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Matthieu Saglio est en train de s’imposer comme l’un des grands – sinon le plus grand – des violoncellistes jazz français, et ce dernier album, enregistré live au Festival International Jazz de San Javier en Espagne en juillet 2021, vient le démontrer éloquemment.

L’artiste, formé au classique en France et installé à Valence en Espagne, s’est fait connaître en 2003, au sein du groupe qu’il crée alors dans cette ville, Jerez-Texas, albums et concerts remarqués par la critique, fusion de flamenco et de jazz. Nous avons eu la chance d’écouter cette formation en 2006 au Satellit Café à Paris, et avions été enthousiasmée par ce son nouveau, ce mariage entre la liberté du jazz, la passion du flamenco et l’intériorité de la musique classique. Et chaque nouveau concert de Matthieu Saglio, en solo ou en groupe, nous le montrait cheminant sur des sentiers nouveaux…
Le jeune Matthieu était pourtant venu à Valence en Espagne, l’année précédente, pour y compléter ses études d’ingénieur agronome… Mais la rencontre avec le flamenco fut « un vrai choc », comme il le confie, et la passion de la musique aura le dessus, si bien qu’un an à peine après son arrivée en Espagne, il choisit de devenir musicien professionnel.
En 20 ans, 5 albums et 500 concerts dans 25 pays, et avec des albums où le groupe se réinventait sans cesse, Jerez-Texas s’était hissé au rang des groupes-phares du « Nuevo Flamenco  ». L’artiste y était entouré de musiciens formidables, notamment Ricardo Esteve, ébouriffant à la guitare (flamenca!) et Isabel Julve avec son chant profond et passionné, dans la pure tradition flamenca.
Mais le jeune artiste n’allait pas en rester là : immensément curieux des musiques d’autres pays, et passionné par l’improvisation qui fonde les musiques traditionnelles dans nombre de cultures, le violoncelliste va multiplier les dialogues musicaux, les concerts et les disques, en invitant par exemple : le violoniste marocain Fathi Ben Yakoub pour un duo arabisant (album « Danza del Sacromonte ») ; un joueur de kora et chanteur mandingue, Abdoulaye N’diaye pour un dialogue de cordes douces (album « Diouke ») ; une guitare flamenca en duo – celle, énergique et pulsée, de José « el Piru » ; une violoncelliste jazz, Nes, qui chante aussi, en arabe, en anglais ou en français (album « Ahlam », qui veut dire « rêves » en arabe) ; etc.

Ce dernier disque « Live in San Javier » est ainsi le 14ème d’un artiste dont la passion est finalement la rencontre avec d’autres univers musicaux – en partant de son langage d’Occidental, en impros jazz ou en compositions aux accents baroques ou ravéliens… En ce sens, ce dernier opus résume à lui seul les passions musicales de Matthieu Saglio, en nous offrant des rencontres, aussi improbables que réussies, entre un piano-jazz délicat dans la pure tradition des clubs nord-américains (Christian Belhomme, subtil et délicat) ; un violon tsigane enflammé au parfum d’Europe de l’Est (Léo Ullmann, vif et inspiré) ; des percussions inventives comme toujours avec le génial Steve Shehan ; la mélopée poignante d’un griot mandingue (Abdoulaye N’Diaye, complice revenu ici) ; ou encore le chant gitan flamenco ( la voix sublime d’Isabel Julve). Tout cela baigné de classique, avec ici une mélodie de haute-contre comme surgie des siècles passés (Camille Saglio, frère de Matthieu), ou bien là, un solo de violoncelle absolument éblouissant, habité par l’esprit de Bach.
 Entre jazz, Séville, Bach, le Mali, et mille autres univers, réels ou imaginaires, voici donc un album somptueux, une heure et plus d’un bonheur musical qui n’est autre que celui éprouvé par cette bande de musiciens-amis à créer de la belle musique ensemble !
Interprètes:

Matthieu Sagliovioloncelle, voix

Steve Shehanpercussions

Christian Belhommepiano, claviers, voix

Léo Ullmannviolon

Invités :

Camille Sagliovoix

Isabel Julve, voix, dance flamenco, castagnettes

Abdoulaye N’Diayevoix

Carlos Sanchis, accordéon

Matthieu Saglio Quartet & guests, Live in San Javier 2021 est sorti sous le label Pulpito Records 
Pour consulter le site de Matthieu Saglio

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