Antonio Farao – Tributes

De tous les pianistes italiens en activité (et ils sont nombreux : de Danilo Rea à Enrico Pieranunzi, de Stefano Bollani à Dado Moroni, de Franco D’Andrea à Giovanni Guidi, d’Antonello Salis à Nico Morelli ou de Giovanni Mirabassi à Stefano Battaglia…) Antonio Farao est sans doute celui qui se positionne le plus dans la tradition du piano jazz américain moderne, de McCoy Tyner à Chick Corea (dont il reprend ici « Matrix »).

C’est dire qu’avec lui l’exubérance swingante et la virtuosité pyrotechnique sont une seconde nature. Doté d’un bagage technique impressionnant dont il fait un usage sinon modéré du moins pertinent, ce pianiste est souvent plus brillant que profond mais cette propension à aller vers l’extrême sonne toujours avec une désarmante sincérité.

Farao est ainsi fait et la générosité harmonique et mélodique qui le caractérise n’a jamais rien de gratuit. Il n’est donc pas étonnant que pour ce premier enregistrement pour le label Criss Cross il ait choisi des accompagnateurs du calibre de John Patitucci et Jeff Ballard qui nous renvoient à Chick Corea, Brad Mehldau et Wayne Shorter (à qui Faraodédie une de ses compositions).

En si bonne compagnie, le pianiste a tout loisir de proposer un discours chaleureux où dominent les thèmes up tempo — majoritairement de sa plume — que viennent ponctuer quelques morceaux plus lyriques et apaisés (dont l’un est joué en solo et un autre est dédié à Michel Petrucciani et à Didier Lockwood) où son toucher se fait plus tendre et son phrasé plus méditatif. Patitucci et Ballard sont évidemment — et comme d’habitude — irréprochables dans leur accompagnement et donnent à la musique une densité remarquable.

On se laisse donc volontiers emporter par ce torrent musical dont le débit foisonnant est d’une grande richesse. C’est un peu plus d’une heure de musique que l’auditeur est invité à partager avec trois musiciens dont le plaisir de jouer est contagieux.