Utopies jazzistiques – Portraits choisis de Thelonious Monk à Michel Petrucciani de Philippe Hansebout – Éditions L’Harmattan, 2023.
Philippe Hansebout découvre le jazz à l’âge de treize ans. C’est une révélation et très vite une passion. Il écoute des émissions de radio, dévore les revues Jazz Hot et Jazz Magazine, assiste à des concerts et constitue avec ardeur sa discothèque.
Puis vient le temps des conférences et de l’écriture avec un hommage funèbre consacré à la mémoire du contrebassiste Jean-François Jenny-Clark. Ce sera le premier des vingt-trois portraits de son livre intitulé » Utopies jazzistiques « .
On y trouve des anecdotes de première main et une analyse finement argumentée du jeu de jazzmen comptant parmi les favoris de l’auteur, porté de par ses goûts personnels, vers le jazz européen des années soixante-dix et quatre-vingt. Ceci nous vaut des rubriques pertinentes sur Martial Solal, Michel Portal, Daniel Humair dont les carrières ont allègrement traversé ces deux décennies, mais aussi sur des figures intemporelles du jazz comme Thelonious Monk, Bill Evans, Stan Getz, Charles Mingus ou Miles Davis. Toutes portent en préambule une citation qui éclaire la personnalité du musicien. Ainsi les vers étrangement prémonitoires de Gérard de Nerval ouvrant le chapitre consacré à Chet Baker « El Desdichado« .
Débordant d’un cadre strictement jazzistique, prennent place ici des considérations sur le cinéma, la littérature, la poésie et la philosophie, qui donnent encore plus de force à un récit nourri par la grande culture de l’auteur.
Porté par la sensibilité d’un amateur sincère, cet ouvrage écrit d’une belle plume est agréable à lire et riche en enseignements. On découvre ainsi que Sonny Rollins a appris le procédé de la respiration continue auprès de Buster Bailey, un grand styliste de la clarinette qui œuvra, au cours des années d’avant-guerre, dans l’orchestre du contrebassiste John Kirby.
Le livre d’un passionné du jazz.
©Photo header Couleurs Jazz
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