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Jazz in Noyon 2023 vient d’éteindre les derniers spots de sa scène. Un Grand Festival par la qualité de sa programmation et les couleurs diverses qu’il défend. Un Festival aux moyens limités, vu que les aides et les financements sont difficiles à obtenir lorsque l’on est jeune. C’est également un petit festival, considérant ce qui vient d’être énoncé. Mais selon l’adage, Small is beautiful, ce fut une bien belle édition.

Pour sa 3ème édition Jazz in Noyon débuta sous les couleurs chatoyantes  de l’Ile de Cuba avec le grand Damian Nueva leader d’un quintet de haut vol.

Jeudi 12 octobre 2023

Le lancement officiel fut opéré par l’entrée sur la scène du Centre Culturel de Noyon par le Président et instigateur passionné de ce jeune Festival, Philippe Larédo et Baptiste Herbin, le virtuose saxophoniste, parrain de Jazz in Noyon 2023.

Philippe Laredo & Baptiste Herbin

Pour ce concert d’ouverture, le Festival fait salle comble. Le public de passionnés qui suivent régulièrement toute l’année les concerts de Jazz à Noyon proposés par Couleurs Jazz et organisés par Philippe Laredo réunissent un public de fidèles connaisseurs du jazz actuel, ainsi que pour ce concert d’ouverture, bon nombre d’Hispanophones, Latino-américains pour la plupart.

Damian Nueva Quintet

C’est un bonheur et un soulagement que d’accueillir Damian Nueva et son band en ouverture car il était déjà programmé l’année dernière quand une réminiscence du Covid décima une partie de l’équipe des organisateurs du Festival et empêcha le déroulement de la deuxième partie de l’événement. Enfin, cette année, Damian Nueva put donc se produire au grand complet.

Damian Nueva

Il apporta avec lui, la crème des musiciens, à commencer par Arnaud Dolmen à la batterie, une étoile plus que montante, puisque déjà arrivé à un sommet. Diego Lipnisky à la guitare, pour sa grande complicité et des rifs inimitables. Amar Chaoui, professeur de Derbouka et percussionniste magnifique, puis Carlos Mejias, saxophoniste cubain, pour qui la musique écrite par Damian Nueva est un terrain naturel.

Carlos Mejias & Diego Lipnisky

Le concert commence par une clavé (comme dans l’album Orisun), « Toda la Gente »

Les morceaux s’enchainent avec fluidité. Damian intervenant pour  narrer le contexte de ses créations, ses inspirations, sa culture , les femmes qui ont compté dans sa vie, à commencer par sa grand-mère ……. Les morceaux colorés s’enchainent « Esto es Tuyo ».  puis « Comentarios » les conversations continuelles et joyeuses de son quartier à la Havane, où les pipelettes sont légion et donnent leur avis sur tout. La guitare électrique aux effets Wah-wah de Diego LIPNISKY illustre parfaitement l’intention. Arnaud Dolmen est magistral, comme à son habitude.

Diego Lipnisky

« Viñales » est une ville au climat frais et humide, où règne un calme absolu, l’endroit idéal pour y fabriquer les célèbres cigares et également pour y trouver le calme, la sérénité et l’inspiration pour nos musiciens. Ce qui est l’occasion d’un magnifique duo entre Damian à la contrebasse et Amar Chaoui aux percussions.

Amar Chaoui

L’auditoire réagit pleinement à cette performance.

Autre révélation, Carlos Mejias au saxophone, inconnu de nos services jusqu’alors et qui remplace Baptiste Herbin présent sur l’album Orisun.

En cette saison de coupe du Monde de Rugby, je ne peux m’empêcher de penser à Super Antoine Dupont, remplacé magnifiquement à son poste par Maxime Lucu.

Les remplaçants permettent souvent une mise en lumière de talents différents. (la suite, au moment de publier ce texte, nous rappellera que Super Dupont ne peut pas tout, sur le terrain il y avait aussi un XVIème homme, venu de la perfide Albion. Ça peut tout changer…) 

Revenons sur scène et suivons donc attentivement Carlos Meijas !

Arnaud Dolmen fait alors chanter ses fûts pour ponctuer les chorus de Diego Lipnisky

Sur « Yéyéo » pièce que Damian a écrit pour sa femme (celle-ci nous confie l’auteur,  préfère pourtant un autre morceau de l’album nettement moins romantique)

Nous qui somme des fans de Damian et non sa femme puisque nous n’avons pas l’honneur de la connaître, nous aimons beaucoup ce morceau qui lui est consacré. Puis vient « Shango Oni Oni » celui-là même qu’elle apprécie davantage. Ça ne se discute pas. Madame est une femme de goût, incontestablement.

Ce premier concert du Festival se termine alors sous les ovations du public, conquis par le titre phare de l‘album, « Orisun »

Vous pouvez toujours l’écouter sur Couleurs Jazz Radio. Vous n’oublierez alors jamais ce très joli thème.

Xénos – Jovana Krstevska Srdjan Ivanovic.

Le concert commence par une complainte, a cappella, extrêmement touchante de Jovana Krstevska. Nous sommes plongé aux portes de l’Orient, dans la Balkans, colorés par la guitare d’Hugo Corbin, rapidement rejoint par la batterie du leader, Srdjan Ivanovic.

Srdjan Ivanovic

Robby Marshall à la clarinette ajoute une touche de couleur supplémentaire. L’homme a dû naître en Europe orientale lors d’une autre vie.

Robby Marshall

Le Jazz des Balkans possède une identité propre, fertile, poignante. Les tonalités rock du projet de Xénos apporte une énergie nouvelle et originale.

Xénos est un spectacle, autant qu’un concert. On ne peut qu’être fascinés par la gestuelle, la chorégraphie improvisée de Jovana, vêtue d’un pantalon de cuir noir, un strap asymétrique, une blouse colorée et chaussée de bottines de cuir noir, habillées de chaînes. A real Jazz style !

Jovana Krstevska

Comment peut-on qualifier cette couleur originale du jazz ? … Un jazz-rock balkanique moderne ?

De toute évidence, l’énergie du rock sur des mélodies puisées dans le folklore traditionnel des Balkans, et arrangées jazz par Srdjan Ivanovic envahit la salle.

Hugo Corbin

Xénos illustre là comment on se sent étranger partout, dans son pays d’adoption comme lorsque l’on retourne dans son pays natal. (On peut lire à ce propos, le livre de Vassilis Alexakis, Paris-Athènes) sorti chez Gallimard.

Jovana Krstevska chante en macédonien d’abord, en grec, en français, en serbo-croate, en anglais… Elle parle aussi parfaitement l’espagnol.

L’on mesure alors ce que la culture apporte, ce qui rapproche les hommes dans cette région qui s’est déchirée il n’y a pas si longtemps, comment la musique jazz en particulier rapproche et soude les hommes et les femmes de bonne volonté.

Le jazz possède également cette caractéristique qui oblige à écouter l’autre, à être attentif à ses phrasés musicaux, à ses intentions pour pouvoir lui répondre, le soutenir, le seconder. Les regards bienveillants des musiciens entre eux soulignent encore ces propos.

Le jazz, un pays sans frontières…

Vendredi 13 octobre 2023

Le Groupe Bloom – Trois voix, une contrebasse, une batterie.

Les musiciens :

Mélina Tobiana : voix

Léa Castro : voix

Laurence Ilous : voix et ukulélé

Arthur Henn : contrebasse

Ariel Tessier : batterie

Groupe Bloom

Les compositions souvent originales sont swing et soutenues par une rythmique impeccable et élégante. Il s’agit d’un jazz que l’on peut qualifier d’easy listening, mais uniquement dans le bon sens du terme. Un propos à prendre comme un compliment.  Parfois on tutoie la pop, celle de Sting par exemple avec le titre : « Shape of My Heart ». Mais cela reste de très bon goût. L’on assiste dans la salle à des balancements des fessiers sur les chaises, mais on reste dans l’ensemble très sages. Personne n’ose se lever pour danser devant ce vrai groupe, ce quintet qui n’est pas juste un trio plus une rythmique. Les garçons ont également souvent la parole et peuvent exprimer toute la finesse de leurs jeux.

Mélina Tobiana

Puis voici « Drinking or Driving » … (il faut choisir !) une superbe composition de Léa Castro… Qui n’a pas le permis. Mais boit-elle seulement et outre mesure ? Elle est, c’est certain dans le respect de la mesure et de la pulse, aidée et assurée par deux excellents rythmiciens qui qui sont aux commandes grâce à leurs mains et leurs baguettes expertes.

En résumé, un jazz vocal joyeux qui démarre par le titre éponyme « #1 » un scat à 3 voix de toute beauté. Puis Arthur Henn les rejoint.

Arthur Henn

Tout le monde connait le bruit en forme de clin d’œil qui court : « la foule en profite toujours pour bavarder pendant le solo de contrebasse… ». Mais là, justement pas !

Puis vient une incursion vers la soul, une pièce de très bon goût également, menée par Mélina Tobiana.

Puis suit une intro de toute beauté par Arthur Henn tout en artistiques harmoniques.

Un mot me vient : joyeuse élégance.

Pour le final, le standard, « Don’t Cry for Louis » qui ouvre l’album #1 finit de ravir le public noyonnais venu nombreux encore une fois.

François Poitou feat. Pumpkin

Musisiens :

  • PUMPKIN: rap
  • Olivier LAISNEY: trompette
  • Maxime BERTON: sax tenor
  • Stéphane ADSUAR: batterie
  • François POITOU: contrebasse

François Poitou a en partie caché son épaisse chevelure noire sous une casquette mi-rap, mi-baseball style.  

Cela fait plus d’une année que Couleurs jazz soutient et suit ce projet très original. Et depuis plusieurs années que nous suivons avec détermination les très différents projets de François Poitou.

François Poitou

Son dernier album jazz-rap est maintenant un fantasque véhicule parfaitement huilé. Les rouages sont rodés, les automatismes intégrés.

Les chorus d’Olivier Laisney à la trompette et de Maxime Berton au sax ténor déchirent, pour employer un langage d’jeuns.  Olivier a encore affiné ses traits.

Maxime Berton & Olivier Laisney

Quant à Pumpkin, elle navigue aujourd’hui comme un poisson dans l’au-delà du jazz concocté par François Poitou. L’une de ses plus réussies prises de parole à mon goût est sur le titre « Rue Daguerre », une composition à propos des joyeux cafés parisiens ayant retrouvé leur atmosphère si particulière après le confinement. Il n’était pas prévu d’intervention de Pumpkin sur ce titre (cf. l’album) Mais sur scène, ce soir-là, on se prend à le regretter, car son couplet découpe.

Nous vous invitons à écouter ou réécouter « Arômes Complexes » sur Couleurs Jazz Radio et ou sur les plateformes spécialisées. Ou encore à vous procurer l’album.

Samedi 14 octobre 2023

Slaven Ljujic Trio feat. Baptiste Herbin

Un deuxième concert sous les couleurs des Balkans pour ouvrir cette 3ème journée du Festival Jazz in Noyon !

Le trio du Monténégro constitué de musiciens avant-gardistes propose un jazz conceptuel riche d’innovations acoustiques tant au niveau de leurs libres compositions comme « Free » ou lors de reprises originales de standards. 

Slaven Ljujic

Le public de Noyon est enthousiaste dès le premier morceau et se laisse entrainer et surprendre par ces sons à la fois harmonieux, étranges, modernes.

De la pure improvisation, cela peut surprendre. C’est du vol sans filet. Cela exige beaucoup de concentration, Improviser seul lors d’un chorus sur une grille établie est une chose. Se lancer dans un morceau entier à trois… Difficile et réussi.

Tin Dzaferovic

Slaven Ljujic venu directement de Podgorica au Montenegro, plane au-dessus de ses fûts, heureux de retrouver ses compatriotes basés le reste de l’année à Vienne et à Berlin. Ils sont rassemblés là tous les trois, tout spécialement pour le Jazz in Noyon Festival dans le cadre du réseau « Jazz France-Balkans Network ». Ivan Marovic entraîne le public dans son jeu de guitare très personnel, envoûtant. Tin Dzaferovic fait non seulement chanter sa contrebasse mais danse avec. Le public adhère et voyage avec ce trio aux sonorités originales.

Puis vient, Softly, as in a Morning Sunrise une douce balade romantique, légère, dans une version pleine de fraîcheur.

Entre alors en scène, en guest, le saxophoniste Baptiste Herbin, parrain du festival qui accompagne le trio depuis sa création et son premier concert à Podgorica, puis à Bitola en Macédoine du Nord. De nouvelles improvisations sur des compositions de Baptiste comme ce titre, Henriette, écrit pour sa mauricienne belle-mère, et qui emporte immédiatement l’adhésion du public. Il est bien rare d’écrire une aussi jolie musique pour sa belle-mère n’est-ce pas ? je trouve l’idée belle justement. J’aurais pu le faire, écrire une ode à Yvette, ma belle-mère, si j’avais eu ce talent. Henriette pourrait bien devenir un jour, un standard du Jazz.

Ivan Marovic

Le trio plus Baptiste Herbin interprète alors un magnifique « Bright Mississipi » de Thelonious Monk tellement bien arrangé dans cette version sans piano qu’on aurait pu croire qu’ils venaient de le créer. Les chorus des quatre musiciens tour à tour furent splendides.

Superbe concert  d’un Original Jazz.

Daniel Zimmermann 4tet – L’Homme à Tête de Chou in Uruguay

« Un Gainsbourg destructuré et une majeure digression » nous annonce Daniel Zimmermann, qui a choisi d’arranger pour trombone et de réinterpréter à sa façon, des chansons du Serge Gainsbourg de la période Jazz, bien avant la période Gainsbarre pendant laquelle le beau Serge ne chantait plus, mais parlait sur ses musiques…

Daniel Zimmermann & Jérôme Regard

D’autres périodes sont également survolées comme ce « New-York USA «  de toute beauté. Un Chef-d’œuvre ! ou « Machins Choses », morceau tendre, à savourer avec un couteau pointu. Daniel Zimmermann utilise toujours à bon escient différentes sourdines  sur le pavillon de son trombone, pour autant de variations dans les timbres. On a pu apprécier un « Comic Strip «  totalement démembré ou encore « Les Amours Perdues » magnifique. L’émotion gagne une bonne partie du public qui se sent alors concerné (peut-être). Il y a du vécu dans cette évocation. La cadence est plus lente que dans l’original de Gainsbourg. L’effet est poignant.

« La Balade de Melody Nelson » met aussi en lumière par cette sublime interprétation le grand mélodiste qu’était Gainsbourg. Somptueuse version de « Chez les Yéyé », un titre moins connu.

Pierre Durand

Pierre Durand à la guitare est époustouflant. Il est totalement plongé dans son art, dans son interprétation. Ses mouvements de mâchoires lors de ses solos sont spectaculaires. Et que dire de cette rythmique incroyable ? Jérôme Regard à la basse électrique, imperturbable et Julien Charlet à la batterie, impérial.

Jérôme Regard

Ça envoie tellement ! Comme on dit dans certains milieux autorisés que je ne saurais vous dire qu’une chose : allez donc écouter ce quartet en live et en attendant procurez-vous vite l’album, à l’écoute duquel ou encore, à défaut, vous pouvez écouter des extraits de ce disque sur Couleurs Jazz Radio.

Julien Charlet

Le rappel après la standing ovation réservée aux musiciens est une surprise que je ne dévoilerai pas. Allez donc voir ce spectacle !

Après ce concert, j’ai comme une envie de réécouter l’intégrale de Gainsbourg que j’ai la chance de posséder comme celle de Daniel Zimmermann, qu’il faut écouter souvent. Dont Montagnes Russes, sorti en 2016 et dont, chanceux festivaliers de Jazz in Noyon, nous pûmes apprécier une version du titre éponyme.

Daniel Zimmermann : trombone
Pierre Durand : guitare
Jérôme Regard : basse
Julien Charlet : batterie

Et d’ailleurs, comme me souffla Jovana Krstevska la veille : Ecoutez vos parents et écoutez Couleurs Jazz Radio.

Lior Krief Quartet invite Baptiste Herbin

Couleurs Jazz ayant un peu facilité la rencontre entre le jeune et virtuose guitariste Lior Krief avec Baptiste Herbin dont la réputation n’est plus à faire, nous avons la chance de suivre ce projet qui évolue depuis maintenant plus d’un an. Un album devrait prochainement voir le jour.

Lior Krief

Le set commence par le standard « Night and Day”. Tout de suite on aime le jeu très délié et virtuose de Lior Krief. Et magie du jazz, de la covirtuosité liée à une grande culture des différentes couleurs du jazz, Baptiste Herbin est aussi à son aise dans le style manouche que dans d’autres formes musicales jazz, sur ses nombreux projets, en leader ou en invité.

Baptiste Herbin

On dirait qu’il a joué la musique de Django toute sa vie. Il nous confiait dernièrement « Je ne vois pas tant de différence entre Be-bop et jazz manouche ». Django n’aurait sans doute pas contredit ce propos et aurait même apprécié, pour sûr.

Al’occasion de ce concert de fin de soirée, il eut fallu repousser les murs de la grande salle du Centre Culturel, tellement les noyonnais  étaient venus en nombre, écouter ce superbe quartet. A défaut, les bénévoles de l’association qui gère le jeune festival, recrutèrent des rangs de chaises dans les salles alentours.

Plaisir amplement partagé donc.

Les thèmes qu’ils interprétèrent ce soir-là, qu’ils soient des standards ou signés Baptiste Herbin, ou du père de Lior Krief, le célèbre Serge Krief, font partie intégrale de la grande famille du jazz qui swingue. À l’image de ce magnifique titre  signé Serge Krief : Sea Breeze.

Dans le titre Bossa éblouissant, composé par Hank Mobley « Recado Bossa », nous sommes, époustouflés. Un jeu d’extra-terrestres !

« Les Fenêtres de Moscou » donnèrent également pas mal de frissons à l’auditoire enthousiaste… Ainsi même que Baptiste Herbin nous le confia et pourtant au cœur de l’action. 

Pour « La Montagne Ste Geneviève » ce célèbre standard de Django, Baptiste laissa ses trois compères l’interpréter seuls, car il avoua ne pas l’avoir encore assez travaillé. (L’homme en plus de sa virtuosité et du travail énorme qu’il accomplit avec son instrument tous les jours, est un perfectionniste et un modeste).

Ah ! Django… Quel compositeur magnifique.

Je n’ai pas demandé à Lior combien de temps il l’avait lui-même travaillé ce titre, mais la note de 20/20 peut lui être attribuée à l’unanimité.

Puis vint « Zazou » une démarcation de « Swing Guitar » composée encore par Serge Krief.

En cadeau surprise, les spectateurs eurent droit à un solo improvisé, venu d’une autre planète, par Baptiste Herbin.

Un mot et un coup de chapeau pour le métronome infaillible à la pompe, Benji Winterstein qui quelle que soit la cadence, ne put jamais être pris en défaut. On aurait aimé un petit chorus d’accords à sa façon. On le lui demandera pour la prochaine fois.

Benji Winterstein

Des solos inspirés à la contrebasse, en revanche furent proposés à cet étonnant contrebassiste colombo-français, Fabricio Nicolas Garcia, qui n’en refusa aucun, pour notre plus grand bonheur.

Fabricio Nicolas Garcia

Pour le rappel, une cerise sur le gâteau (C’est mon morceau fétiche depuis de nombreuses années, jeune enfant déjà), Minor Swing !

Visiblement je ne suis pas seul à apprécier ce standard, si j’en juge par le succès de la première version qui fut filmée à Noyon, il y a une année presque, avec encore une fois Lior Krief et Baptiste Herbin : je vous laisse en juger ici.

Personnel :

A la guitare lead : Lior Krief

A la guitare rythmique : Benji Winterstein

A la contrebasse :  Fabricio Nicolas Garcia

Aux saxophones : Baptiste Herbin

 

Dimanche 14 – Dernier jour du Festival puis triste soirée pour le XV de France de rugby face à l’Afrique du Sud…

Claude Tissendier – “Duke For Ever

Claude Tissendier a beaucoup écrit pour des ensembles de saxophones. Il y eut en 1987, son Saxomania (2 altos, 2 ténors), puis tout récemment, le New Saxomania (soprano, alto, 2 ténors, baryton).

Pour « Duke For Ever« , la suite de cette belle aventure, Claude s’est inspiré du rôle prépondérant joué par l’alto et le baryton dans les arrangements conçus par Duke Ellington pour la section de saxophones de son big band (2 altos, 2 ténors, baryton). Le tour de force ici consiste à en restituer l’ampleur par une habile réduction des cinq voix d’origine à deux seulement, celles de l’alto et du baryton. C’est ce que l’auditeur ressent à l’écoute de Take the A Train et de Happy Go Lucky Local qui donnent l’impression d’être interprétés par une section de saxes plus étoffé

(introduction tirée de la chronique d’Alain Tomas lors de la sortie de l’album)

Nous sommes au « Théâtre du Chevalet » magnifique auditorium au centre-ville de Noyon.

Le quintet de Claude Tissendier fera le matin, une master classe pour les élèves de l’École de Musique à Rayonnement Municipal.

Ceux-ci préparèrent à cette occasion, trois morceaux qu’ils interprétèrent dans l’Auditorium en ouverture du concert : Perdido, Night Train et Satin Doll.

Quel bonheur de voir tous ces musiciens très jeunes ou beaucoup moins, qui forment un big band uni, sous la conduite de Claude et parmi eux, ce quintet « d’experts » qui se joignent à la fête. Un vent de fraîcheur et de bonheur auquel le public fut comme nous, très sensible.

Notons aussi l’excellent son concocté par l’équipe d’ingénieurs du festival et la superbe acoustique de la salle.

Que du bonheur !

Ces pièces composées par le L’Immense Duke Ellington, bien connues des amateurs de la grande musique du XXème siècle plaisent énormément au public, tellement les arrangement sont ciselés. Le quartet que j’avais déjà pu écouter à la Péniche Le Marcounet à Paris fait des merveilles.

Puis entrée en scène d’une chanteuse qui mériterait d’être davantage sur les antennes, Laurence Allison.  Superbe version de « Caravan »

Philippe Chagne au saxophone Baryton et à la clarinette basse produit des sons et des chorus d’une profondeur !

A la rythmique, un duo d’experts : Jean-Pierre Rebillard à la contrebasse et Alain Chaudron à la batterie.

Ces musiciens nous délivrent une musique qui n’est jamais dans la virtuosité démonstrative, mais dans la justesse et la perfection. Une sorte de retour aux fondamentaux de la belle musique éternelle.

Ils terminent sur un « It don’t mean a thing (if it Ain’t Got that Swing)”

On ne saurait s’en lasser surtout interprété de cette manière.

Rappel – Standing ovation. Puis nous nous quittons sur « Duke’s Place »

Musiciens :

  • Claude TISSENDIER : saxophone alto, clarinette
  • Philippe CHAGNE : saxophone baryton, clarinette basse
  • Jean-Pierre REBILLARD : contrebasse
  • Alain CHAUDRON : batterie
  • Laurence ALLISON : chant

Philippe Chagne & Baptiste Herbin

Et pour clore cette troisième édition du Festival « Jazz in Noyon » monte sur scène le Groupe Daïda.

Daïda

Un registre totalement différent du concert en première partie de journée.

La Mise en scène est soignée, une atmosphère très dark et réussie. Le Chic du noir dans les vêtements, le Kilt d’Arno de Casanove, la contrebasse également noire de Samuel F’hima.

Daïda

Cette mise en condition aboutit à une musique jazz survoltée, voir un peu énervée et furieuse par moments.

Le public d’un certain âge est un peu médusé, pas trop habitué. Les jeunes semblent plus réceptifs à ces énergies débordantes plus habituelles dans d’autres genres, rock, métal ou punk.

Nous défendons pour notre part, toutes les Couleurs du jazz moderne. Et celui proposé par Daïda fait partie intégrante de la musique jazz de notre siècle.

Musiciens :

  • Auxane CARTIGNY: Synthé
  • Arno de CASANOVE: trompette
  • Samuel F’HIMA: contrebasse
  • Antonin FRESSON: guitare
  • Vincent TORTILLER: batterie

En parisiens dépendant des transports en commun, nous sommes malheureusement obligés de quitter la salle avant le fin du concert.

La suite à raconter, appartient aux mélomanes de Noyon, venus nombreux tout au long de ce superbe festival.

A l’année prochaine !

©Photos Gaby Sanchez pour Couleurs Jazz

©Photos Couverture et Header, Jacques Pauper

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