avec la salle chantant en chœur puis deux bis.

On n’est décidément pas déçus d’avoir accompagné Shai dans les étoiles.

Interprètes :

Shai Maestro, piano ;

Ofri Nehemya, batterie ;

Jorge Roeder, contrebasse.

 

©Photos Philippe Colliot

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