Jakob Manz – The Answer

Bien que tout le monde soit aujourd’hui d’accord sur le fait que le jazz n’est plus une musique avant tout américaine et que l’Europe est désormais le second continent du jazz on a toujours tendance à penser que le funk et le groove restent l’apanage de groupes afro-américains.

L’existence de formations telles que celles du tromboniste suédois Nils Landgren font ainsi figures d’exceptions dans ce registre où la danse est autant sollicitée que l’écoute.

Quelle que soit la question à ce niveau, « The Answer » est clairement une réponse et le nouvel album de l’altiste allemand Jakob Manz, après un excellent premier opus signé par sa Groove Connection, se positionne dans le droit fil de musiciens tels que Maceo Parker ou David Sanborn sans imiter servilement ses aînés étatsunien.

On peut même dire que Manz, né en 2001, manifeste une maturité et une approche très physique de la musique qui lui appartiennent en propre. Il ne se contente pas, par exemple, d’enfiler des morceaux up tempo où domine une pulsation tonique mais propose également des ballades où sa sonorité et son phrasé affichent un lyrisme bienvenu sur des arrangements finement ciselés.

Ce n’est donc pas un funk lourdingue ou primaire qui nous est proposé ici mais une musique à la fois joyeuse et issue d’une véritable réflexion sur le son et la dynamique à laquelle contribuent sur quelques titres des musiciens invités tels que le guitariste Lionel Loueke, le trompettiste Matthias Schriefel ou la violoniste Alexandra Stollsteimer.

Secondé par des sidemen de premier plan qui, pour la plupart, contribuent à l’écriture du répertoire, Jakob Manz et son Project se placent donc dans le peloton de tête d’un jazz à la fois juvénile et solidement ancré dans une tradition qu’ils prolongent de façon inventive et jubilatoire.