Mike Richmond – Turn Out The Stars

Instrument Ô combien référencé et révérencé en musique classique, le violoncelle figure en bonne place dans la liste des inconnus au bataillon en matière de jazz. Et pourtant…

Contrebassiste de très grande renommée, la liste des pointures qu’il a accompagné est interminable, Mike Richmond s’échine depuis quelques albums à faire reconnaître ses quartiers de noblesse à cet instrument réputé, à juste titre, difficile, mais par ailleurs hautement intéressant, ne serait-ce que par l’étendue de la tessiture qu’il nous offre. Qu’on le frotte ou qu’on le pique, le violoncelle a toujours quelque chose à nous dire, parfois amusé, parfois triste, mais jamais insensible.

Associé sur cet enregistrement avec le pianiste Andy LaVerne, Mike Richmond poursuit ses introspections violoncello-jazzystiques avec la même réussite que ses précédents enregistrements avec Peter Zak. La finesse et la technique de jeu d’Andy LaVerne sont la garantie d’un soutien et d’une relance exemplaire et feutrée aux émouvants pizzicati du violoncelliste.

Bien sûr, on ne peut manquer aussi d’évoquer les bavardages constructifs entre le violoncelle et sa grosse cousine qu’est la contrebasse, surtout lorsque cette dernière est entre les mains de Jay Anderson, qui tient sûrement sa place sans ombre portée au jeu du maître de séance.

Privilégiant la formule du quartet pour mieux saisir l’épure de la sonorité de son instrument, Richmond se pose en soliste incontesté et nous permet de découvrir toutes les facettes linguistiques du chant de son instrument, particulièrement mis en valeur dans cette formule de jeu.

Presque entièrement consacré à la relecture de quelques grandes pages de Bill Evans, le cheminement de ce quartet pas tout à fait ordinaire nous entraîne sur ces routes tant de fois parcourues et que nous avons l’impression de redécouvrir grâce à l’ingénieuse ingénuité de ce faiseur de cordes qu’est Mike Richmond.