Jean-Pierre Como Trio « My Days in Copenhagen “
Quand j’arrive au Théâtre de la Mer, un peu en retard car j’ai dîné avec des amis — mais j’ai entendu Como à la balance, balancer un superbe « All the Things You Are » et l’affaire est entendue — le pianiste joue en solo une magnifique ballade où les nuances de toucher sont somptueuses.
Puis vient un « Over the Rainbow » en trio qui continue sur cette lancée tout en douceur voire en tendresse avec deux comparses danois qu’il n’a pas été chercher pour rien dans ce petit pays où le jazz vivace fleurit comme pervenches au printemps (Vous préférez les colchiques ? A votre aise. Chacun ses goûts…)? Niclas Campagnol se lance ensuite dans un solo de batterie touffu, fourni, d’une polyrythmie foisonnante où le rythme et la mélodie s’imbriquent harmonieusement. Como, sur ce substrat, déroule des arpèges en arabesques avec toujours une grande douceur sous laquelle transparaît un drive puissant et léger tandis que la contrebasse ronfle et s’enfle sans jamais interférer avec ses comparses.
Thomas Fonnesbaek est dans la lignée des grands bassistes danois. Pas grands par la taille (qu’est-ce que vous pouvez être bêtes, parfois !) non : bien calés au fond du temps, et quand il prend un solo il se limite au haut et au milieu du manche car la contrebasse, fichtre-foutre, c’est la Terre Mère : le bois dont on fait les Grand-mères qui, comme l’a dit quelqu’un, ont le corps de maman et la voix de papa. Bon, Como est parti pour nous faire un récital de ballades — et qui s’en plaindrait, hein ?
Je vous le demande et je n’attends pas de réponses parce que ça risque de durer des plombes et moi j’écoute le trio de Como, bon sang de bonsoir !
Là ils se coltinent à « You and the Night and the Music » et c’est vraiment très beau — et quand je dis « très » je veux dire vraiment TRES beaucoup beau !
Y’a de l’espace entre les notes, ça respire à pleins poumons et vu la chaleur qu’il a fait dans la journée à Sète ça fait un bien fou.
Mieux que la clim’ ? Ben évidemment ! Presque que des standards qu’il nous fait ce Como et une compo de lui qui pourrait/pourra devenir un standard si d’autres zicos s’en emparent pour en faire ce que les classiqueux appellent un « thème et variations ».
Au passage — je vous le dis entre nous mais ne le répétez pas à tout le monde — je me trompe peut-être mais j’ai cru voir & entendre Keith Jarrett qui pleurait seul, dans un coin.
Jean-Pierre Como : Piano
Thomas Fonnesbæk : Contrebasse
Niclas Campagnol : Batterie
©Photos Pierre Nocca
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