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Dans le cadre du réseau Jazz France-Balkan, après le festival J.A.M de Podgorica au Monténégro, et un voyage en voiture qui nous permit de traverser l’Albanie pour rejoindre la Macédoine du Nord (voir la photo-header de cet article), nous voici dans la jolie ville de Bitola, (Monastiri en Grec, puiqu’elle se trouve à 15 kms seulement de la frontière et compte ou compta nombre de monastères).

Bitola est un important centre culturel et universitaire, situé dans la plaine de Pélagonie sur la Via Egnatia, voie Romaine qui traversait d’Ouest en Est tous les Balkans en passant par  Bitola, Thessalonique entre autres et aboutissait à Constantinople. Une Route qui reliait la mer Égée au sud de la mer Adriatique et à l’Europe centrale.

De par sa situation géographique stratégique, elle accueillit de tous temps, de nombreux consulats étrangers.

A notre tour nous fumes donc formidablement accueillis par Monsieur le Maire de Bitola et ses équipes, très investis dans le festival de jazz, le « JAZZ FACTORY FESTIVAL » dont la direction artistique est assurée par le guitariste-compositeur, Saso Popovski, que nous avions d’ailleurs pu écouter sur scène, lors du dernier Nisville Jazz Festival.

Notre première soirée à Bitola s’annonçait donc sous les meilleurs auspices. C’est dans le Grand Théâtre que se déroulerait la soirée, au Ni National Theatre de Bitola.

En première partie :

Baba Sissoko trio.

Baba Sissoko, batteur, percussionniste du Mali, spécialiste des percussions, en particulier le Ngoni et le Tama, le tambour qui parle.

Il se produisait en trio avec Toni Kitanovski, guitariste natif de Skopje et Vasil Hadzimanov, pianiste Serbe rompu à la combinaison des rythmes traditionnels et folkloriques des Balkans avec les styles musicaux occidentaux , en particulier le jazz et le funk, mais également les musiques du monde et de l’Afrique en particulier.

Nous sommes donc là à notre aise, au milieu des couleurs Jazz que nous ne cessons de défendre.

Ce concert d’un soir avec l’incroyable Baba Sissoko et ses deux complices donnait l’impression que les trois hommes se comprenaient depuis toujours et parlaient le langage commun du jazz.

On associe le nom de Baba Sissoko  à ceux de musiciens les plus divers, sur des productions de musique world comme celles de Youssou Ndour ou de Salif Keita mais aussi chez des artistes de rock  comme Sting ou Ry Cooder. Dans le jazz il s’intègre toujours avec une très grande ouverture d’esprit, ajoutant ses rythmes ancestraux sur des compositions complexes auxquelles il donne des couleurs africaines. Du Art Ensemble of Chicago, à Dee Dee Bridgewater en passant par le projet Al Majmaa de Laurent Blondiau, on ne compte plus ses multiples contributions. Aujourd’hui, Baba Sissoko compose sa propre musique et conduit différents projets dont il est le leader. 

 Ce jazz proche de la world musique eut tôt fait de rapidement conquérir l’auditoire qui sortit ravi.

Le In Theatre affichait d’ailleurs complet !

Entracte.

Pendant l’entracte les spectateurs eurent l’opportunité de déguster les vins locaux de la Stobi Winery, avec en rouge un assemblage de Vranec, de Pinot noir et de Cabernet  Franc.

Des vins bien faits, typiques, à la robe pourpre, au nez riches en tannin, aux notes fruitées. Ils vieillissent très bien et développent après 2-3 ans des arômes de cannelle, de chocolat, de réglisse et parfois de chêne. Le goût reste rond et subtil mais perd sa sécheresse de départ

En blancs, le cépage local Smederevka donne des vins blancs souvent mélangés à du riesling. Les vins sont bus jeunes. Secs, ils ont des arômes de pomme et de poire. Ils sont souvent servis avec de l’eau gazeuse en été, de façon a en faire un rafraîchissement. La smederevka sert aussi à produire de l’eau-de-vie, le rakija. Il est d’usage d’en offrir à l’apéritif. На здравје ! (Na Zdereaveyé)

Deuxième partie :

Connection 3 de Slaven Ljujic feat. Baptiste Herbin

Le jazz proposé par ce trio augmenté tenait là sa 3ème représentation en 3 jours et les trois seules jusqu’alors et avant qu’ils ne se retrouvassent au Couleurs Jazz Club de Musicora, quelques 5 semaines plus tard.

Pour les avoir écoutés lors de la première à Podgorica, deux jours avant, la symbiose parfaite me sauta directement aux oreilles et aux yeux. Dire qu’il n’aura fallu que deux concerts et trois répétitions créatives autant que récréatives, pour que la mayonnaise  prenne parfaitement et que les spectateurs présents à Bitola ce soir-là, croient que le groupe emplit les salles de concerts et les clubs de jazz depuis des années déjà. Gageons qu’il en sera bientôt ainsi. Il faudrait d’ailleurs faire un disque pour sceller toute cette belle musique originale. Une suggestion.

Slaven Ljujic, le leader de cette formation, nageait encore davantage dans le bonheur de retrouver ses comparses. Il imprimait dès les premiers morceaux un groove exemplaire plein de nuances subtiles. Ivan Marovic à la guitare, plongé dans son monde extraordinaire, multipliait les rifs ingénieux, tandis que Tin Dzaferovic dansait littéralement autour de sa contrebasse. Beaucoup de musicalité ressortait des différents morceaux.

Enfin, Baptiste Herbin, l’invité, parfaitement à son art et en parfaite symbiose avec le public et ses camarades de jeu, produit une série de chorus d’une virtuosité et d’une intensité inouïe.

Tout le public avait le sentiment d’assister à un « grand concert de jazz », un moment rare, un temps suspendu.

Pour conclure la soirée, Slaven Ljujic eut l’excellente idée d’aller chercher Baba Sissoko et son trio, resté derrière le rideau, pour finir en une jam effrénée avec les deux bands de la soirée, réunis sur la scène du Ni National Theatre.

That’s jazz !

La magie de certains concerts de jazz, comme nous en vivons parfois, comme nous en rêvons toujours. Merci messieurs.

La Troisième mi-temps de la soirée se joua dans un lieu incroyable : le Porta Jazz

Un club de Jazz dans une ancienne demeure Bourgeoise,  typique de l’architecture de la Macédoine avec une mezzanine dominant la scène. D’excellents musiciens formaient un 4tet auquel se mêlèrent nos héros de la soirée, en particulier Slaven Ljujic et Baptiste Herbin. Une ambiance terrible, un public jeune qui vient là faire la fête une bonne partie de la nuit.

Je ne crois pas me rappeler avoir vu un club de jazz de cette qualité, avec une telle ambiance, même dans les plus grandes capitales européennes. Décidément il faut aller à Bitola, en Macédoine du Nord pour vivre ça !

Jour 2 à Bitola14 avril 2023.

Une belle journée commencée sous la pluie pour découvrir davantage la jolie ville de Bitola, et les ruines romaines d’Heraclea, avec parmi les plus belles mosaïques au monde, un théâtre romain bien conservé, puis de goûter la gastronomie locale (la fameuse Salade de Macédoine entre autres, et ses fameuses grillades…) accompagnées de quels bons crus.

Les festivals de jazz ont cette caractéristique : ils ne sont pas délocalisables. Ils sont ancrés dans le patrimoine des régions qui les accueillent. Ils sont une occasion de pratiquer le tourisme culturel. Ils sont une manière de mettre en avant les diverses richesses d’une ville, d’une région. De découvrir ses sites, sa cuisine, sa culture en général.

Comme à Nissville, à Tirana, à Podgorica, Dijon ou Chambéry, c’est une merveilleuse occasion de voyager dans tous les sens du terme. Chaque festival de jazz est ainsi unique. C’est aussi la raison pour laquelle, il faut absolument faire monter sur scène, des artistes locaux et créer des rencontres musicales inter-culturelles.

Le soir, retour au Ni Theatre de Bitola.

Milan Petrovic 4tet

Voilà un Jazz funk de très bon goût. Le côté rock reste discret, et le jazz peut l’emporter avec ses harmonies et son groove emmené par la basse de Philip Kelevic.

Le jeu de piano de Milan Petrovic  est très délié et plein d’une jolie force.

L’auditoire a pu apprécier également les excellents chorus de Lehel Nagy au saxophone.

Dimitrije Mojsijević était à la batterie et Filip Keljević à la basse.

Ujn répertoire avec des pièces très funky qui remporte l’adhésion d’un public assez jeune et venu ce vendredi soir, en grand nombre. Des pièces tirées du dernier album du 4tet, « Emotions » ainsi que des morceaux traditionnels des Balkans, et de belles reprises de Metallica come « Enter Sandman »ou des Doors comme « Riders on the Storm »

Excellente soirée encore au Ni Theatre de Bitola !

Liquid Carpet (Slovénie)

Ce groupe de fusion jazz-rock était constitué de

Jure Praper : guitar

Matic Cresnik : batterie

David Novak : basse

Mathias Mlakar : saxophone

Cette esthétique très rock imprimée surtout par la guitare de Jure Praper et la basse de David Novak a énormément plu au public réuni ce vendredi soir des Pâques Orthodoxes.

Ah ! l’énergie du Rock 😊

Pour finir cette superbe soirée, nous sommes allés tenter de fêter notre départ au Pub Bourbon Street. Autre lieu de rassemblement et de joie pour ceux qui aiment la musique et les pubs.

Se produisaient un DJ en duo avec un saxophone. Superbe ambiance. Les clients ripaillaient, profitaient de la fête et du W.E de Pâques qui démarrait alors.Victime de son grand succès, arrivés tardivement il était impossible de s’asseoir ; nous ne sommes donc resté que le temps d’un verre pour trouver un lieu plus propice au dîner et aux échanges.

Un résumé, le Jazz Factory Festival est un magnifique Festival de jazz loin des chemins habituels et qui vaut donc le détour.

Couleurs Jazz recommande vivement aux amateurs de jazz, de découvertes et de dépaysement.

©Photos Jacques Pauper pour Couleurs Jazz

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