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Si la célèbre Pinède Gould – qui abrite depuis 1960, d’abord le Festival de Jazz d’Antibes puis Jazz à Juan – a vu se succéder des artistes dont la musique était parfois très éloignée du jazz, l’un des temps forts de ce millésime 2019 a été la prestation de la chanteuse et pianiste Diana Krall.

D’entrée, elle annonce la couleur. Avec la reprise de All Or Nothing At All, suivie de L.O.V.E, elle nous plonge au cœur du fameux Great American Songbook qui a donné la plupart des grands standards de jazz.

Et à l’exception d’une nouvelle mouture d’un thème peu connu de Bob Dylan, l’essentiel de son répertoire sera consacré à cette musique intemporelle, nullement faite pour le jazz à ses origines.

Dans cette tâche où elle excelle depuis ses débuts, voici plusieurs décennies, dans un style propre alors à Nat « King » Cole, elle est surtout aidée par un somptueux saxophoniste-ténor, Joe Lovano.

Comment en effet sublimer ces mélodies qui font partie du patrimoine immatériel sans le son de velours, mélodieux et velouté, d’une délicieuse rondeur et profondeur de ce maître es-saxophone.

Et quand Mister Joe se lance dans des improvisations d’une rare élégance et d’un feeling empreint de lyrisme, Mademoiselle Krall (pardon : Madame Elvis Costello !!!) se transforme en une simple accompagnatrice. Par son soutien et par sa modestie personnelle, elle permet à cet instrumentiste hors normes, dont la sonorité rappelle parfois celle de Stan Getz, d’assumer de magnifiques et généreux choruses.

Quant à la pianiste et chanteuse, de plus en plus elle s’exprime presque à bout de souffle, d’une voix voilée par une réelle sensualité et procède à de très nombreux échanges d’amabilité, de politesse et d’idées créatrices avec son compère saxophoniste.

Mais rien de tout cela ne serait possible sans les deux autres compères du 4tet – Robert Hurst (contrebasse) et Karriem Wiggins (batterie) – qui complètent parfaitement l’ensemble par leur cohérence et leur inventivité.

Deux autres formations étaient programmées en ouverture de Diana Krall.

Si l’on fait abstraction de la prestation particulièrement vulgaire de la Batave Candy Dulfer(saxe-alto) qui nous a gratifié d’une sauce hollandaise parfaitement indigeste – il paraît qu’elle a joué avec Prince et l’on se demande ce qu’il a bien pu trouver à cette instrumentiste au style limité et criard ! – l’agréable surprise est venue d’Eli Degibri.

Découvert dans ses jeunes années par Herbie Hancock, le saxophoniste (ténor & soprano) né en Israël mais installé à New York, s’est attelé depuis peu à un nouveau répertoire original.

Ce ténor à la sonorité « classique » (mêlant à la fois Sonny Rollins et Hank Mobley), a mis récemment au point cette nouvelle écriture personnelle inspirée par son apprentissage du piano et de la musique classique, notamment J.S. Bach.

Une source d’inspiration qui lui offre la possibilité de marier, dans des thèmes de sa composition, des accents de la musique dite « savante » aux rythmes et aux phrasés plus jazzy.

Cette combinaison « bacho-jazzique » s’avère payante grâce à l’imagination instrumentale éclairée du leader, excellemment accompagné de son trio composé de Tom Oren (piano), Tamir Shmerling (contrebasse) et Eviatar Slivnik (batterie). A quand un disque ?

 

©Photos Gilles Lefranc pour Jazz à Juan.

 

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