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Du jazz made in Turquie, l’occasion est assez rare pour mériter quelques lignes. Toutefois, le leader de ce quartet n’est pas un parfait inconnu pour autant puisque le pianiste (et saxophoniste) Tuna Ötenel s’était déjà fait connaître il y a quelques années avec l’enregistrement en trio avec les français Pierre Michelot et Philippe Combelle (« Vian Kopugu – L’écume de Vian » distribué par Aura Productions en 1998).

Tuna Ötenel, né en 1947 à Istamboul a commencé par le piano puis s’est intéressé ensuite au saxophone dont il joue de l’alto, du ténor et du soprano. Bien qu’ayant effectué sa carrière principalement en Turquie, il a néanmoins accompagné de solides noms comme Benny Carter, Harry Sweets Edison, Hilton Ruiz, Buster Williams, Herbie Hancock, Peter King, Pierre Michelot, Philippe Combelle, and Jean Loup Longnon entre autres.
D’une signature résolument hard-bop, ce quintet se signale par la qualité des interprètes dont la dynamique d’ensemble n’est pas sans rappeler des temps Messengers. Se permettant même quelque incursion dans le genre latino (Eski Gûnler), le quintet nous emmène aussi sur des standards (« I Wished on the Moon) sur lequel le leader délaisse les touches du piano pour s’adonner aux clefs du ténor. On retrouve sa sonorité très envoutante sur la ballade « Rihtim Caddesi ». La guitare, même dans la discrétion, est un soutien actif de la basse quand elle ne s’amuse pas à quelques contre-champ de la trompette ou la remplace carrément dans certains soli.
Justement cette trompette, Imer Demirer, brille particulièrement comme soliste avec des influences marquées chez Claudio Roditi, en témoigne ses trilles ultra-rapides en fin de phrase (« Polonya ») mais aussi sa lecture à la trompette sourdine sur le titre éponyme.
Très partagé en interventions, cet enregistrement donne à chaque musicien l’occasion d’être un soliste et en même temps un entraineur de sons. Soutenus par une basse très présente, le quintet délivre un jazz assez traditionnel dans le genre mais avec un brin de feeling en plus, et ce n’est pas ici un truisme à l’écoute du saxophone d’Ötenel et des perles brillantes de la guitare. »Waltz ‘79″. Enfin, il faut se repaître du morecau « Imbat », tout entier consacré au piano solo pour mesurer l’étendue de la créativité de Tuna Ötenel.
Des morceaux assez longs dans l’ensemble, mêlant intimisme et brillance, nonchalance et électricité, blues et bop, bref un petit real book qui signale ce quintet dont l’aventure aurait mérité plus d’audience. Bien que récemment distribué en France, le disque date de 2005.
Jazzman trop méconnu en France, Tuna Ötenel et ses formations soignent et signent toujours un hommage à cette musique en gardant un respect et une fraicheur d’âme comme si quelques rives de l’Hudson se prolongeaient dans le détroit du Bosphore.

Personnel :

Tuna Ötenel, piano, saxophone

Imer Demirer, trompette

Neset Ruacan, guitare

Kürsat And, contrebasse

Ates Tezer, batterie

 

 

 

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