Pierrick Pédron & Gonzalo Rubalcaba – Pédron Rubalcaba

Le son du saxophone le soir au fond d’un piano ou quand deux solistes soliloquent de concert, voilà ce que nous propose Pierrick Pédron à l’alto et Gonzalo Rubalcaba aux touches noires et blanches. Histoire d’un duo presque improbable entre un sax breton et un piano cubain, la rencontre se passe à New-York.

Mise en valeur des instruments et croisement des pensées musicales pour une rencontre qui se joue des joutes et explore pour chacun et ensemble des revisites de standards avec un esthétisme de découvreurs plus que de défricheurs. C’est en effet bien plus qu’une relecture que nous livrent les deux compères, mais un foisonnement de sons qui se croisent entre attentisme et délire.

Associer Sidney Bechet, Carla Bley et Jerome Kern, il fallait oser et les arrangements signés du pianiste Laurent Courthaliac n’y sont pas pour rien. Au jeu des questions-réponses entamé sur ces pages à rafraîchir, chacun glisse une épingle dans le jeu de l’autre et le fil se dénoue dans une complicité aboutie qui se perçoit dans un marasme qui devient finalement harmonique.

Fermons les yeux et imaginons un instant une rencontre entre Monk et Roland Kirk.

Volubilité et silence, tempête et calme, révolution et tradition, tout est dit dans le double discours des musiciens qui n’en feraient presque plus qu’un, à l’image de cette symphonique interprétation du Lawns de Carla Bley.

Si tu vois ma mère de Bechet fait penser par instant à Stan Getz et Kenny Barron époque People Timeet le Dreamsville de Mancini à Marion Brown et Mal Waldron époque Much More.

Deux duos piano-saxophone d’excellence qui ont laissé leur marque dans le jazz et auxquels on pourra ajouter aujourd’hui celui de Pédron-Rubalcaba.