Skip to main content

Festival incontournable de la scène Jazz, Jazz à Sète se déroulera cette année du 15 au 21 juillet dans l’écrin somptueux du Théâtre de la Mer mais aussi « Hors les murs » à l’Abbaye de Valmagne, au Dancing , à la médiathèque François Mitterrand et au Oh Gobie.

Y sont attendus dans le IN, Marcus Miller, Richard Bonna Quintet, Christian Sands, Avishai Cohen Trio, China Moses, John Scofield, Madeleine Peyroux, El comité, Louis Matute, Electro Deluxe. Et « Hors les murs » Jî Drû, Reflet Quartet, DjagDja Trio, Wet enought !?, Highway, Full Tags et Collectif Orchestré.

Le Festival s’ouvrira avec une soirée hommage au guitariste Sylvain Luc, habitué du festival, qui nous a quitté le 14 mars de l’année dernière.

Le guitariste Louis Martinez est depuis 40 ans le chef d’orchestre de ce festival. L’histoire est longue mais revenons avec lui sur quelques anecdotes qui ont émaillé le succès et l’aventure musicale de ce rendez-vous de tous les passionnés de jazz à travers le monde.

CJ : Nous sommes à la trentième année de Jazz à Sète, vous souvenez- vous de la première motivation qui vous a fait créer ce festival ?

Louis Martinez :  En fait, le festival, je l’ai fondé en 1985 alors que je travaillais pour la municipalité de Sète. Ça fait 40 ans. C’était du temps d’Yves Marchand à qui je l’avais proposé un petit peu avant qu’il ne soit élu maire. J’avais dîné avec lui à l’occasion d’un hommage à Brassens and Jazz dans lequel je participais parce que je suis avant tout musicien et guitariste. Je lui avais dit, c’est quand même dommage qu’il n’y ait pas de festival au théâtre de la mer parce que moi j’allais souvent dans les années 70 y voir des concerts. Je lui ai dit que c’était un lieu magique et ça n’a pas changé depuis d’ailleurs. Et il m’avait dit : « Écoutez, si je suis élu, venez me voir ». Et c’est ce que j’ai fait. Et c’est comme ça que tout en travaillant pour la ville de Sète j’ai débuté Jazz à Sète en tant que directeur artistique, mais bénévole, pendant ces années-là. Et on a très vite eu des artistes comme Ray Charles, Didi Bridgewater, Paco de Lucia, Michael Brecker

CJ : Mais on fête cette année le trentième anniversaire ?

Louis Martinez : Le festival a été arrêté sans de véritables raisons en 91 alors que j’avais fait la programmation. Puis il a véritablement repris en 1995 avec la nouvelle municipalité qui m’a permis de reprendre le flambeau avec une équipe indépendante de la ville et une petite subvention. Ça paraît paradoxal, avec des petits moyens j’ai décidé de faire venir des artistes très connus. C’était une bonne stratégie et qui est toujours d’actualité, puisque les soirées qui marchent le mieux sont les soirées qu’on vend les plus chères. C’est comme ça qu’au fil des années, le festival a acquis une notoriété qui, j’avoue, me dépasse. C’est vrai qu’on a largement dépassé les frontières au niveau de la notoriété.

CJ : En 30 ans, quelle est pour vous la plus belle édition ?

Louis Martinez : Je me souviens par exemple du concert du duo Eddy Louiss et Richard Galliano. Eddy était devenu un ami parce qu’il est venu plusieurs fois et on avait des points communs. Il commençait à avoir des problèmes de santé. Et c’était d’une beauté, ce duo, je me souviens, ses yeux qui regardaient le ciel, j’ai aperçu quelques larmes qui coulaient. C’était tellement beau. Mais voilà, il y en a eu des moments comme ça, magiques. Comme la première fois que Melody Gardot est venue, c’était splendide. Chick Corea, la dernière fois qu’il est venu, on entendait les mouches voler. Brad Mehldau, le dernier concert qu’il a fait, on avait fini la soirée avec son batteur. Il m’avait dit : « Je crois que depuis que le trio existe c’est le plus beau concert qu’on ait fait » et c’est vrai que c’était complètement magique. C’est pour ces raisons là que je continue avec passion de programmer ce festival.

CJ : Quel a été l’artiste le plus difficile à faire venir ?

Louis Martinez : Sans doute Diana Krall. C’est une chanteuse que j’aime beaucoup que je suis depuis ses débuts. Elle est moins inventive que Mélodie Gardot (qui a annulé son concert cette année pour cause de grossesse – ndlr) mais c’est quand même quelqu’un qui a un truc. Elle était hors de prix. Une année, alors que je montais à Paris voir Gérard Drouot avec mon épouse, qui a disparu malheureusement il y a presque six ans maintenant, elle dit à Gérard : « Écoute Gérard, Louis aime beaucoup Diana Krall, est-ce qu’on pourrait pas faire une coprod avec toi pour cette artiste parce qu’elle est beaucoup trop chère pour nous ? ». C’est ce qu’on a fait ! On a fait toute la communication pour que les places ne soient pas trop chères parce que c’est vrai qu’avec la jauge qu’on a et le cachet qu’il demandait pour cette artiste, il aurait fallu faire payer les places plus de 150 euros. Je crois qu’on était à 84 euros et on a été plein quatre mois à l’avance.

CJ : La programmation de cette année débute avec un hommage à Sylvain Luc, à votre ami qui nous a quitté en mars de l’année dernière. Qui a fait le line-up de ce moment ?

Louis Martinez : Avec Sylvain on a vécu des tas de trucs ensemble donc je savais quels musiciens il aimait. J’ai appelé son ancien agent Alexandre Lacombe avec qui il a travaillé pendant plus de 20 ans et on s’est mis d’accord. Évidemment on ne pouvait pas prendre tout le monde. Par exemple dans les guitaristes il nous a paru quand même judicieux de prendre Louis Winsberg puisqu’ils ont fait un album qui est magnifique. Puis Biréli Lagrène avec qui il a beaucoup tourné et enregistré. Sylvain aimait beaucoup Thomas Dutronc qui sera également présent. Puis il y aura évidemment son épouse Marilyse Florid, qui est une guitariste classique émérite, qui fera certainement un morceau mais on ne sait pas encore avec qui. Les groupes ne sont pas formés. Il y aura aussi André Ceccarelli, Olivier KerOurio, Stéphane Belmondo, Lionel Suarez, Thierry Elliez, Paul Lay, Rémi Vignolo et le frère de Sylvain, Gérard Luc. Et puis j’ai eu l’idée de demander à Lionel Eskenazi, comme il est là toute la semaine, de mettre un guéridon en bord de scène, avec un spot, et puis, pendant les changements de plateau, de demander aux artistes qui viennent de jouer, de leur demander une petite anecdote. Enfin, ça va être une belle soirée, quoi. C’est une soirée qui promet et qui va être pleine d’émotions aussi.

CJ : Quel est l’artiste que vous rêvez d’inviter et que vous n’avez toujours pas eu ?

Louis Martinez : Alors un artiste que je rêvais d’inviter il ne se produit plus malheureusement parce qu’il est paralysé d’une main maintenant mais on m’avait déconseillé de le prendre, c’est Keith Jarrett. C’est un pianiste que j’adore. C’est un génie. Je regrette aussi de ne pas avoir pu faire venir Ahmad Jamal. J’avais essayé plusieurs fois, ça n’a pas pu se faire. Au départ pour une histoire de tarifs, puis après pour une histoire de disponibilité. Enfin, il y a eu quelques artistes comme ça que j’ai eu du mal à avoir.

CJ :  Chez Couleurs Jazz on est sensible aux couleurs.  Si on devait donner une couleur à cette édition.

Louis Martinez : Je dirais le vert de l’espérance pour que le festival puisse continuer encore plein d’années en réalisant mon rêve de ne m’occuper que de la partie artistique en laissant l’organisation et la production à d’autres.

Photographies Alain Resplandin et kit presse Jazz à Sète

Laisser un commentaire

Close Menu