Fred Hersch – Silent, Listening

Pianiste des atmosphères intimistes, profondes et élégantes, on ne présente plus Fred Hersch, mais la sortie d’un dernier opus est toujours l’occasion de redécouvrir l’étendue spectrale d’un pianiste qui dans ses introspections musicales pourrait passer pour le Philip Glass du jazz.

Entre compositions originales et quelques standards, Fred Hersch navigue sur les touches, son pur et cristallin avec ce qu’il faut de silences interprétés comme des notes et qui soutiennent encore la profondeur de l’interprétation. La brillance du jeu est suspendu entre notes graves et aigües dans des ostinato lancinants et intermèdes silencieux.

Ô note, suspend ton timbre !

Est-ce un clavier bien tempéré ou une découverte sonore à chaque phrase, un récital minimaliste ou des explorations tâtonnantes (Akrasia) ? Épure classique dont la verve épouse la veine. Une suite de morceaux courts dont l’issue nous laisse sur notre fin à improviser intérieurement.

Etrange ou mystérieuse, il s’agit d’une musique qui ne se devine pas, une musique que l’on doit accompagner en cherchant, sans doute comme le laisse imaginer cette transcendance qui préfigure la note choisie. En tout cas, un enregistrement où l’excellence de la composition le dispute à la virtuosité de l’interprétation.

Puis, vers la fin, une relecture de Softly, as in a Morning Sunrise sur laquelle on se plaît facilement à imaginer Mozart la taquinant au clavecin.

Une pudeur éclatante serait le parfait oxymore pour dépeindre cette leçon de piano.

Point utile d’en rajouter. Comme nous y invite le titre du disque : silence et écoutons !