Du jazz, une fois n’est pas coutume, inspiré non par des maîtres de ce genre musical centenaire (Louis, Armstrong, Duke Ellington, Miles Davis.. La liste est longue), ou par la pop music, mais par des auteurs et des maîtres de la musique classique de Sergueï Prokoviev, en passant par György Ligeti, Béla Bartòk ou encore Roger Calmel (paternel du leader de ce projet) n’est pas la chose la plus courante.
L’idée de créer du jazz à partir du répertoire classique est une tentation dont la chimie n’opère pas à tous les coups. Comme toute expérimentation chimique. Ici pourtant la métamorphose est parfaitement réussie. Peut-on parler de fusionnel ? Oui le terme Jazz-fusion est plus souvent utilisé entre rock et jazz, ici il opère entre jazz et classique.
Le premier album « Immatériel » sorti en 2017 d’Olivier Calmel – Double Celli fut déjà accueilli avec surprise puis enthousiasme par le public et la critique. La symbiose entre musique de chambre et improvisation coulant comme de l’eau de source, pour notre plus grand enchantement.
Olivier Calmel – Double Celli réitère de la plus belle des façons, une deuxième fois, une œuvre entre musique classique, musique de chambre, et improvisations parfaitement jazz. Rigueur et finesse de l’écriture, liberté des interprètes dans l’improvisation, interplay propre à ce groupe tout à fait atypique.
Pour réussir une telle prouesse, il est certain qu’il faut savoir s’écouter et parler plusieurs langues, dont le jazz en particulier. Le concert au Studio de l’Ermitage le 31 mars dernier en a apporté une seconde preuve éclatante et jubilatoire.
Notre confrère Guillaume Lagrée, par ailleurs animateur de l’émission au nom de son blog, le Jars Jase Jazz, sur Couleurs Jazz Radio, fait un compte rendu détaillé de ce concert mémorable, dont je vous livre le premier paragraphe :
Le sextet attaque tout de suite. Par le titre album » Métamorphoses « . C’est le concept. S’inspirer en les transformant des oeuvres de ses compositeurs préférés: les Russes Serge Prokofiev & Igor Stravinsky, les Hongrois Bela Bartok & Giorgy Ligeti, le Français Roger Calmel, père d’Olivier. Leurs portraits figurent sur la scène du Studio de l’Ermitage comme des totems protecteurs. Le sextet est composé de deux instruments à percussion; piano & batterie et d’un quatuor à cordes. Pas de contrebasse mais Clément Petit se charge de la pulsation au violoncelle. Pour le profane comme moi, ne jamais oublier que l’alto est plus grand, plus gros, plus grave que le violon. C’est parti comme une course de traineaux dans la neige. (Vous pouvez en lire la suite ici)
Un mot sur le choix des acteurs et des instruments : Double Celli, c’est tout simplement Johan Renard au violon, Frédéric Eymard à l’alto ainsi que Xavier Philips (qui vient de la musique classique) et Clément Petit aux violoncelles. Voilà qui n’est pas courant et qui nous fait un drôle de quatuor à cordes !
Clément Petit assure le rôle de la contrebasse avec son violoncelle de manière étonnante ! Et la paire qu’il forme avec Antoine Banville à la batterie est d’une précision toute horlogère. Délicatesse de la pulse, métamorphose des rôles.
Tant de surprises réunies concourent toutes à notre ébahissement.
La musique elle-même est parfois joyeuse et très dansante, et parfois nostalgique mais point trop. Elle rebondit toujours et vous entraine inexorablement vers la joie. C’est fort comme la musique savante et reste toujours très éloignée de la démonstration (…chiante).
Résultat : notre plaisir rejoint forcément celui, visible, des six musiciens.
Restez attentifs aux prochains concerts live de ce sextet d’exception. En attendant achetez le disque de la maison Klarthe. Un label de musiciens pour mélomanes avertis. Donc un enregistrement forcément très soigné, (par le studio Sexton au nom prédestiné).
Vous pouvez également l’écouter sur votre radio préférée Couleurs Jazz Radio, où les différents thèmes sont depuis la sortie de l’ album, en sélection.
Personnel :
Olivier Calmel, piano, compositions
Johan Renard, violon
Frédéric Eymard, alto
Xavier Phillips, violoncelle
Clément Petit, violoncelle
Antoine Banville, batterie & percussions
©Photos Nathalie Courau-Roudier
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