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Grant Green : un « guitar hero » à réhabiliter

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Le monde du jazz a connu, connaît et connaîtra (moins évident avec internet et les réseaux sociaux) des instrumentistes méconnus et/ou sous-estimés.Parmi ceux-ci Grant Green (né en 1935 et décédé en 1979).

Guitariste emblématique d’une époque, sa musique originale d’alors, mariant allègrement jazz et funk et faisant de lui le pionnier du jazz-funk ou funk-jazz, a été redécouverte ces dernières décennies par des DJs comme Gilles Paterson, des groupes d’acid jazz comme US3, voire samplée par des fondateurs du hip-hop à l’image de groupes comme A Tribe Called Quest et Public Enemy.

Grant-Green-1970-©-Chuck-Stewart-Photography-LLC

En fait, Grant Green, instrumentiste dont le mentor était Charlie Christian, a surtout été inspiré à ses débuts, comme son modèle, par le jeu des saxophonistes (de Lester Young à Charlie Parker). Ce qui lui vaudra d’être découvert fin des années 1950/début 1960, par Lou Donaldson, un saxophoniste-alto qui lui ouvrira les portes de l’écurie Blue Note. Il deviendra un « staff guitarist » de la maison de disques et a enregistré notamment avec Jimmy Smith, Lee Morgan, Hank Mobley, Joe Henderson, Elvin Jones, Larry Young, Sam Rivers et Herbie Hancock.

Le changement intervient au tournant des années 1970, quand il oriente sa musique vers des accents plus soul, R&B, funk et groove, qui lui vaudra d’être une icone des DJs et d’être surnommé plus tard le « père de l’Acid Jazz » !

Des « live » inédits

C’est cette nouvelle et riche période qui vient pour la première fois de voir le jour grâce à la publication par le label américain Resonance Records (Bertus France) de deux albums live jusque-là inédits :

« Funk in France – From Paris to Antibes (1969 – 1970) »

et

« Slick – Live at Oil Can Harry’s ».

Le double CD, avec un livret très documenté illustré de photos rares et inédites de Jean-Pierre Leloir et Christian Rose, « Funk in France » provient des archives de l’INA et rassemble des enregistrements gravés lors du passage en studio à l’ORTF le 26 octobre 1969 et au festival de jazz d’Antibes/Juan-les-Pins les 18 et 20 juillet 1970.

Si le concert donné à la Maison de la Radio à la tête de son Trio – Larry Ridley (contrebasse), Don Lamond (batterie) et comme invité Barney Kessel (guitare) sur un titre – pourrait être qualifié d’être esthétiquement plus orienté vers le bebop (même s’il y a une reprise d’un titre de James Brown !), il en va tout autrement lors de sa prestation quelques mois plus tard au 11è festival international de jazz d’Antibes. Dès les premières notes du premier morceau, « Upshot », le ton est donné.

Avec un Quartet d’où – outre le leader qui lâche des vagues et des torrents de notes pleines d’un sacré groove électrique – émergent l’organisteClarence Palmer – et le saxophoniste-ténorClaude Bartee (Billy Wilson, batterie). Deux compagnons qui installent de forts rythmes soul et funk, souvent répétitifs, avec des accents churchy et une énergie mélodique qui monte très vite et irrésistiblement en température.

Une musique nouvelle, chaleureuse et énergique qui devait diviser la critique française et une partie du public d’alors !

Plus rien de tel avec « Slick ! », enregistré le 5 septembre 1975 à Vancouver au Canada.

Accompagné par une formation basée à Detroit – Emmanuel Riggins (piano électrique), Ronnie Ware (basse), Greg « Vibrations » Williams (batterie) et Gerald Izzard (percussions) – le guitariste virtuose revisite un standard de Charlie Parker (« Now’s The Times ») et un autre du tandem Antonio Carlos Jobim/Vinicius de Moraes (How Insensitive »(Insensatez) »).

Mais surtout délivre une pièce maîtresse hyper funky de plus de 30mn, baptisée « Medley », incluant des thèmes repris à Stanley Clarke(« Vulcan Princess ») et à des chanteurs et groupes cultes de la soul music et du R&B comme Bobby Womack (« Woman’s Gotta Have It »), Stevie Wonder (« Boogie On Reggae Woman »), les Ohio Players (« Skin Tight ») et The O’Jays (« For The Love of Money »).

Un pot-pourri absolument volcanique pour une musique devenue une marque de fabrique !

NB : Vous pouvez retrouver cet article sur le blog de Didier Pennequin : Jazz Gazette

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