

Maxime Sanchez, je le connais surtout au sein du quartet Flash Pig où il retrouve son frère Adrien et Florent Nisse, le bassiste du présent trio.
Et s’attaquer au trio piano/basse/batterie sur un répertoire de standards il faut l’oser tant la « concurrence » est importante et tant le corpus, depuis les années, 50 est copieux.
Et Maxime a osé car il en a les moyens. Tout d’abord parce qu’il s’est nourri du travail de ses prédécesseurs, d’Hank Jones à Brad Mehldau en passant par Oscar Peterson, Bill Evans ou Kenny Barron.
En partant de cet héritage, il a peaufiné un jeu de piano qui baigne dans la tradition tout en affichant une personnalité propre et une esthétique où sa sensibilité s’exprime sans tape à l’œil et avec une sincérité et un lyrisme qui convainquent sans peine et nous signalent que l’on a là affaire à un styliste de premier ordre.
Comment en effet ne pas être sensible à un toucher lumineux et à un phrasé qui dilate ou concentre le tempo de façon imprévisible, sollicitant en permanence une écoute attentive qui va de surprise en surprise. Mais si le piano — qui joue seul « Solitude » de Duke Ellington en final de ce concert — est ici à l’honneur, c’est en fait le trio dans son ensemble qui ravit nos oreilles.
Le soutien de la basse (Florent Nisse) et de la batterie (Guilhem Flouzat) est en effet constamment tonique, subtil, et il épouse les tours et détours harmoniques et mélodiques du leader. L
e répertoire, composé de thèmes qu’on a entendus mille fois sous d’autres doigts, est par ailleurs traité de façon si personnelle qu’on classe immédiatement les versions de ce trio dans le peloton de tête des interprétations les plus mémorables.
Bien qu’il soit composé de musiciens encore jeunes, on peut qualifier ce trio de « classique » car il ne lorgne pas vers les formules qui ont (par exemple) cherché à prolonger la veine du trio suédois EST, dont l’esthétique a séduit nombre de pianiste contemporains.
Maxime Sanchez s’inscrit donc dans une lignée « historique » intemporelle qui se soucie peu des modes.
Il est heureux que des musiciens, français ou européens, montrent ainsi qu’ils sont capables de se placer à côté — et non derrière — les grands noms du piano jazz et du trio.
Il est peu probable que les amateurs et amoureux du beau piano restent insensibles au trio de Maxime Sanchez et ne cherchent pas à faire découvrir à leur entourage une aussi belle réussite que ce « Standards » bien nommé et magnifiquement interprété.
Musiciens :
Maxime Sanchez : piano
Florent Nisse : contrebasse
Guilhem Flouzat : batterie
Standards est sorti sous le label Scala Music le 6 décembre 2024.
C’est un Hit Couleurs Jazz et il fut Best of the Month (voir) sur Couleurs Jazz Radio, pour décembre 2024.
Photo Header ©Adrien Sanchez
COMMENTAIRES RÉCENTS