Il n’y a bien que les media pour parler de chocs des cultures. Où a-t-on vu que des artistes et des musiciens en particulier brandiraient leur art comme un étendard pour s’affronter, s’entre-choquer ?
Ici donc, dans le projet Orient-Occident, il ne s’agit pas de choc -sinon celui, émotionnel, ressenti par le public- mais de rapprochements, d’écoutes, d’attention, donc plutôt d’une sorte de mariage libre des cultures. Les six musiciens méditerranéens (on reviendra sur ce point de géographie…), sous la direction artistique de Mahmoud Chouki (Maroc), venant tous de cultures méditerranéennes différentes, se sont réunis autour d’un projet musical au château Mercier, situé dans la bonne ville de Sierre, dans le Valais Suisse.
Chaque musicien a proposé au groupe, qui une musique traditionnelle de son pays, qui une composition originale représentative de sa sensibilité.
L’ensemble du groupe s’est mis alors au service de chacun pour ajouter à l’œuvre commune ses propres touches de couleurs avec des arrangements appartenant à sa culture.
Le résultat au delà de cette idée si simple qu’elle est géniale est un album coloré, sensible et puissamment émotionnel.
En effet, ce n’est pas un simple exercice de style : la virtuosité des instrumentistes est mise au service de l’émotion pure, et l’on ne peut que souhaiter que de nouveaux chapitres viennent bientôt compléter ce premier album.
Les thèmes sont arabo-andalous grâce à Mahmoud Chouki ou inspirés des rebetiko grecs : on découvre avec bonheur le Kanoun, sorte de cythare, grâce au jeu aérien d’Eleftheria Daoultzi ou des musiques traditionnelles arméniennes, israéliennes ou crétoises. Le swing jazz est apporté par le violon d’Aurore Voilqué ou la contrebasse de Samuel Pont, des incursions sont même autorisées dans l’univers du tango Argentin, grâce à Stéphane Chapuis à l’accordéon. La rythmique est complétée par Ahmet Misrili, qui ponctue les mélodies de sa science des percussions turques.
Un voyage méditerranéen, qui invite à méditer sur ceux qui prônent la fermeture des frontières, donc des esprits.
Profitons-en aussi pour mentionner qu’il ne s’agit pas d’une erreur ni d’un enthousiasme débordant qui nous fit qualifier la Suisse de pays « Méditerranéen ». Car étymologiquement, la Méditerranée est une mer intercontinentale presque entièrement fermée, bordée par les côtes d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie… donc Orient et Occident. Le terme « Méditerranée » vient du latin « mediterraneus » qui veut dire « au milieu des terres », sous-entendu « du monde connu ». Donc les quelques pays dans le monde -et très peu en Europe- qui sont entourés exclusivement de terres sont dits méditerranéens… Donc la Suisse en fait partie, bien qu’elle n’ait pas de port en eaux salées. (C’est d’ailleurs peut-être pour cela que la Suisse a déjà remporté la Coupe de l’America ?! … Mais on s’éloigne)
Pour en revenir à nos musiciens : achetez ce disque, allez écouter ce groupe en concert… par exemple au Café de la Danse, Paris
Le 2 février 2017, à 19H30 – début du concert 20H, voir sur le site couleurs Jazz, à la rubrique Agenda :
Line Up :
MAHMOUD CHOUKI – Guitare & Chant (Maroc)
AHMET MISIRLI – Percussions (Turquie)
ELEFTHERIA DAOULTZI – Kanun (Grèce)
AURORE VOILQUÉ – Violon & Chant (France)
STÉPHANE CHAPUIS – Accordéon (Suisse)
SAMUEL PONT – Contrebasse (Suisse)
COMMENTAIRES RÉCENTS