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En cette période de second confinement et en parallèle avec les dernières atrocités perpétrées par des intégristes bas du front, quel bonheur, quelle respiration que de pouvoir parcourir les salles de cette ingénieuse exposition !

Le talent du prolifique et précoce dessinateur passionné, nous apparait dans toute sa diversité, grâce à une mise en scène judicieuse, oeuvre de Jean-François Pitet, commissaire de l’exposition, ami de Jean Cabut et par ailleurs éminent membre de l’Académie du Jazz.

Car voici le prétexte pour vous présenter ici, l’exposition « Le Rire de Cabu » : le Jazz !

Le jazz est ce qui nous relie. Le jazz n’est pas seulement cette musique ahurissante, que vous pouvez écouter 24H/24 sur Couleurs jazz Radio (entre-autres) C’est également la Liberté d’Expression, l’universalité du langage, la communication, l’impertinence parfois. Les parallèles sont flagrants.

L’humour et le rire sont en revanche des composantes qui appartiennent davantage au dessin de presse et à l’univers de Cabu en général qu’au jazz lui-même. Mais cela arrive parfois dans le jazz aussi, que l’on puisse rire. 

Cabu a fait rire pendant plus d’un demi siècle, des générations entières de bipèdes du plus jeune âge à celui qui atteint l’âge canonique. Il a croqué la société sous tous ses traits, grotesques, stupides, formels. En homme libre, il a haussé haut et érigé comme art, le dessin de presse.

Dans la vidéo qui suit, (non présente sur le site de cette exposition) prenez le temps d’écouter Cabu parler, chanter, rire, répondre aux critiques des journalistes du Figaro, et à la phrase, peut-on rire de tout…

Ce grand journaliste et ses compagnons de « Charlie Hebdo, du Canard Enchaîné, … est l’honneur de la presse dont le rôle est d’informer, dénoncer, témoigner de l’absurdité de nos sociétés (ce qui ne saute moins aux yeux quand on écoute BFM et nombre d’autres médias qu’il serait vain de citer tous ici).

350 dessins, des oeuvres originales, dont de nombreux inédits sont exposés dans plusieurs salles thématiques qui mettent en avant l’immense talent des oeuvres de Cabu.

Le classement par thèmes de combats de Cabu, rend la visite passionnante : l’écologie, le pacifisme, la liberté d’expression… Puis la genèse de l’oeuvre par une mise en avant des débuts, des dessins de jeunesse de l’artiste. 

Le cheminement (comptez bien 2 ou 3 heures profiter pleinement) est organisé autour de 5 thèmes d’inspiration cabusienne.

– Les personnages de Cabu : Le Grand Duduche, le Beauf, qui évolue suivant les époques mais reste au fond le même, Dorothée, en souvenir de ses émissions sur France Télévision, Catherine et l’Adjudant Kronenbourg pour célébrer l’Armée.

– La France de Cabu, sous toutes ses facettes, et en particulier les femmes, les jeunes, la société de consommation.

– Les Présidents  : de Vincent Auriol à Emmanuel Macron.

– Les People de Cabu, que nous avons en commun de trouver ridicules ou ignobles, de Johnny à Zemmour…

– Les Combats de Cabuet principalement l’écologie, le pacifisme et la liberté d’expression, 

puis 3 environnements qui lui sont propres : 

– son trèfle Citroen qui ouvre et ferme l’exposition, 

– la transmission, ses méthodes pour dessiner, pour caricaturer, 

– et son Panthéon, les grands dessinateurs et peintres qui l’ont inspiré.

Un voyage hors du temps, drôle, joyeux, impertinent, qui devrait être montré, surtout par les temps qui courent, à tous les enfants (aux adultes aussi !) dans toutes les écoles de France.

Nous avons demandé à Jean-François Pitet de commenter ce formidable dessin qui résume de façon si fulgurante le combat des Noirs d’Amérique du Nord et qui nous rapproche forcément du jazz : 

Interview :

  • Jacques Pauper : Jean-François Pitet, que pouvez-vous nous dire sur ce dessin en particulier ?
  • Jean-François Pitet : Eh bien ça c’est le grand délice de Cabu, que de s’amuser à regrouper un panthéon de jazzmen qu’il adorait, au premier rang duquel on retrouve forcément Cab Calloway, mais aussi Dukee Ellington, Archie Shepp, Louis Armstrong, Dizzy Gillespie, Miles Davies, Mingus et alors ils sont tous réunis dans un bus qui est parti des champs de coton en passant par le Cotton Club, l’Apollon, Carnegie Hall pour arriver à la Maison Blanche… Et c’est un dessin porteur d’espoir, de celui que la communauté Afro Américaine a eu aux Etats Unis à l’élection d’Obama. Les Jazzmen ont ouvert la voix à Obama et c’est vrai au regard du jazz que tous ces musiciens se sont battus pour les droits civiques, parfois sans le savoir, un peu comme Monsieur Jourdain. Certains étaient plus conscients que d’autres, comme Miles Davies par exemple qui était plus actif dans le domaine des revendications, mais aussi Duke Ellington qui fait rentrer la musique Jazz au Carnegie Hall ! Ils sont donc des acteurs importants de cette bataille. Ce dessin joyeux représente un peu le côté « On the Sunny Side of The Street » ! qu’avait toujours Cabu dans l’oeil et dans l’oreille quand il s’agissait de parler de jazz.

(Le reste de l’interview est à écouter sur Couleurs Jazz Radio et en podcast…)

Une des citations de Cabu à propos du jazz* :

« Musique de libération, le jazz restera à jamais la musique de la délivrance… Chaque année, je n’ai jamais raté un concert de Duke Ellington, Count Basie ou Lionel Hampton… J’ai la nostalgie de ces moments de fête… Duke, Count, Cab… REVENEZ ! »

… Cabu… REVIENS !

 

 ©Dessins V.Cabut 

(*) : source « Cabu in Jazz »

Note pratique : L’exposition « Le Rire de Cabu » se tient à l’Hôtel de Ville , salle Saint-Jean, du 9 octobre au 19 décembre 2020 (sauf contre-indications confinementesques). L’entrée est gratuite, mais l’inscritption est obligatoire. Le prix à payer est d’attendre sous la pluie, que le contrôle des entrées veuille bien vous laisser entrer pour rire.

Remerciements à Anne Hidalgo et à Véronique Cabut.

©Photos Patrick Martineau / JzzM pour Couleurs Jazz media.

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