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Couleurs Jazz a rencontré  le chanteur Alfie Wade dans sa ville d’adoption Sète pour parler de sa vie, ses projets et notamment son album Alfie Wade Jr sings Jammin’ Jazz, Blues & Bebop sorti en 2019.

Alfie Wade Jr sort son premier album à l’âge de 86 ans. Et il en a, des choses à raconter !

Chanteur de jazz, de blues et de gospel, né à Montréal, Alfie Wade Jr  vécu longtemps à New York avant de s’installer dans le sud de la France à Sète où il devenu en quelques années un des personnages emblématiques de la scène de jazz local. Avant de monter sur scène et d’enregistrer son album en tant que chanteur et leader il a travaillé longtemps en tant que producteur avec des grands noms tels que Carla et Paul Bley, Gary Peacock et Don Ellis à New York et à Montréal. Passionné depuis sa petite enfance du rhythm’n’blues et du jazz, et particulièrement de l’œuvre de Duke Ellington, il est aujourd’hui conseil  international sous le mandat de Mercedes Ellington, la petite fille du Duke, Fondatrice, Présidente et Directrice Artistique » du Duke Ellington « Center For the Arts » à New York.

©Photo Gaby Sanchez

… Une Sorte d’accident glorieux !

Couleurs Jazz : Peux-tu  Alfie Wade,… jeune homme (!) nous parler de ton album en sélection sur  Couleurs Jazz Radio déjà depuis 6 mois !

Alfie Wade : Merci déjà pour le support (soutien) autour de mon disque. C’était une occasion pour moi de chanter et de sortir mon premier album à 86 ans ! C’est en fait une sorte d’accident glorieux. Et il fait partie d’un ensemble de projets musicaux que je mène ici à Sète.  Ce projet est là pour combler une sorte de vide musical qui se passe ici, d’octobre à mars. Le programme consiste tous les dimanches midi à organier des Jazz brunchs, c’est une activité qui peut impliquer toute la communauté. Au début, j’ai cherché un endroit avec l’association dont je fais partie. J’ai fait des affiches, puis je me suis mis à chanter, dans le but de démarrer ce projet.

Et comme je suis à Sète depuis 2002, j’ai commencé à connaître beaucoup de monde. Et mon ami Paul, de Londres a vu que notre projet avançait et il a trouvé que je ne chantais pas mal ; il a alors voulu m’enregistrer. C’est comme ça que tout a commencé.

Couleurs Jazz : Donc c’est grâce à cette rencontre avec ce producteur Anglais qui a trouvé que tu chantais bien que tu es finalement devenu le Buena Vista Sétois Club ?

Alfie Wade : (Rires) Oui avec grand plaisir ! Et les chansons que j’ai choisies sont une sorte de réflexion sur ma vie, depuis que j’étais petit garçon à Montréal. Mon père était cheminot et il voyageait aussi vers les Etats-Unis. Et un jour il a ramené à la maison un disque de Duke Ellington, j’avais 11 ans. Ça a changé ma vie. Car par la suite j’ai suivi Duke Ellington jusqu’à sa mort (le 24 mai 1974).

… Un disque de Duke Ellington a changé ma vie…

Couleurs Jazz : Le Duke Ellington Sacred Concert est un hommage à ses compositions autour de la Musique Sacrée. notamment dans l’Eglise de la Madeleine à Paris en la présence de Mercedes Ellington, pour fêter le quarantenaire de l’héritage de Duke Ellington (C’était le 1er octobre 2014). Tu as alors participé à la création de ce projet où le Laurent Mignard Duke Orchestra et 80 choristes, quelques solistes et 160 choristes. Le projet a tourné l’année suivante, dans plusieurs grandes églises un peu partout en France.

Alfie Wade : Oui, Laurent, le directeur de l’orchestre me disait « Alfie, j’ai une idée : Qu’est-ce que tu en penses d’éviter le répertoire habituel d’Ellington et de prendre plutôt ses dernières compositions de Musique Sacrée ? Comme ça on peut le présenter dans des églises, des cathédrales. » C’est une offre qu’on ne peut pas refuser. C’était extraordinaire !

Couleurs Jazz : C’est un magnifique projet. Revenons maintenant à ton album, ton tout premier album que tu sors à 86 ans. Qu’est-ce qui a prévalu au choix que tu as mis dans ce disque ?

Alfie Wade : L’idée est de représenter une sorte d’arche musicale de mes expériences qui représente ma vie dans laquelle il y a toujours eu de la musique. Quand j’étais ado je suis tombé sur le bebop avec Dizzy Gillespie et Charlie Parker et en même temps j’écoutais du Rhythm’n’Blues et d’autres Black Music. Après l’école j’allais souvent chez mon parrain qui avait un piano et toujours pleins de disques. C’est là que j’ai découvert Louis Jordan et sa chanson I like Them fat like that qui se trouve aussi sur le disque, un titre très humoristique qui parle d’une préférence pour des filles plutôt costaudes. On trouve aussi sa chanson Run Joe sur mon disque, une histoire de deux mecs qui tiennent un petit magasin de bonbons et qui voient leur avenir dans une boule de cristal quand tout d’un coup les flics arrivent, alors l’un crie à l’autre : Run Joe !

Couleurs Jazz : Qu’est-ce qu’il en est des autres titres sur l’album ? Pourquoi as-tu choisi ces titres ?

Alfie Wade : J’ai une approche aux standards de jazz un peu différente. Je cherche à faire quelque chose d’un peu plus unique. Souvent les musiciens de jazz prennent les accords d’un standard et jouent un autre thème dessus. Je me suis un peu écarté de ça : Par exemple That Old Black Magic, qui a une sonorité latine, j’y ai intégré A Night In Tunisia. Ou I like Them Fat Like That, qui est sur les accords de I Got Rythm, on y entend au début et à la fin Anthropolgy, parce que c’est quand même un standard bien fat (rires). Et pour la chanson I guess I’m Just A Lucky So and So d’Ellington, forcément on entend aussi du Ellington dans mon album, j’ai intégré le blues Things Ain’t What They Used To Be. Ça donne un autre caractère à ces chansons.

Couleurs Jazz : Est-ce que tu peux nous dire un mot sur les jeunes musiciens qui t’accompagnent sur le disque ?

Alfie Wade : Dano Haider joue une guitare à 7 cordes de manière extraordinaire. On l’a entendu un soir au Rio et on trouvait le « lyricisme » qu’il emploie dans ses soli absolument magnifique. Et le contrebassiste Joan Eche-Puig, malgré son jeune âge c’est un grand maitre de son instrument. Quand je faisais les arrangements de ces morceaux, je voulais le son de sa contrebasse tout près de ma voix dans le mixage final parce que pendant l’enregistrement il était à côté de moi et c’est son jeu qui me guidait dans mon scat. Nous sommes devenus comme un collectif, ces deux musiciens et moi. Ce sont surtout des musiciens de studio mais je voudrais toujours le garder à mes côtés quand je joue sur scène.

Couleurs Jazz : Qu’est-ce qu’on peut attendre de toi dans l’avenir ? Quels sont tes prochains projets ?

Alfie Wade : Cet enregistrement était inattendu et donne une nouvelle dynamique à ma vie.  J’attends de voir comment il va être reçu par le public. Je n’ai pas été dans ma ville natale Montréal depuis fort longtemps et je suis en contact avec des personnes pour pouvoir participer au festival québécois Festi Jazz Mont Tremblant pour l’édition 2020 ainsi qu’au Kensington Market Jazz Festival.

J’ai une histoire avec Montréal depuis très longtemps, on est en train de faire éventuellement un documentaire sur ma vie. Le titre serait quelque chose comme « Le fils prodigue revient – et maintenant il chante en plus !  » Je voudrais aussi enregistrer avec des musiciens locaux de là-bas pour ajouter des instruments ou des titres sur mon album.

Couleurs Jazz : Merci beaucoup Alfie pour cette interview. Tu sais que tu seras le bienvenu à Paris, Couleurs Jazz t’accueillera toujours avec plaisir.

Alfie Wade : Ça sera avec grand plaisir. Ça serait une super opportunité et j’essayerais de faire bonne impression à Paris (rire). Merci Couleurs Jazz !

©Photo Gaby Sanchez

Interview conduite par JacquesPauper pour Couleurs Jazz Media et retranscrite par Talin Maas.

Pour visiter le site d’Alfie Wade Jr 

Alfie Wade Jr sings Jammin’ Jazz, Blues & Bebop

Interprètes:

Alfie Wade, chant

Joan Eche-Puig, contrebasse

Dano Haider, guitare

 

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