La légende géorgienne raconte que lorsque Dieu distribua des terres aux peuples du monde, les Géorgiens étaient trop occupés à boire, manger et faire la fête…
… Lorsqu’ils arrivèrent enfin, il était trop tard, il ne restait plus aucune terre. Ils dirent à Dieu qu’ils buvaient à sa santé et l’invitèrent à se joindre à eux. Il passa un si bon moment qu’il décida finalement de leur donner cette terre qu’il s’était gardée pour lui.
La Géorgie revendique la place de premier pays au monde à avoir domestiqué la vigne sauvage et avoir élaboré du vin, six siècles avant notre ère. L’Unesco, en 2014, a reconnu ce patrimoine immatériel.
Les vins produits en Géorgie à l’époque auraient été exportés vers l’Empire Perse, la Grèce, le Moyen Orient. On y recense quelques 500 cépages indigènes dont une quinzaine sont toujours abondamment cultivés.
Ils ont pour noms : Krakhuna, Tsitska, Mtsvane, Rkatsiteli, Saperavi, Tavkveri, Ojalehi, Aladasturi… Ce dernier cépage poussant à l’origine, dans les arbres.
De plus et depuis peu, des méthodes de vinifications originales sont remises au goût du jour et développées par certains vignerons, dont la maison » Lipartiani » qui nous reçoit à « La Coupole », la célèbre brasserie du Boulevard du Montparnasse.
Les vins sont élaborés à la fois à partir des méthodes modernes utilisant les nouvelles technologies, et pour certains d’entre eux en respectant une méthode unique au monde et très ancienne, la vinification en Qvevris (d’énormes jarres d’argile, enterrées). Sans aucune adjonction de sulfites ou autres levures. Des vins bios naturellement.
©Photo Lobada Dmitryi
Les vins Lipartiani sont produits dans différentes régions viticoles de Géorgie : les rouges dans la région de Khakheti, à l’extrême Est du pays, bénéficient d’un climat très continental dans une large vallée aux sols d’alluvion et aux paysages rappelant le Chili, avec les montagnes aux sommets enneigés au fond ; les blancs dans la région d’Imereti constitué de petites vallées au climat océanique, au sol argilo-sableux.
À la dégustation se dégagent des caractères originaux, des saveurs inconnues, et une palette aromatique large.
Aux fourneaux de la Coupole, le chef d’origine Géorgienne, Vakhtang Meliava, nous sert une cuisine goûteuse, colorée et d’une très grande finesse.
Un trio d’entrées, déclinaison de tourteau et avocat façon cocktail, taboulé de quinoa aux herbes fraîches et haddock de chez JC- David, gaspacho de tomates et espuma de burrata que nous dégustons avec 3 vins blancs, un Rkatsiteli 2016 aux aromes floraux et épicés, présentant une belle acidité et beaucoup de fraîcheur, un Mtsavane 2016, aux notes muscatées élégantes, puis un Krakhuna 2015, Krakhuna siginifiant croquant en dialecte Imeretien, conférant à ce vin des aromes de pêche, avec une bonne persistance en bouche et une belle longueur.
Puis une libre interprétation du Khatchobili national, une épaule d’agneau confite aux herbes fraîches, gratin de pommes de terre et tomate cocktail : un délice fondant et aromatique.
Avec ce magnifique plat, nous sont servis deux vins rouges, le Separevi Classical 2013, cépage emblématique de la Géorgie, à la robe dense aux aromes de baies noires, de tabac et de chocolat. Les tanins sont veloutés. On les sent aptes au vieillissement. Puis le Saperavi premium 2012, encore plus profond avec une longueur en bouche supérieure.
Pour le dessert, on revient au classique incontournable de la Coupole, une alliance de chocolat et de framboise, unique !
L’alliance chocolat et vin étant toujours délicate, nous attendons avec interrogation ce qui nous sera proposé. Le Krakhuna Kveri blanc 2015 s’avère être une alliance étonnante, jamais vue… Et nous sommes convaincus. Autant ces vins élevés en Kveri sont si différents de ce que nous connaissons, qu’ils peuvent surprendre et laisser perplexes lors d’une première dégustation, autant associés à ce formidable dessert, ils révèlent alors leur potentiel. Suavité, fraicheur, très peu d’acidité, une légère astringence qui équilibre le gras du chocolat.
A essayer sans plus tarder.
Cette dégustation, la plus originale à laquelle il nous ait été donné de participer, s’achève sur les notes des voix polyphoniques Géorgiennes. Moment toujours émouvant.
Mais nous avions plutôt envie de vous faire connaître le jeune prodige du piano Beka Gochiashvili, invité à partager le piano avec Chick Corea lui-même. A la rythmique, Christian McBride and Brian Blade, sont pas mal non plus.
Regardez le sourire de Chick Corea devant les improvisations de Beka…
La Géorgie comporte décidément de multiples ressources, mais aussi du savoir faire et beaucoup de talents !
©Photos Couleurs Jazz
COMMENTAIRES RÉCENTS