Guillaume de Chassy – Trénet en Passant

Tout le monde sait que le « fou chantant » vécut une longue histoire d’amour avec le jazz et particulièrement le swing.

Rien d’étonnant, donc, à ce que trois musiciens de jazz décident de reprendre son répertoire en le faisant swinguer et en l’émaillant de solos. Et quelle bonne idée de la part de Guillaume de Chassy, maître d’œuvre de ce projet, que d’inviter à le rejoindre André Minvielle — un autre fou chantant originaire du Sud de la France, comme Trénet — et la saxophoniste Géraldine Laurent dont le timbre fruité et le phrasé tantôt fluide, tantôt capricant sonnent comme une troisième voix dans ce projet hautement cantabile.

Car De Chassy — dont le piano a une sonorité éminemment vocale — garde tout le long du disque une retenue parfaitement cohérente : quasiment pas de solos, mais un accompagnement d’une beauté harmonique, rythmique et mélodique renversante grâce à un jeu d’une subtilité impressionnante.

On sait que le pianiste possède à l’origine une formation classique. Si elle transparaît ici, c’est toujours sous son meilleur jour : un toucher cristallin ici, plus robuste là, et toujours d’une finesse remarquable.

Minvielle habite les airs de Trénet avec un chant tendre ou puissant, un phrasé qui respecte parfaitement les paroles et, par endroits, un scat torride du meilleur effet.

Quant à Géraldine, elle semble née pour interpréter ces chansons et poser sur leur trame harmonique, des solos d’une resplendissante inventivité et d’un lyrisme épatant. Au total, ces trois-là font revivre les chansons de Trénet de fort belle façon et dans une optique esthétique totalement convaincante.

Au point qu’on se demande pourquoi si peu de jazzmen/women français ont eu l’idée de puiser dans ce creuset mélodique incomparable où l’humour, l’amour de la langue française et l’art du chant vibrent ensemble pour l’éternité.