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Avec :
- Sokratis Sinopoulos & Yann Keerim pour Topos ;
- Chano Dominguez & Ethan Margolis pour The Blues Around us ;
- Daniel Zimmermann pour Snapshots ;
- William Brunard pour Cello Project ;
- Philippe Chagne & Rémi Toulon pour Porgy and Bess;
- Jean-Jacques Elangué pour Shades of Ouidah ;
- Ramona Horvath pour Absinthe;
- Chick Corea pour Forever Yours: The Farewell Concert ;
- Anthony Stanco pour In The Groove – Live at the Alluvion ;
- Tommy Smith & Gwylim Simcock pour Eternal Light ;
- Dave Bristow pour Sides ;
- Leïla Olivesi pour African Rhapsody.
Sokratis Sinopoulos & Yann Keerim / Topos
Le duo grec formé par le joueur de lyre Sokratis Sinopoulos et le pianiste Yannis Kirimkiridis (Yann Keerim) livre avec Topos leur premier enregistrement studio, une collection d’échanges musicaux profondément inspirés, qui croisent sans effort l’espace idiomatique entre la tradition folk européenne et le jazz de chambre. Tout au long de l’album, les six Romanian Folk Dances de Bartók apparaissent sous des formes revisitées et transfigurées.
Sokratis apporte avec sa lyre une ligne mélodique lyrique en contraste avec l’accompagnement de Yannis, à la fois rythmé et contemplatif.
Leur dialogue musical s’enchaîne avec élégance, toujours à l’écoute, créant une atmosphère riche de sens et d’espace. Leurs propres improvisations trouvent une continuité naturelle avec les œuvres de Bartók, le tout étant relié par une expression fluide, dialogue constant qui unit leur univers sonore.
Topos évoque directement leur paysage musical commun, comme ils l’expliquent : « En grec, topos peut aussi signifier la maison, ou la patrie. Mais ce n’est pas seulement le lieu ou les choses. C’est aussi la culture, la connexion entre les personnes — c’est aussi ce que signifie ce terme. Ce que nous faisons sur cet album, c’est créer notre propre topos, qui a de vastes implications culturelles et musicales, impliquant la Hongrie, la Roumanie, les Balkans. Et nous continuons à l’élargir, à faire connaître cette espace à d’autres, en les invitant à en faire partie. »

Chick Corea / Forever Yours: The Farewell Concert
Enregistré seulement quatre mois avant sa disparition, Forever Yours est le dernier album de Chick Corea. Ce concert de piano solo qui illustre sa virtuosité autant que son toucher exceptionnel est un témoignage poignant de sa générosité artistique. Enregistré en octobre 2020 lors de deux concerts inspirés au Ruth Eckerd Hall en Floride, cet album dévoile sa signature musicale : une cascade de techniques impressionnantes, une maîtrise harmonique exceptionnelle, toujours fluide, son sens du swing et le tout servi avec légèreté.
Le programme mêle ses propres compositions, comme Armando’s Rhumba et ses Children’s Songs, à des hommages aux grands maîtres du jazz et de la musique classique qu’il admirait, tels que Thelonious Monk, Bud Powell, Mozart, Stevie Wonder, Bill Evans ou Duke Ellington.
Tout au long de l’album, Chick Corea témoigne de sa capacité à maintenir une continuité musicale remarquable tout en transmettant une grande ouverture d’esprit et un sens du jeu léger et joueur. Il partage des interventions orales complices, où il présente ses morceaux et discute de ses idées comme s’il conversait avec des amis dans son salon. Il intervient également dans deux pièces « Portraits », invitant des spectateurs à monter sur scène et improviser à partir de leur présence.
Décédé en février 2021, Chick Corea laisse derrière lui un héritage immense, loué pour sa chaleur humaine, sa curiosité, sa capacité à relier les genres, et sa maîtrise exceptionnelle au clavier. De nombreux artistes, amis et familiers lui ont rendu hommage dans des tribunes et des notes de pochette, saluant l’homme généreux et talentueux qu’il fut. Forever Yours, plus qu’un simple album, apparaît comme un ultime message de gratitude, un adieu sincère à l’un des plus grands maîtres du jazz, dont l’impact demeure immense et durable.
Né en 1941 dans le Massachusetts, Chick Corea a marqué de son empreinte le jazz à tous ses niveaux : du bebop à l’avant-garde, du jazz fusion aux compositions pour orchestres et musique de chambre. Avec 28 Grammy et 75 nominations, il a toujours été un acteur clé de l’évolution musicale depuis la fin des années 60, collaborant avec Miles Davis, créant des univers sonores riches et variés, et privilégiant toujours la recherche d’un langage musical libre et ouvert. Sa carrière, aussi prolifique dans le XXIe siècle, témoigne de son insatiable créativité et de son rôle de pionnier dans le monde du jazz et de la musique en général.

Dave Bristow dévoile « Sides » :
Une musique audacieuse, reflet de notre époque.
Le pianiste et compositeur britannique installé à Paris, Dave Bristow, revient avec son deuxième album, Sides, enregistré avec un quintette d’avant-garde.
Avec la participation de Mike Stern, l’album mêle jazz actuel, improvisations débridées sur de belles mélodies attirantes. L’album a été fabriqué lors de deux sessions espacées de quatorze mois, Sides exprime l’incertitude et la tension post-pandémie tout en offrant espoir et émotions.
Le groupe, équilibré et exploratoire, est enrichi par la voix de Caloé, Katrin-Merili Poom, et la présence des guitaristes Mike Stern et Gustave Reichert et Tommy Scott au piano. Un reflet sincère et courageux de notre époque, marquant une étape majeure dans la carrière de Bristow, dès ce deuxième album, fort réussi.

Daniel Zimmermann / Snapshots
Le Droopy du Jazz hexagonal a encore frappé – fort !
Plutôt que de verser dans la désespérance en proposant à l’auditeur une corde pour se pendre, le compositeur lui offre l’occasion de le faire, mais avec amusement : il se moque ainsi des vains refuges édifiés par les puissants (« My Little Sweet NZ Bunker »), vilipende la fabrique de la pensée unique (« Les Maximiseurs de Π« , souvenir de lointaines études d’économie), adapte au français et chante en crooner désabusé le très actuel « Stop This World » de Mose Allison…
Sur un mode plus tendre, il s’attache également aux répercussions de cette évolution sur la sphère de l’intime, à travers le refuge dans des cocons (« Notre île« ), ou la psychiatrisation des adolescents (« Come Home« ). Et puis, des moments de fatalisme (« C’est comme ça c’est la vie ») naissent aussi le lâcher prise, le désir d’évasion (« Papillon », « Yellow Moon » des Neville Brothers), ainsi que la volonté de profiter du temps présent, et ses dilemmes (« le Mieux et le Bien »).
Avec le concours de Sanseverino et de son vieux frère Thomas de Pourquery, avec à la basse électrique, Élise Blanchard, transfuge pop au son vintage, Daniel Zimmermann convoque ses fidèles : l’incandescent Julien Charlet à la batterie et l’ »Indien de Paname » le doux et insensé équilibriste de la six cordes, Pierre Durand.
Ensemble, ils signent un disque avant tout conçu comme un recueil de compositions, avec un son et une production qui font la part belle aux aspérités. Incontournable.

Jean-Jacques Elangué / Shades of Ouidah.
Un jazz élégant aux sonorités africaines.
Voici un disque rare, en ce sen que malgré une longue carrière en France, Jean-Jacques Elangué n’a pas beaucoup enregistré.
Son nouveau disque en quartet, Shades of Ouidah, témoigne d’un jazz sophistiqué où il s’entoure de musiciens de premier ordre : Alain Jean-Marie, Manu Marchez et Simon Goubert. Inspiré par ses origines béninoises, le titre de l’album évoque le pan le plus douloureux del’histoire de l’Afrique. Pourtant, ’album ne se veut pas militant.
Elangué, à la sonorité unique de sax ténor, mêle thèmes personnels à des références implicites à Coltrane, Monk ou Curtis Fuller. La rythmique, chaleureuse et variée, souligne l’intensité de l’ensemble. Un beau disque qui dévoile un musicien talentueux à connaître ou à redécouvrir absolument. Lire ici la chronique de Thierry Quenum.
https://couleursjazz.fr/fr/jean-jacques-elangue-shades-of-ouidah/

William Brunard / Cello Project
Le contrebassiste swing qui rend hommage au violoncelle.
Après des études en piano et violoncelle, William Brunard s’est tourné vers la guitare et le violon, avant de faire de la contrebasse son instrument de prédilection, jouant régulièrement avec des grands noms du jazz manouche actuel comme Biréli Lagrène ou Stochelo Rosenberg. (voir le dernier album, Django Celebration #1, célébré ici, dans lequel il assure la direction artistique, Son nouvel album, le « Cello Project », marie swing, bop et influences manouches, en rendant hommage à ses sources musicales et à ses ancêtres.
Pour les initiés, William accorde son violoncelle en quartes, comme la contrebasse, à l’instar d’Oscar Pettiford, maître des soli en pizzicati, à qui il délivre un clin d’œil appuyé à travers We Never See Each Other, interprété avec le seul soutien de la contrebasse et de la batterie
En incarnant la tradition des grands contrebassistes jazz, William Brunard orchestre un univers où le violoncelle, rarement utilisé dans ce contexte, devient un protagoniste essentiel, reflétant sa passion et ses racines familiales.
Un dialogue inouï entre swing et héritage musical, à découvrir absolument.

Ramona Horvath / Absinthe
Pianiste passionnée, Ramona Horvath rend hommage à l’héritage d’Ellington dans son dernier album, Absinthe, mêlant swing, romantisme européen et références modernes telles que Michael Jackson ‘’Heal the world’’ou Stevie Wonde, ’You are the Sunshine of my Life ».
Accompagnée de sa fidèle rythmique, et en invitant le magnifique André Villéger au saxophone tenor, Ramona revisite le jazz avec finesse et originalité, tout en affirmant une musicalité personnelle et lumineuse. Un disque épanoui, à la fois classique et contemporain, évoquant la magie de la « fée verte » ensorceleuse.
Ramona Horvath, piano, Nicolas Rageau, contrebasse, Antoine Paganotti, batterie, André Villeger, saxophone ténor.

Philippe Chagne & Rémi Toulon / Porgy and Bess
Depuis plus de 25 ans, le pianiste Rémi Toulon et le saxophoniste Philippe Chagne construisent une complicité musicale rare. Entre jazz, improvisation et transmission, leur parcours est riche, cohérent et profondément humain.
Une aventure musicale fidèle et créative
Leur dernier projet, en duo présente une relecture très inspirée du célèbre opéra de George et Ira Gerswin, Porgy & Bess écrit il y a exactement 90 ans.
Le duo Rémi Toulon (piano) et Philippe Chagne (saxophone baryton) proposent une relecture moderne et sensible de la grande œuvre devenue un classique, privilégiant l’écoute et la finesse d’interprétation. Leur jazz repose sur une interaction subtile, une improvisation raffinée et une capacité à instaurer une atmosphère intime et expressive.
Le concert de lancement de l’album au Son de la Terre fin septembre fut un grand moment. Une expérience immersive et profondément émouvante.

Anthony Stanco – In the Groove (Live at The Alluvion)
Avec In the Groove, le trompettiste Anthony Stanco signe un retour éclatant dans le monde du hard bop le plus pur. Enregistré en public à The Alluvion de Traverse City — lieu chargé d’histoire et d’énergie — cet album déborde d’intensité et de lyrisme. Dans la tradition des légendaires sessions live de Cannonball Adderley, Stanco et son quintet capturent la chaleur du moment, entre swing irrésistible et émotion brute.
Autour du trompettiste, une équipe d’élite : Randy Napoleon à la guitare, Xavier Davis au piano, John Webber à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie. Ensemble, ils façonnent un son à la fois ancré dans l’héritage Blue Note des années 60 et résolument contemporain. Le pianiste Jeff Haas, fondateur du club, contribue par une composition originale et signe les notes de pochette, tandis que l’artiste Lisa Flahive peint la pochette en direct pendant le concert — une belle métaphore de l’énergie visuelle et sonore de cette soirée.
In the Groove rend hommage aux maîtres du bop tout en affirmant la voix singulière d’Anthony Stanco, musicien habité par la passion, la rigueur et un sens du chant rare dans la trompette moderne.

Chano Domínguez & Ethan Margolis – The Blues Around Us
Quand le pianiste Chano Domínguez et le guitariste Ethan Margolis décident de se retrouver autour du blues, cela donne un dialogue d’une rare intensité. The Blues Around Us réunit le maître andalou du piano et l’aventurier américain connu sous le nom d’Emaginario, à la croisée du jazz, du flamenco et des musiques afro-américaines.
Enregistré à New York par l’ingénieur James Farber avec Carlos Henriquez à la contrebasse et Obed Calvaire à la batterie, ce disque respire la chaleur des grandes sessions d’autrefois, tout en ouvrant de nouveaux horizons.
Les compositions, principalement signées Ethan Margolis, évoquent le classicisme des années Blue Note tout en intégrant des tournures flamencas, des syncopes de bulería et des harmonies modales typiquement ibériques.
Le piano de Chano Domínguez, toujours chantant et précis, s’y fond avec la guitare d’Ethan Margolis dans une conversation subtile entre swing et duende. On y retrouve cette tension chère aux deux musiciens : le respect de la tradition et la volonté d’en dépasser les frontières.
The Blues Around Us est un hommage vibrant à la beauté imparfaite du son, à la sincérité du geste et à ce lien humain que le jazz, plus que tout autre langage, continue de révéler.

Tommy Smith & Gwilym Simcock – Eternal Light
Le saxophoniste Tommy Smith tire sa révérence à l’Écosse avec Eternal Light, un album live enregistré en septembre 2025 au Queen’s Hall d’Édimbourg, salle emblématique où il joua pour la première fois à 14 ans. Ce lieu fut le théâtre de toute une vie musicale — celle du jeune passionné qui venait écouter Wynton Marsalis ou McCoy Tyner, devenu à son tour un maître partageant la scène avec Chick Corea, Gary Burton ou Joe Lovano.
Pour ce dernier concert en Écosse, Tommy Smith a choisi le format le plus intime : le duo. Face à lui, le pianiste Gwilym Simcock, partenaire d’une sensibilité rare, capable d’un jeu à la fois lyrique, audacieux et d’une écoute absolue. Ensemble, ils tissent une conversation d’une grande pureté, où chaque note respire, se répond, s’élève. Rien d’artificiel ici : seulement la sincérité du moment, captée telle quelle, sans retouche, dans une lumière à la fois douce et ardente.
Composé exclusivement de pièces originales, ce répertoire s’éloigne du jazz standard pour explorer un territoire de création libre, entre introspection et jubilation. Gary Burton résumait cette approche d’une phrase : “Je pouvais suivre tes pensées au fil du solo, pas un seul cliché, seulement de la mélodie pure.”
Eternal Light n’est pas qu’un concert : c’est une page qui se tourne, une lettre d’adieu à une ville et à une salle qui l’ont vu grandir. Une musique de mémoire et de gratitude, suspendue entre le passé et l’aube d’un nouveau départ.

Leïla Olivesi – African Rhapsody
La pianiste et compositrice Leïla Olivesi, lauréate du Prix Django Reinhardt 2022, poursuit son œuvre poétique et visionnaire avec African Rhapsody, un album lumineux qui tisse un lien entre l’Afrique des origines, la Méditerranée et le jazz moderne.
Entourée d’un ensemble somptueux réunissant Baptiste Herbin, Adrien Sanchez, Jean-Charles Richard, Quentin Ghomari, Manu Codjia, Yoni Zelnik et Donald Kontomanou, la musicienne façonne une musique d’une grande richesse harmonique, portée par la ferveur du groove et la grâce de l’écriture.
Inspirée par la poésie de la Négritude et les textes de Léopold Sédar Senghor et David Diop, Olivesi réunit également le chœur Poetic Birds et la chanteuse Camille Bertault, qui prête sa voix à un poème de Djamila Olivesi. Ensemble, ils célèbrent la puissance de la parole poétique et sa résonance spirituelle dans un jazz éclatant de modernité.
African Rhapsody s’impose comme une fresque à la fois lyrique et engagée, où la mémoire se mêle à la lumière. Entre envolées orchestrales et instants d’intimité suspendue, Leïla Olivesi signe une œuvre rayonnante, à la croisée du rêve, de l’histoire et de la liberté.



















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