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Hit Couleurs JAZZ

Avec son deuxième opus « Traversées » – (Pérasma), le sextet gréco-anatolien Assafir signe un album aux multiples influences des rivages égéens. 

Les membres de cet ensemble étonnant, ont pour origines, la France, la Grèce, Israël, la Tunisie, l’Italie… Des terres qui toutes, bordent la Mare Nostrum.

Dans ce  beau disque, les origines musicales se situent davantage près des rivages de l’Anatolie, de la Macédoine (du Sud) avec un arrêt poignant sur l’île de Makronissos.

Arrêtons-nous déjà sur la pochette qui rappelle certaines photos d’Henri Cartier Bresson et qui évoque le temps suspendu, autant que le passage, la traversée, mais aussi le saut vers une autre dimension. La couverture, comme les images intérieures et du dos de la pochette du disque sont signées Hara Kaminara, photographe et scénariste Grecque et Belge. C’est déjà une invitation au voyage et à l’écoute.

©Photo Alain Smilo

Assafir a choisi pour cet album de puiser dans un répertoire traditionnel dans lequel, le Rébétiko (genre musical appartenant au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco) est très présent. C’est aussi ce pourquoi nous avons choisi de parler de cet album qui n’est pas Jazz vraiment, mais plutôt blues. Mais pas le blues auquel on fait habituellement référence.

Un blues, le rébétiko donc,  venu des bars des ports comme celui de Constantinople, de Thessalonique, du Pirée et ici plus particulièrement de Smyrne (aujourd’hui Izmir) à l’époque des vagues migratoires – principalement des hellénophones venus d’Asie Mineure, lors de la « La Grande Catastrophe ».

Cette musique est comme le Blues américain, d’une grande puissance évocatrice.

Voir la vidéo de présentation d’Assafir

Traversées raconte toutes ces histoires des peuples, le drame de l’exil, la perte, les périodes sombres, la dureté des conditions d’existence. Mais elle nous rappelle aussi la poésie de la vie, le vol d’un oiseau, l’amour, les plaisirs de la fête qui reviendra, avec les danses et l’espoir de jours meilleurs.

Et puis il y a cette incroyable chanson sur les Filles de Makronissos, (Oi Kores tis Makronissou)  évoquée plus haut.

Macronissos est cette île longue, inhabitée, inhospitalière, aride, située entre le Cap Sounion abritant le temple de Poséidon et Kéa, la plus proche des Cyclades, à une encablure d’Athènes. Cette terre est une île-prison, dans laquelle, pendant la guerre civile de 46-49 les colonels au pouvoir déportèrent des milliers de personnes, parmi elles des femmes, communistes (ou jugés comme tels), celles et ceux qui avaient combattu pour libérer le pays des nazis. 100 000 personnes dont 5 000 femmes de toutes les régions de Grèce sont passées par Makronissos entre 1947 et 1958. Lavage de cerveau, tortures diverses, mises à mort, furent le lot commun de ces pouvez êtres. L’une des hontes de notre humanité , assez féconde et parfaitement sans imagination aucune. L’histoire se répète.  

(Cf. Macronissos Island )

A l’écoute des 14 titres évocateurs de l’album dans lequel se côtoient le grec surtout, l’arabe, le romaniote, ressort le profond interplay entre les musiciens qui utilisent presqu’uniquement des instruments traditionnels, oud, kanum, davul, ney, derbouka, bendir, daf, accordéon quart de ton, … sans omettre les voix et en particulier celle de Clémence Gabrielidis dans la lignée des grandes voix de la Méditerranée.

Les arrangements, tout comme les compositions sont de haute tenue. Il a fallu trois ans de travail et de peaufinements pour arriver à ce résultat.

Traversées est un disque qui devrait vous prendre aux tripes, si ces musiques vous parlent. Nous recommandons de l’écouter souvent, afin d’en saisir les riches nuances, pour peut-être percevoir intimement les liens entre les blues de différentes origines, ce qui unit profondément les hommes et les femmes de tous les continents.

Une couleur Jazz originelle autant qu’originale.

Rendez-vous pour un retour aux sources, à l’occasion du concert de sortie de l’album, au Studio de l’Ermitage, le 29 avril prochain à 20H. 

Musiciens :

Clémence Gabrielidis : chant

Loïc Audry : oud, contrebasse

Mahdi M’kinini : qanûn

Adrien Seguy : accordéon quart-de-ton

Eden Gerber : clarinette, ney, davul

Niccoló Bellandi : riqq, darbouka, bendir, daf, tombak

Invité(e)s :

Héléna Morag, chant, violon

Rachid Brahim-Djelloul : chant, alto

Giorgio Bernacchi : violoncelle

Samuel Wornom : darbouka

Traversées est sorti sous le label au doux nom de Rakomelo, le 11 avril 2025.

L’album, Hit Couleurs Jazz, est en sélection sur Couleurs Jazz Radio.

Quelques liens, non pas pour nous attacher, mais pour nous relier :

Le Site officiel d’Assafir

Pour acheter l’album en ligne 

Pour réserver vos places pour le concert de sortie le 29 avril au Studio de l’Ermitage, Paris.

Lien streaming multi-plateformes : 

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©Photos de l’album, Hara Kaminara.

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