Mes pérégrinations viticoles m’emmènent plein sud, presque au pied des Pyrénées. Nous sommes en Gascogne, au sein de l’Appellation d’Origine Contrôlée Saint Mont, un terroir qui a retrouvé vie depuis 60 ans seulement !
Il nous faut cependant replonger un peu dans l’Histoire pour comprendre cette renaissance.
A l’ère tertiaire, la mer recouvre le sud-ouest. En se retirant au cours des siècles, elle favorise l’apport de sables fauves, une des spécificités de ce terroir. Il y a 7 000 ans, les lambrusques, la vigne sauvage de nos ancêtres, apparaît. Puis c’est au moyen-âge que les pèlerinages sur les chemins de Compostelle, traversant ce territoire, favorisent la dissémination du cépage Fer Servadou, avec pour conséquence un accroît d’intérêt des locaux pour la vigne.
Mais à la fin du XIXe, le cataclysme du Phylloxera désorganise complètement la viticulture. Heureusement que le vignoble reculé de Saint Mont conduit une apparition tardive de l’épidémie, les terroirs de sables fauves préservant des parcelles.
Le début du XXe voit l’organisation de la mise en marché de l’Armagnac se faire au détriment du vin. A la fin des années 50, profitant des difficultés de vente de l’armagnac, les caves coopératives de Saint-Mont se créent, suivi d’un syndicat de défense en 1957 pour produire un vin d’appellation simple « Côtes de Saint-Mont ». Il faut attendre 1981 avec le classement en VDQS pour le retour d’une volonté de développement avec des moyens ambitieux destiné à remettre une vigne en adéquation avec le territoire historique, en réintroduisant les cépages pyrénéens. Il reste d’ailleurs quelques bijoux : des parcelles centenaires disposant de vieux ceps d’avant la sélection clonale. Un conservatoire des cépages est ainsi créé afin de préserver leurs qualités historiques intrinsèques.
Ce patrimoine préservé est ainsi exceptionnel. L’organisation en coopérative pour mettre en commun tous les moyens non productifs permet aux vignerons de se concentrer pleinement sur leur culture de la vigne. Non sans penser à la musique puisque dès sa création en 1977, les vignerons accompagnent le Festival de Jazz in Marciac.
Dans cette ambiance très chaleureuse, nous bénéficions ainsi de très beaux vins dont je vous fais découvrir quelques pépites
Durant cette visite-dégustation nous avions à l’esprit ce 2:19 Blues par Winton Marsalis, un soir à Jazz in Marciac 2015…
Les Vignes Retrouvées – 2015
Un blanc pour commencer la dégustation, assemblé avec 70% de Gros Manseng, 20% d’Arrufiac et 10% de Petit Courbu. Une robe très claire, jaune pâle. Un nez charmé par les notes d’agrumes, dont le pamplemousse, pour un équilibre en bouche entre acidité et fruité.
Enchainons par les vins rouges.
Un Pas de Côté – 2014
Le plus « athlétique » en tannins, de par son assemblage de cépages Tannat, Pinenc et Cabernet Sauvignon. La culture en Bio apporte moins de densité et plus d’aromatique à cette cuvée. Une jolie robe, un nez fruité avec des tannins bien sûr, une puissance et une rondeur en bouche, permettant d’accompagner des viandes rouges ou un beau magret de canard.
Les Vieilles Vignes – 2014
Ce vignoble date de plus de 30 ans, permettant aux tanins de mûrir. La robe est soutenue, carmin. Le nez est agréable avec les tanins toujours présents expliquant l’amertume en finale, dans une bouche souple, gourmande avec des notes de noix poivrées. La dégustation avec un jambon cru Beurre noir de Bigorre est tout simplement idoine.
Monastère de Saint-Mont – 2010
Une sélection parcellaire de cépages Tannat, Pinenc et Cabernet Sauvignon. Une robe dense et sombre, un nez intense exprimant des fruits noirs et bien mûrs. La bouche est très agréable, c’est rond avec une présence de tanins dus à l’assemblage. C’est un vrai plaisir, le fruit est présent avec une légère amertume en finale.
La Madeleine – 2013
C’est une cuvée d’exception, issue d’une parcelle du XIXe siècle qui recèle une vingtaine de cépages dont sept sont encore inconnus, avec le Tannat en majorité. La robe rubis intense exhale des arômes de prune et de mûres, la bouche est veloutée et onctueuse avec une belle rondeur en finale. Un vrai régal.
Maison des Vins de Saint Mont : 200 vignerons cultivent 1200 ha sur 46 communes.
COMMENTAIRES RÉCENTS