Pour reprendre un monument de Georges Brassens, dont Thierry Maillard est un éminent connaisseur (cf. son dernier album piano solo « Alone« ) : « La bandaison papa, ça n’se commande pas ! »
Avec un tel big band, constitué de 15 pilotes chevronnés, tous des as dans leurs spécialités, c’est voyage vers le 7ème ciel, direct et sans escale. L’extase des neurones, dès « Ecstatic« .
Le chef de bord a du génie, l’homme respire la musique, inspire le jazz d’aujourd’hui. Il compose avec une facilité naturelle, multiplie les projets, fonde dans le même temps Ilona Records, l’un des labels les plus créatifs, ouvert au Jazz sous toutes ses couleurs comme à la musique classique.
Et le résultat est là. Sans doute son plus beau fleuron.
Attachez vos ceintures, préparez-vous au décollage : Le voyage s’intitule : « Pursuit of Happiness ».
Ce voyage est comme les départs en vacances de notre enfance, à la poursuite de notre bonheur, fait de surprises, mais aussi de routines, de souvenirs. ne cesse-t-on de chercher à retrouver ces moments ?
Le pari de ce projet un peu fou était de réunir 15 individualités fortes, 15 musiciens tous leaders, mais qui n’avaient évidemment jamais joué tous ensemble. C’est donc une première!
©Photo Sylvie Durand.
Et la première étape fut pour Thierry Maillard d’écrire la trame de huit compositions originales qui sont en quelque sorte la synthèse de ses influences et de son vécu de musicien – tout de même 14 albums à son actif en une vingtaine d’années ! Puis la seconde étape fut d’inviter ses amis à participer au projet et d’apporter autant de touches de couleurs différentes, avec comme exigence, de faire sonner l’ensemble parfaitement, comme si ce big band était rôdé à l’exercice et tournait depuis des années.
Encore une fois, on trouve là l’essence même du jazz : un travail de création et d’écriture en amont, de l’improvisation en veux-tu, en voilà, puis un formidable interplay, servi par des talents exceptionnels dans l’exécution.
Du Jazz qui groove, du lyrisme, du romantisme, du swing… Sans négliger les mélodies magnifiquement ciselées. De quoi enchanter un très large public de mélomanes, comme les spécialistes les plus pointus et les plus exigeants.
Cette musique fourmille de découvertes, de moments palpitants, de créativité. On a parfois comme une envie de pleurer… de bonheur, tellement c’est beau. L’émotion ! Évidemment… La seule chose qui compte finalement, à propos de cette musique que d’aucuns veulent encore trop souvent intellectualiser.
Quelle géniale idée, également, que d’avoir invité Médéric Collignon à inscrire son empreinte, poser sa pierre, dans le ciment frais de cette œuvre architecturale. Il use du cornet et de sa voix si incroyable dans « Diverging »et « Albatros ».
Je crois que l’on perçoit le bonheur vécu par les musiciens qui se retrouvèrent dans un cadre de rêve : le Studio Recall de Philippe Gaillot, à Pompignan, sur les contreforts des Cévennes.
C’est une habitude que de citer les musiciens qui participent à un disque de jazz. Ici c’est encore plus nécessaire. Autour de Thierry Maillard au piano, nous avons une section rythmique, composée d’Hadrien Féraud à la basse – remarquable solo d’entrée dans « Diverging »- et Yoann Schmidt à la batterie. Les trois forment l’ossature du projet.
Cinq cuivres décochent leurs flèches tout au long de l’album : Claude Egéa à la trompette dans « Modern Times« , David Enhco au bugle dans « Unknown Planet« , Sébastien Llado et Daniel Zimmermann aux trombones dans « The Dream is Over », puis tous ensemble dans le bouquet final : « Albatros ». Sans oublier Didier Havet au tuba.
Ensuite viennent six bois aux couleurs chaudes : Ludivine Issambourg à la flûte alto dans « Hurricane », Christophe Zoogonès à la flûte dans « Modern Times », Stéphane Chausse qui s’est déplacé avec ses clarinettes et son saxophone alto, et que l’on retrouve en particulier dans « Diverging », Lucas Saint-Cricq aux saxophones alto et baryton dans « Albatros », et enfin le saxophone ténor de Samy Thiébault dans « Hurricane ».
« Pursuit of Happiness » est un album à écouter souvent, encore et encore, afin d’en percevoir toutes les subtilités, toute la richesse.
Nous faisons le pari que cet album marque une étape, s’inscrit avec force dans ce jazz du XXIème siècle, qui ne cesse de se réinventer.
Il contribue à nous rendre heureux d’aimer le jazz et de faire notre métier qui est de le faire connaître au plus grand nombre.
Il serait temps de consacrer Thierry Maillard pour l’ensemble de son œuvre et cet album en particulier, non ?
Et de suite une suggestion : A quand le volume II ? Nous sommes impatients.
Écoutons l’abus sans plus attendre…:
Concert de sortie d’album à l’Athénée, le 3 mai à 20H.
Concert à Musicora le 3 juin à 14H sur la Grande Scéne et dédicace en présence des musiciens au Club Couleurs Jazz à 15H.
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