Relativement inconnu en France, ce génial bassiste allemand, instrumentiste et compositeur expatrié aux États-Unis, à la fois prolifique et éclectique, nous livre ici son nouvel opus toujours charpenté par une contrebasse qui se fait leader, un vrai disque de contrebassiste qui n’hésite pas à redonner ses lettres de noblesse au jeu à l’archet (Peace Waltz notamment)
Entre compositions personnelles et quelques discrets standards, Martin Wind promène ses doigts et son archet sur des lignes de basse conquérantes pour fêter ses vingt-cinq ans de Big Apple durant lesquelles il a accompagné du beau monde, si on en juge par ses collaborations nombreuses.
Et pour ce quasi-inconnu sur le sol de notre vieille Europe, pas inutile, pour une fois, de jeter un œil sur la liste de ses collaborations qui figurent sur sa bio et qui parlent pour lui : Guidon Kremer, Christoph Eschenbach, Mstislav Rostropovitch, Lalo Schifrin, Monty Alexander, Pat Metheny, Clark Terry, Mark Murphy, Slide Hampton, Toots Thielemans, Buddy DeFranco, The Metropole Orchestra, Radio Big Bands Cologne, Hambourg, Francfort et Berlin, Michael Brecker, Randy Brecker, Eddie Daniels, Curtis Fuller, Phil Woods, Bud Shank, Johnny Griffin, Bucky Pizzarelli, Mike Stern, Larry Goldings, Johnny Mandel, Frank Wess, James Moody, Hank Jones, John Scofield, Sting, Ann Hampton Callaway, Michel Legrand, Mulgrew Miller, Anat Cohen, Benny Green, Vanguard Jazz Orchestra et d’autres encore. Fermez le ban !
Pour le côté « people », mentionnons que le titre du disque s’adresse à son Astorian Queen qui n’est autre que Madame Wind à la ville.
Quinzième album pour l’occasion avec un quartet tout à la fois épuré et en verve, comme un oxymore qui caractérise la musique de Wind. Une grande présence d’un instrument habituellement assez effacé, qui donne ici une coloration très corde aux compositions de l’auteur comme à ses références instrumentales.
Enfin, il faut s’enthousiasmer à la performance du souffleur de service, multi-instrumentiste de surcroît, Scott Robinson, qui s’évertue au saxophone ténor sur « My Astorian Queen », « E Preciso Perduar » et « Out in P.A. », puis passe à la trompette sur « Mean What You Say » et « There’s a Boat », avant de poursuivre à la clarinette sur « Solitude » et de terminer au saxophone basse sur « Broadway ». Il y a du souffle et de l’élasticité des lèvres pour passer ainsi de l’embouchure aux anches et à noter l’utilisation du saxophone basse, très rare de nos jours.
Et on ne peut terminer sans évoquer les polyphonies digitales de ce fantastique pianiste que demeure Bill Mays et dont la présence sur ce disque subjugue encore le jeu de basse du leader.
Une grande nouveauté et un grand jazz. Duquel on sent l’âme au bout des doigts.
Personnel :
Martin Wind : contrebasse
Bill Mays : piano
Matt Wilson : batterie
Scott Robinson : trompette, saxophone ténor et basse, clarinette
My Astorian Queen est produit par le label – Laika Records (2021)
Très bonne vidéo de l’album à regarder ici.
©Photos Jeff Dunn
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