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Hit Couleurs JAZZ

Après avoir éprouvé ses compositions sur scène et en tournée auprès de musiciens de renom, le contrebassiste Vladimir Torres se lance en tant que leader avec Inicial : un album à la croisée des styles et des influences : entre Caraïbes, pop et jazz.Ce mélange détonnant donne à savourer une œuvre riche, à l’énergie débordante et communicative. Le projet est porteur d’une musique moderne, loin des barrières et des étiquettes, qui sait étonner autant que plaire.

Le groove est mélodieux et sensuel, la rythmique implacable et impeccable. Un son de contrebasse rond et riche de multiples ondulations, chaleureux comme un fond de sauce parfumé qui lie les chorus inspirés du saxophone de Christophe Panzani ou des flûtes de Damien Groleau (en particulier dans « A Gabriel Solo Le Gusta Bailar » qui donnent une envie irrésistible de bouger, sinon de danser. Voilà ce qui vient en premier à l’esprit, à l’écoute de ce premier projet en tant que leader, de Vladimir Torres.
Mais il ne faut pas s’y tromper, l’homme a de l’expérience, même si il ne fut pas toujours au sommet de l’affiche, il a participé déjà à une quarantaine d’albums avant de franchir le pas, encouragé par ses amis musiciens.
Un autre caractère immédiatement identifiable, à l’écoute d’Inicial, c’est ce véritable sens de l’espace avec une profondeur lyrique des thèmes, dans « Nuevo Comienzo » par exemple.
Chaque musicien de ce trio + deux invités est lié à la contrebasse de Vladimir Torres, comme à la pulsation de la batterie tenue de main de maître par Tom Moretti, pour aller de l’avant toujours au service de la mélodie.(Interlude 4 No Anticipes)
Un mixte de cohésion et d’imagination règne sur tout l’album dans une ambiance relâchée.

Un album à la musique très inspirée, où créativité et rythme l’emportent dans un joyeux tourbillon de notes bleues.

On perçoit dans les compositions de Vladimir Torres, l’influence de sa culture Uruguayenne avec une touche de de candombé, inscrite dans des mélodies originales mêlées à un grand sens de l’improvisation.
Un univers qui lui appartient en propre mais où les musiciens qui l’accompagnent jouent dans un registre où ils semblent en confiance.

Tom Moretti, parce qu’ils ont déjà participé ensemble à nombre de projets, mais également Martin Schiffmann, arrivé plus récemment et qui a su saisir tout de suite l’essence de cet univers très personnel avec toute la délicatesse dans le toucher de son piano ou du clavier de son Fender Rhodes.
Une bien belle musique indéniablement jazz, dans le respect des fondamentaux, aux couleurs vives et chaudes et aux multiples influences tant world que hard bop ; influences que Vladimir Torres lui-même, revendique.
Les arrangements sont très sophistiqués, ce qui ne signifie pas qu’ils soient illisibles pour l’auditeur lambda. Au contraire, s’appuyant sur des mélodies qui paraissent simples, le monde entier peut aisément se laisser embarquer, tandis que le spécialiste a toute la matière pour découvrir les riches subtilités incrustées dans les partitions et les improvisations.

 

Vladimir Torres a bien voulu répondre à nos questions en  exclusivité.

CJR : Vladimir, pouvez-vous nous expliquer ce projet « Inicial » et déjà, pourquoi ce titre ?

VT : Le titre signifie le commencement, le début , déjà de mon projet en mon nom, car j’ai passé nombre d’années à accompagner les autres artistes en tant que musicien, j’ai aussi exercé pour eux les métiers de booker, producteur, arrangeur, compositeur parfois, mais jamais en mon nom. C’est donc un premier album en mon nom.

CJR : Expliquer la musique comme dit Thelonious Monk, : « Tenter d’expliquer la musique, c’est comme tenter de danser l’architecture ». Pouvez-vous donc tenter ce tour de force ? Sans forcément expliquer ta musique, dire ce qui a conduit à la création de cet album ?

VT : Ce sont des compositions qui me sont venues sur une période assez restreinte et qui font ainsi partout d’un tout, même si elles sont différentes les unes des autres. Elles sont proches dans la chronologie des compositions. Toutes sont inspirées de moments de vie, de choses assez intimes, de mon quotidien avec ma famille, mes enfants. Comme un peu l’aboutissement de mon existence.

CJR : C’est un peu comme les écrivains qui dans leur premier roman ont tendance à raconter leur vie, c’est un peu ça ?

VT : oui c’est ça

CJR : Pouvez-vous rentrer un peu dans le détail de ces titres, nous en citer quelques-uns ?

VT : Oui, il y a un morceau en particulier, un peu pop, une ballade, qui s’appelle « The Leaving », que j’ai écrite en fait pour évoquer ce sentiment de séparation en pensant à mon fils ainé qui vit en Uruguay et que je ne vois que 2 mois par an, à l’occasion des deux voyages annuels qu’il fait pour me retrouver ici en France. C’est une peu l’expression de cette mélancolie récurrente due à la séparation et au vide laissé à chacun de ses départs…
J’ai aussi écrit un morceau pour mon fils cadet, Gabriel. Le morceau s’appelle « A Gabriel, Solo le Gusta Bailar » (Gabriel aime juste danser). À un moment où il était en demande d’être pris dans les bras pour danser sur plein de musiques différentes… J’ai donc composé ce morceau un peu comme une berceuse dansante. Une invitation à la danse…
J’ai aussi fait un arrangement pour le morceau Blackbird des Beatles, dans lequel transparaissent mes influences sud américaines, dans l’arrangement afro-latin si on peut dire, des rythmiques choisies.

Ce morceau me plait, même si il a été maintes fois arrangé dans le jazz comme d’autres thèmes des Beatles, mais j’aime sa contruction mélodique et harmonique et l’idée que revendiquaient McCartney et Lennon qui était de défendre les mouvements des droits sociaux nord-américains à l’époque où le morceau est sorti.

CJR : Á propos de rythmiques dont vous faites allusion précédemment, on retrouve l’influence de la musique sud américaine et du candombe, n’est-ce pas ?

VT : Oui bien sûr j’ai baigné dans ces ambiances grâce à mes deux parents uruguayens qui écoutaint beaucoup ces musiques à la maison. Je joue égaement de la musique avec mon papa ! Sa musique est très emprunte de cette culture. J’ai toujours énormément joué de musiques latines et caribéennes. Donc voilà, mes influences sont autant ces musiques qu’également la pop, le rock et d’autres encore.

CJR : Quels sont les musiciens en particulier qui t’influencent ou t’ont influencé dans tes choix musicaux ?

VT : Il y en a tant ! Mais si je ne devais citer qu’un seul groupe de Rock ce serait Led Zeppelin, pour la qualité de leurs compositions et la richesse de leur musique.

CJR : Ok pour l’influence rock, mais incontestablement le jazz, ne serait-ce que dans le domaine de l’improvisation est très présent dans cet album ; ce serait quoi pour toi le Jazz si tu devais en proposer une définition ?

VT : je pense qu’il y a aujourd’hui autant de jazz (s) que de compositeurs et d’interprètes de cette musique. C’est très difficile de définir aujourd’hui un genre musical qui va forcément être influencé par beaucoup de choses, forcément… Mon jazz personnel est bien sûr influencé des multiples musiques que j’ai pu écouter. C’est un peu comme dans la chanson aujourd’hui, on va pouvoir retrouver des influences très différentes alors que ne serait-ce que quelques années auparavant, la chanson était alors cantonnée à un univers plus fermé… Un univers de chansonniers en quelque sorte. C’est donc difficile de définir le jazz. Disons que ça reste une musique ouverte à toutes les possibilités et en particulier à l’improvisation.

CJR : Pouvez-vous présenter les formidables musiciens qui t’accompagnent ?

IVT : Ils sont non seulement d’excellents musiciens mais ils sont aussi des amis, des amis proches pour la plupart d’entre eux. Des musiciens avec lesquels je joue depuis très longtemps. En l’occurrence Damien Groleau qui est venu jouer de la flûte sur cet album, mais qui à la base est un excellent pianiste, compositeur et avec qui je fais de la musique depuis plus de 20 ans maintenant. Des groupes de jazz où il était au piano entre autres.
Christophe Panzani, grand musicien pour qui j’ai beaucoup d’estime également pour son talent et sa créativité, devenu également un ami très proche, puisque l’on partage également depuis près de 20 ans la musique. Nous avons parcouru le monde ensemble ! En Angleterre, au Vietnam, en Afrique… Je suis donc très très heureux qu’il soit venu participer à ce projet qui me tenait à cœur et ce malgré les grèves de transports sur Paris à l’époque de l’enregistrement.
(Encore une aventure avant ce confinement !)
Quant à mon trio, composé de Tom Moretti à la batterie et de Martin Schiffmann au piano et Fender Rhodes avec qui nous pratiquons beaucoup et très régulièrement. Nous sommes donc arrivés, ce qui me ravit, à une certaine complicité sur scène autant que sur le disque.
Ils sont tous d’excellent musiciens. C’est important d’avoir Tom avec moi, en qui j’ai toute confiance.

CJR : on sent en effet cet ‘interplay entre vous ce qui est un peu le propre de cette musique jazz n’est-ce pas ?

VT : oui, c’est cette capacité d’écoute entre nous qui fait la qualité de ette musique et ce qui fait partie de la définition du jazz, en effet.

CJR : Une toute dernière question : Compte tenu de toutes les difficultés d’un tel projet auxquelles s’ajoutent la période actuelle avec ces grèves au moment de l’enregistrement puis maintenant avec ce confinement sans précédent. C’est extrêmement compliqué de réaliser un disque de nos jours ! donc félicitations déjà ! Qu’aimeriez-vous dire, compte tenu de ce contexte, si il y a un ou plusieurs mots à retenir de ce projet « Inicial » ?
VT : J’espère, m’étant beaucoup démené pour qu’il aboutisse, que je pourrai porter ce projet beaucoup plus loin. Inicial c’est le début, ce n’est absolument pas une finalité. C’est l’occasion de pouvoir porter le projet sur scène et de le défendre. Ce que je compte bien faire !
Et ce que je veux qu’on retienne surtout c’est que ce n’est surtout pas quelque chose que j’ai fait tout seul. J’ai bénéficié du soutien de mes proches, de ma famille, bien sûr et également des contributeurs du financement participatif qui a réuni plus de 100 contributeurs et sans lesquels ça ne se serait pas fait. Il y a aussi le Label l’Horizon Violet qui me soutient énormément, me donne accès ainsi à la distribution chez Absilone et ainsi le disque est disponible dès sa sortie le 24 avril sur toutes les plateformes.

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Inicial est un album à placer entre toutes les oreilles, les averties comme les novices.

Il est sorti sous le label Horizon Violet.

Line up :
Vladimir Torres : UprightBass
Martin Schiffmann : Piano/Fender Rhodes
Tom Moretti : Drums
Christophe Panzani : Saxophones
Damien Groleau : Flutes/Bansuri

 

©Photo Header JC Polien

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