

François Poitou retrouve ses potes pour son nouvel album « Old Folks » au Sunset Sunside lE 10 juin 2025;
« On a lâché les tripes du Jazz dans l’étendue de la plage
Contre les murs de la terre et le dôme du ciel. »
Ces premiers vers du poète portugais Armando Da Silva Carvalho[i] me viennent à l’esprit à l’écoute du nouvel opus du contrebassiste François Poitou tant il semble nous inviter à un voyage dans la nature où les notes cristallines d’un quatuor à cordes soutiennent les ricochets poétiques d’une clarinette basse. François nous avait déjà conviés à ses plongées d’inspiration sous-marine lors de son précédent album, Le Sec et la Lune[ii], avec ce même groupe. Mais d’où venait son inspiration cette fois-ci alors que s’invitait à mes oreilles un syncrétisme entre Max Richter, Eric Longworth et Mette Henriette ?
Pour en avoir le cœur net rendez-vous est pris au Naguère pour parler de Old Folks. Pas de hasard.
CJ : Pourquoi Old Folks ?
François Poitou : En fait, il y a plusieurs raisons à ce titre. Déjà c’est un standard de Jazz[iii]. Puis, après l’album avec Pumpkin[iv], j’avais envie de retrouver mes potes, my folks, pour une nouvelle aventure. Par ailleurs, en participant à un album hommage à Simon et Garfunkel[v], j’ai redécouvert la richesse de leurs mélodies et de leurs arrangements. Notamment sur Scarborough Fair. Donc l’idée m’est venue de faire des reprises de titres de musique folk. C’est comme ça que dans cet album, il y A Time in a Bottle, Scarborough Fair, Raglan Road et Wild Mountain Thyme, des musiques folk connues qui accompagnent mes compositions originales.
CJ : Quand on lit les titres de l’album dans leur continuité, on a l’impression que tu nous fais voyager du fond d’un jardin au bord de la mer en passant par l’exploration d’une épave et la contemplation du temps qui change…
François Poitou : Oui j’ai toujours le souci de construire une histoire pour que l’écoute de l’album soit une sorte de balade qui se fait en une fois. J’ai écrit cet album en partie dans les Landes où je trouve refuge l’hiver. Cet une région très inspirante entre Terre et Océan. Et comme j’ai une affection particulière pour l’Irlande, ses falaises qui se dressent face à l’océan et ses grands espaces verts sont aussi des univers géographiques très inspirants pour moi.
CJ : Et côté musical quelles sont les musiciens qui nourrissent ton inspiration ? Moi j’ai entendu Marx Richter pour la musique minimaliste, Eric Longsworth pour l’errance musicale et Mette Henriette pour l’évocation des grands espaces mais qu’en est-il ?
François Poitou : Je comprends mais ce ne sont pas des musiciens que j’écoute régulièrement et ce n’est pas de là que je suis parti. J’écoute beaucoup de Jazz américain et il y a les albums Sign of Life de Bill Frisell et Angel Song avec Kenny Wheeler Lee Konitz, Bill Frisell et Dave Holland, qui m’ont sans doute inspiré dans l’orchestration de cet album et dans cette manière de voir le Jazz. Mais dans Temple Bar, c’est aussi « Trois poèmes de Mallarmé » de Ravel qui a guidé le travail des cordes.
CJ : Tu es entouré de magnifiques musiciens et donc d’une palette de couleurs très riche. Comment les qualifierais-tu ?
François Poitou : Avant tout, j’ai toujours écrit mes arrangements en fonction du caractère et des qualités des musiciens du groupe avec lequel je joue. Mais je leur laisse par ailleurs une grande liberté. Alors si ces qualités devaient être des couleurs, je dirai : Rouge, pour Bastien Ribot au violon, car il met le feu en impro. Vert pour Aude-Marie Duperret à l’alto, elle est très apaisante. Elle est musicienne classique, la voix de la raison et de la vérité. Bleu pour Federico Casagrande à la guitare. Bleu comme la grandeur d’un ciel car il a une impressionnante vision globale du morceau quand on l’aborde. Violet pour Maxime Berton à la clarinette basse et au soprano. Car il est bleu et rouge à la fois.
Mais alors quelle couleur définirait François Poitou ? Technicolor sans aucun doute.
Voilà donc un album réjouissant et apaisant à découvrir le 10 Juin 2025 au Sunset-Sunside ;
Un album dont la pochette élégante et subtile a été réalisée par l’artiste Louh-Ann Alexandrenne.
That’s all folks 😉
Musiciens :
François Poitou : contrebasse
Bastien Ribot : violon
Aude-Marie Duperret : alto
Federico Casagrande : guitarre
Maxime Berton : clarinette basse
Prochains concerts :
Le 10 juin 2025 au Sunset-Sunside Paris 1er
Les 26 et 27 Juillet à Jazz in Marciac (32)
Le 3 octobre au 38 Riv Paris 4ème
Le 10 octobre à Jazz in Noyon (60)
[i] Le nom du son de Frank Médioni & Tom Burton – Le Castor Astral 2024
[ii] Couleurs Jazz – 23 novembre 2019
[iii] Old Folks de Dedette Lee Hill & Willard Robison magnifiquement interprété par Miles Davis dans l’album Someday my prince will come
[iv] Couleurs Jazz – Aromes complexes – 22 novembre 2022
[v] Homeward Bound : Songs of Simon & Garfunkel – Morgane Imbeau et Elias Dris – 2019
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