Quand Euterpe rencontre Calliope, ce pourrait être l’histoire du dernier disque de Paolo Fresu, inspiré par Lawrence Ferlinghetti, poète américain de la Beat Generation et compagnon de route d’Allen Ginsberg et de Jack Kerouac.
Si Ferlinghetti estimait qu’un poème est toujours un coup frappé à la porte de l’inconnu, Paolo Fresu nous ouvre ici cet inconnu en le traduisant par le souffle.
Qui mieux que la trompette sourdine et le bandonéon ne pouvait s’associer pour rendre cet ode à la poésie. Ces souffles moelleux partagés dans un élan intime rendent toute la profondeur du projet et assimilent les notes échangées aux rimes embrassées.
Soutenus par un pianiste et un bassiste qui mêlent leur curiosité ouatée aux pas poétiques posés sur la partition, le quartet réunis ici par Fresu vient conter une histoire qui à l’instar de celle déjà contée pour Chet Baker (le disque Tempo Di Chet), renouvelle l’expérience de la monographie stylistique musicale.
Soliloques conjugués (Ferlinghetti), inspirations classiques (The Macaronis Scene), traits nostalgiques (Where Books Were Trees), danse curieuse (Island of The Mind), recueillement d’adieux (Back Roads To Far Places) c’est aussi un morceau de film italien qui défile à nos oreilles.
Tout dans cet enregistrement confiné au souffle délicat des sons, à la liberté des évocations, impose une écoute révérencieuse qui permet d’autant la découverte d’un moment de poésie musicale tout à la fois inventive et surannée.
Un grand coup de chapeau à ces quatre alchimistes du jazz qui pourront y planter leur plume de poète.
Personnel :
Paolo Fresu : trompette, bugle, effets
Dino Rubino : piano
Marco Bardoscia : contrebasse
Daniele Di Bonaventura : bandonéon
Produit par le label Tuk Music (2022)
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