Certains artistes ont un style unique qui est facile à reconnaître, en plus d’être plaisant à écouter. Néanmoins, on ne peut pas tenir pour acquis que la musique de ces artistes est attrayante pour les masses.
Dans un meilleur monde, Musique Acoustique Machine, autrefois MAM, serait une exception. Depuis ses débuts, le duo virtuose, François Michaud (violon et alto) et Viviane Arnoux (accordéon, voix), a sorti une dizaine d’albums, chacun ayant un son reconnaissable. C’est un hybride de styles et le duo ne répète jamais la même formule. Néanmoins leurs albums peuvent tout de même être appréciés par des mélomanes, peu importe leurs goûts musicaux.
Michaud et Arnoux amènent un différent concept à chaque album. Par exemple, leur album Jazz in My Musette (2005) avait comme invite, l’accordéoniste François Parisi. Celui-ci conférait une saveur musette à leur son habituel, quoique il s’agissait tout de même d’un album très contemporain. Suite à cette collaboration, le duo part à la recherche d’une sonorité encore plus moderne, ou plutôt un peu plus éclectique et électrique.
Après quelques projets multidisciplinaires, dont un avec Fab Dupont (programmation sonore) et un autre avec le claviériste et beatboxer Norbert “Touski” Lucarian, Musique Acoustique Machine explore un genre de swing électro pop avec Touski. Pour leur nouvel album, Times Box, le duo a ajouté un troisième membre, le jeune human beatboxer Paul Vignes.
Times Box englobe des éléments de musique classique et de jazz en plus du hip-hop, world, et électro. Un élément qui a pris de l’importance au cours des années est les chants sans paroles de la part d’Arnoux. Tout comme les vocalises de Vignes elle chante de façon tout à fait géniale et nuancée. Elle évoque le style des Double Six, mais propulsés dans un contexte futuriste. Les techniques vocales de Vignes et Arnoux sont toujours bien intégrées aux arrangements raffinées.
La caractéristique principale de Musique Acoustique Machine est évidemment leur talent exceptionnel en tant que musiciens et compositeurs. Un aspect de leur musique qui n’est pas toujours apparent à une première écoute est le côté ludique de quelques-unes de leurs pièces. C’est souvent subtil, mais cela se manifeste parfois en véritable humour. Par exemple, vers la fin de Folk for Dubby, Paul Vignes improvise un genre de scat hilarant qui se termine en jodel.
Si les masses n’apprécient pas la musique extraordinaire de Times Box, une musique qui se laisse pourtant facilement apprivoiser, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas entendu leurs disques ou assisté à un de leurs spectacles. Ils ratent là une belle occasion.
©Photo Header Juliette Jourdain
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