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Actualité

Monte-Carlo Jazz Festival 2017

Par 3 décembre 2017décembre 5th, 2017Aucun commentaire

Le Corea/Gadd Band en terre princière

Chaque année, à la fin du mois de novembre, les ors du magnifique Opéra Garnier de Monte-Carlo, où trônent les illustres noms de Gounod, Rossini, Verdi ou encore Mozart, résonnent durant quelques soirées aux sons du jazz.

Et comme pour les éditions précédentes depuis sa création en 2006, c’est à son programmateur, Jean-René Palaccio, par ailleurs Directeur artistique de la Monte-Carlo Société des Bains de Mer, que l’on doit des idées lumineuses quant au choix des artistes invités.

©photo Andrea Flammingo, ainsi que photo de couverture.

Et parmi eux en ce millésime 2017, le Corea/Gadd Band, qui donnait ce soir-là le dernier concert de sa tournée. Désormais largement septuagénaires, les deux musiciens se connaissent depuis des lustres. Le premier, Chick Corea (76 ans) ayant côtoyé le second Steve Gadd (72 ans), à plusieurs reprises au cours des décennies 1970/1980. Aujourd’hui, l’éminent claviériste et le démonstratif batteur codirigent un super groupe comprenant le toujours impressionnant Lionel Louéké (guitare), Steve Wilson (saxes/flûtes), Carlitos Del Puerto (contrebasse/basse électrique), Lusito Quintero (percussions)  et viennent d’enregistrer « Chinese Butterfly » (à paraître le 19 janvier). C’est donc en grande partie le répertoire de ce nouvel album qu’ils ont présenté sur la scène monégasque. Des compositions originales pour la plupart dues à la plume de Chick Corea, à l’exception d’un thème assez phénoménal écrit par John McLaughlin (qui pour la petite histoire réside à Monaco !), baptisé « Chick’s Chums ». Et des compositions qui renvoient étonnamment aux années de braises du jazz-rock et du jazz fusion quand des formations comme « Return To Forever » du claviériste régnaient sur la planète jazz.

Une musique d’aujourd’hui qui évoque le passé, qui reprend le passé là où il s’était presque arrêté, une musique très climatique harmoniquement et colorée rythmiquement, aux mélodies « classiques » de la fusion, avec les traditionnelles « espagnolades », qui, irrésistiblement, invite le spectateur/auditeur à chanter, à taper dans les mains ou à rythmer ces thèmes binaires et rockisants. Si l’on peut regretter les trop longs soli de batterie, certes excellents techniquement, une mention spéciale pour – outre la qualité des interventions du pianiste – le guitariste Lionel Louéké, qui s’est révélé être également un vocaliste charmant. A une époque où le clonage est devenu une religion pour toute une génération de nouveaux jazzmen, il est plaisant de constater que des figures historiques reprennent l’histoire là où ils l’avaient abandonnée pour poursuivre leur chemin et refaire du neuf excitant.

Démonstratif Dhafer Youssef

A la tête d’un quartet comprenant la fine fleur du jazz new-yorkais – le très bon Aaron Parks (piano), Joe Sanders (contrebasse) et Justin Faulkner (batterie) – on était en droit d’attendre une autre prestation que celle de l’oudiste, vocaliste et compositeur tunisien, Dhafer Youssef, en première partie du Corea/Gadd Band. Très (trop !?) démonstratif, bavard jusqu’à l’ennui et surtout l’inutile – pourquoi invoquer par exemple dans ce temple monégasque des effets religieux qui tombent à plat ? Pourquoi ajouter une pointe de provocation devant le public très particulier de la Principauté ? – frisant le ridicule. Quant à la musique, elle s’est résumée à une démonstration dépourvue d’âme et d’émotion aux confins du show. Avec autre un regret, quasiment aucune place laissée pour l’intervention des accompagnateurs, dont le pianiste Aaron Parks. A reléguer aux oubliettes !

© photo Marie-Eve Colonna.

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