Vijay Iyer – Compassion

Voilà trois ans que Vijay Iyer n’avait pas enregistré avec son nouveau trio. Après être resté fidèle pendant plusieurs années à la formation comprenant Stephan Crump à la contrebasse et Marcus Gilmore à la batterie, Iyer a choisi de s’entourer de deux non moins excellents instrumentistes : la bassiste australienne Linda May Han Oh et le batteur étatsunien Tyshawn Sorey.

Comme sur ses précédents albums, l’approche du piano de Vijay Iyer couvre un spectre particulièrement large, incluant — outre ses propres compositions — un thème de Stevie Wonder et un autre du saxophoniste chicagoan Roscoe Mitchell, un de ses anciens mentors.

La maîtrise du clavier du pianiste quinquagénaire éclate tout au long de ce nouvel opus où il utilise toute la tessiture de l’instrument, pratiquant volontiers un jeu de main gauche percussif tandis que la droite explore des territoires plus mélodiques et rythmiquement complexes. L’interaction entre les trois musiciens est constamment stimulante et on sent que l’écoute mutuelle est intense.

Sur un morceau joué en solo, Vijay Iyer rappelle par ailleurs qu’il peut, parallèlement à un jeu particulièrement énergique, s’adonner à l’art de la ballade de façon tout à fait convaincante, ce que confirme un autre thème joué en trio et où la bassiste prend un solo inspiré.

Tyshawn Sorey — dont on connaît bien les qualités d’accompagnateur —fournit, de son côté, un drumming dense, tantôt subtil tantôt tonique.

Au total c’est un opus très réussi que propose un pianiste dont on ne se lasse pas de suivre le parcours.