Skip to main content
Hit Couleurs JAZZ

Surtout demandez à la caravane de s’arrêter, muselez les chiens, baissez le feu sous vos niglos et paraffinez-vous le bout des doigts : le Gismo Graf Trio débarque. Ça gratte, ça pique et les battements de pied deviennent incontrôlables.

Comme le titre l’indique, il s’agit du dixième anniversaire de cette formation. Il s’agit du 5e album de ce trio qui se produit principalement en Allemagne. Gismo, jeune prodige de la guitare manouche, juste 25 ans, tisse la corde en famille, puisque son père est à la pompe et sa sœur au chant. Le leader exprime dans une verve toute Reinhardtienne un jazz manouche extrêmement précis et volubile.

Certes, le style nous habitue aux virtuosités guitaristiques, aux déhanchements de poignets et à l’extrême rapidité du jeu de doigts, mais cet enregistrement amène en plus une touche de nouveauté dans le traitement sonore qui va parfois s’établir sur des contrées voisines. Le placement d’ensemble est impeccable et la route déjà tracée par ce trio presque quartet très familial y est sans doute pour quelque chose. La rythmique et la basse, très en phase, assoient parfaitement le jeu tout en brillance du leader.

Traitement résolument moderne d’un « Liberian Girl » dans un mode fusion-manouche qui n’écorche aucunement la tradition, et revisite du standard « My funny Valentine » dans une version chantée d’une voix très aérienne et épurée par la sœurette, puis incursion dans le répertoire de Chopin traitée à la façon vitesse de la lumière où pas une note n’est omise, pour enfin aller swinger sur « A Foggy Day in London Town », démontrent les qualités de jeu de Gismo Graf, à l’aise dans toutes les combinaisons rythmiques et qui confirme la qualité du jazz manouche d’outre-Rhin. Avec ses variations, le disque s’écoute sans avoir l’impression de rester cantonné à un seul style dont la dominante viendrait à assombrir la surprise. Chaque morceau est un détour et en même temps une belle citation originale.
Il nous prend subitement l’envie de valser à l’écoute de « Stockholm Weekend Waltz », derrière laquelle en fermant les yeux on imagine un Gus Viseur qui n’aurait pas dédaigné y apporter sa touche de nacre.

Musique colorée et pétillante à l’image de la signature du jazz manouche, on se prend à rêver de quelques rencontres avec nos spécialistes hexagonaux.

 

Personnel :

Gismo Graf – guitare
Joschi Graf – guitare rythmique
Joel Locher – contrebasse
Cheyenne Graf – chant

Distribué par Edition Collage – Avril 2020

Laisser un commentaire