Jean-Loup Longnon – Istanbounce

C’est à un véritable festin de jazz en grand orchestre que nous convie ici Jean-Loup Longnon.

Un festin qui correspond à la gourmandise naturelle du musicien. Une gourmandise qui confine à une roborative boulimie : plus d’une heure et quart de musique qu’on déguste sans se lasser tant les saveurs sonores que déploie l’orchestre sont variées, riches et capiteuses. Car si Longnon est ici — outre le leader — l’arrangeur de tout le répertoire, il en est également le principal compositeur.

Et les thèmes qu’il ne signe pas sont d’une variété bienvenue, allant de Gershwin à Boris Vian, de Sammy Nestico à Billy Strayhorn, de Gilbert Bécaud à Miles Davis.

L’orchestre est clairement l’instrument que Longnon — par ailleurs trompettiste émérite — met en valeur et il le fait sonner de façon à la fois subtile et joyeuse, dans une veine qui va du classicisme des années quarante au raffinement de l’orchestre de Thad Jones/Mel Lewis.

Pas de recherche moderniste ici mais un parti pris assumé d’inscription dans une tradition que Longnonprolonge avec une ferveur et un savoir-faire qui laisse pantois et ne peut que recueillir l’adhésion de tout amateur de jazz amoureux du swing et du son.

Car les arrangements de Longnon déploient une palette sonore chatoyante et foisonnante où les timbres des instruments sont magnifiquement mis en valeurs sur une pulsation rythmique jubilatoire et où les solos instrumentaux jaillissent comme autant de fontaines de jouvence mélodieuses et inventives.

Ce goût du chant se manifeste particulièrement dans les thèmes où la voix intervient mais en fait il irrigue l’ensemble de l’opus tant chaque soliste maîtrise l’art de raconter une histoire, soutenu par une masse sonore orchestrale d’une densité cantabile remarquable.

On sort donc de l’écoute de ce CD avec un sourire de contentement et une profonde sensation de bien-être. Qui pourrait faire la fine bouche devant une potion musicale aussi festive et distillée avec autant de coeur ?