Kjetil Mulelid – Agoja – Couleurs JAZZ

C’est une musique hautement chamarrée que nous propose ici le claviériste norvégien Kjetil Mulelid.

Selon les plages il varie les formules — du trio avec basse et batterie au sextet — et fait intervenir ici un violon, un saxophone et une trompette, là deux saxophones, ailleurs un vibraphone en passant, quant à lui, du piano acoustique au Wurlitzer, au Fender Rhodes ou au synthé.

Il en résulte une grande variété de couleurs et les divers invités participent pleinement à la pâte sonore dont l’homogénéité est assurée par le fait que, sauf pour un titre, les compositions sont toutes de la plume du leader.

Celui-ci cultive une veine cantabile et la plupart de ses thèmes sont chantants voire hymniques sans que cette tendance aille jusqu’à la chansonnette.

La basse tantôt acoustique tantôt électrique de Bardur Reinert Poulsen ne contribue pas peu à cette diversité de timbres, comme le choix de souffleurs à la sonorité particulièrement distinctive tels que Mathias Eick ou Arve Henriksen à la trompette et Trygve Seim au saxophone ténor.

C’est donc en partie un who’s who de la scène jazz norvégienne que Mulelid a convoqué ici et ces musiciens — par ailleurs leaders de leurs propres formations — se sont pliés à ce rôle de sidemen avec un plaisir palpable qui éclate particulièrement dans leurs interventions solistes.

On a donc au total une musique fort séduisante en surface mais également admirablement orchestrée dans ses soubassements et qui distille une pulsation d’un moelleux remarquable tout en mettant en valeur des mélodies habilement construites qui, par endroits, ne rendent pas nécessaire les solos tant le matériau mélodique se suffit à lui-même.