Couleurs Jazz a demandé à Hermon Mehari ce jeune virtuose de la trompette, qui nous vient de Kansas City et qui s’établit de plus en plus à Paris, de nous raconter « Bleu » son 1er album que nous avons volontiers sélectionné.
Ce qui frappe dès la première écoute est la maîtrise de ce talent émergent pour produire un jazz moderne tout en étant ancré dans les traditions américaines de la West Coast. Ses pairs ne s’y sont pas non plus trompés, puisqu’il a pu réunir un plateau prestigieux avec entre autres Aaron Parks au piano… Gageons que l’on n’a pas fini de parler d’Hermon Mehari
Couleurs Jazz – Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet «Bleu» Pourquoi ?
Hermon Mehari – J’ai enregistré le projet « Bleu » parce que je sentais qu’il était temps de me positionner en tant que leader. Cet album reflète ma conception personnelle dans ce qui me touche musicalement – par mes choix personnels, le choix des compositions et comment je joue dessus. Au niveau personnel, j’ai eu toutes ces réflexions et ces idées et je me suis rendu compte que la meilleure façon de les transmettre était de les exprimer enfin et de créer sous mon nom propre.
CJZ – Qu’attendez-vous de ce projet? Qu’est-ce qui vous touche?
HM – « Bleu » permet au public de me voir de la manière dont je souhaite apparaître. Bien qu’il s’agisse d’un album de jazz, vous constaterez qu’aucun des morceaux ne se ressemble ou ne propose une esthétique identique. Dans le même temps, je sens qu’avec le groupe que j’ai sélectionné, il y a un courant qui se crée tout au long de l’album qui fait que les compositions donnent un ensemble cohérent. Du point de vue de ma carrière, mes projets précédents ont été consacrés à un groupe que j’ai co-dirigé appelé Diverse, donc avoir mon propre projet sous mon nom était pour moi très important.
CJZ – Que pensez-vous du jazz moderne ? A propos de la musique en général ? A propos de sa diffusion ?
HM – À ce stade, je crois que le jazz moderne est un genre très large. Vous pouvez écouter un artiste et le suivant, et le son produit n’aura rien de semblable. Quelqu’un comme Lionel Loueke semble complètement différent de Robert Glasper, qui à son tour ne ressemble pas à Ambrose Akinmusire. En même temps, je crois qu’il y a encore certaines associations régionales qui peuvent être faites. Les artistes du Midwest ont un certain «corps» ou «cœur» dans leur musique que j’apprécie vraiment – et je crois que cela remonte jusqu’à cette esthétique propre à Charlie Parker. Ou Freddie Hubbard. Ou Coleman Hawkins. Vous pouvez l’entendre dans les projets récents d’artistes comme Logan Richardson, Peter Schlamb et Matt Villinger.
CJZ – Que pouvez-vous dire à propos de vos musiciens ? Quel Line up !
HM – Le line Up dans « Bleu » est pour moi une véritable « Dream team » ! J’ai eu la chance de pouvoir choisir tous mes interprètes préférés. Ce qui est très important pour moi sur une base individuelle pour ces musiciens, c’est qu’ils jouent tous très mélodiquement. Sachant qu’un disque de jazz s’appuie surtout sur les solos, j’ai senti qu’il était important que tout le monde ait une forte présence mélodique. De plus, au niveau du groupe, je savais que ces musiciens pouvaient produire un son qui correspondrait à mon esthétique. J’avais besoin qu’ils soient imprégnés de la tradition, qu’ils s’impliquent, et qu’ils soient en mesure d’interpréter différents styles de musique tout en étant ouverts à tenter différentes choses en studio. Ryan J. Lee et Peter Schlamb sont des partenaires de longue date, et commencent à prendre le monde de la musique comme un taureau par les cornes. Ce sont des points d’ancrages importants pour moi avec ce groupe. Logan Richardson a été une grande inspiration pour moi – dans la façon dont il innove avec son concept d’improvisation et de composition. Rick Rosato est l’un des meilleurs bassistes que je connaisse, et je savais qu’il sonnerait génial avec Ryan. Last but not least, avoir Aaron Parks a vraiment apporté beaucoup au groupe. Son oreille et son intuition ont vraiment porté les séances d’enregistrements à un tout autre niveau.
CJZ – Votre vie partagée entre Paris, Les Etats-Unis et ailleurs encore ?
HM – Je voyage entre Paris et Kansas City comme bases musicales. Paris m’a donné l’occasion de me construire sur la grande scène qui existe déjà ici. Il ya une grande contingence d’expats américains ici – des types comme Joe Sanders, Logan Richardson et Jeff Ballard par exemple. Dans le même temps, il y a toute une grande scène de musiciens français et de musiciens de toutes les origines et ainsi le potentiel pour que les choses se produisent ici. C’est passionnant … ! Le jazz parisien a une longue histoire ! Tout comme Kansas City. Vous pouvez entendre de la bonne musique toutes les nuits de la semaine, et cette musique est ainsi soutenue. C’est l’une des grandes villes qui a développé cette musique, avec la Nouvelle-Orléans, Chicago et New York. Je pense que vous pouvez voir cela dans la force de ces communautés de musiciens.
CJZ – Et Par la suite, des nouvelles, Quels projets ?
HM – À partir de maintenant, je travaille sur des dates de concerts à venir et des tournées pour « Bleu » à la fois avec le groupe au complet et parfois dans des versions plus réduites. Comme beaucoup d’artistes, je conceptualise déjà mon prochain projet. De manière subtile, « Bleu » laisse entrevoir la direction que je vais prendre à l’avenir.
Line up :
Aaron Parks, piano
Logan Richardson, saxophone alto
Peter Schlamb, vibraphone
Ryan J Lee, batterie
Rick Rosato, contrebasse
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