Une nouvelle pierre à l’édifice du Jazz vient de s’ajouter, ou plus exactement au pont qui permet d’aller d’une rive à l’autre, de la musique classique au jazz en l’occurrence. Les traversées dans les deux sens sont autorisées..
Le Carnajazz des Animaux est l’œuvre de l’un des grands architectes du jazz actuel, monsieur Christophe Dal Sasso, qui, à la direction d’un orchestre de jazz de très haut niveau, (tous les musiciens de cet ensemble sont des créateurs compositeurs et instrumentistes reconnus) donne une nouvelle vision de l’œuvre originale de Camille Saint-Saëns.
Petit rappel des « faits » :
A l’origine, Le « Carnaval des Animaux » est une suite musicale comique composée par Camille Saint-Saëns en 1886, caractérisée par son ton léger et humoristique. Elle est populaire et appréciée, tant par les amateurs de musique classique que par un public plus large, en raison de son caractère ludique. Voici quelques points saillants à propos du « Carnaval des Animaux » :
L’œuvre est composée de 14 mouvements courts, chacun représentant un animal différent. Certains des mouvements les plus célèbres incluent « Le Cygne« , « L’Éléphant » et « Fossiles« . Saint-Saëns a créé cette pièce avec une intention humoristique, parfois même satirique. Les caractéristiques musicales exagérées et les jeux de mots musicaux ajoutent à son côté comique. A l’origine, L’œuvre est écrite pour un ensemble inhabituel d’instruments, y compris deux pianos, un xylophone, un célesta, et un orchestre à cordes. Cette instrumentation inhabituelle contribue à l’originalité de l’œuvre. Chaque mouvement représente un animal différent, et Saint-Saëns utilise la musique pour illustrer les caractéristiques de chaque animal. Par exemple, le mouvement : « Le Cygne » étant reconnu pour sa grâce, ou « L’Éléphant » utilisant des tonalités graves pour représenter sa masse.
En raison de sa nature ludique, le « Carnaval des Animaux » est souvent utilisé à des fins éducatives pour introduire les enfants à la musique classique. Espérons que cette version, qui fait suite à la version du Amazing Keystone Big Band » offrent l’opportunité aux jeunes générations d’entrevoir le jazz comme mode essentiel d’interprétation musicale.
Il existe encore d’autres adaptations du « Carnaval des Animaux » en jazz. C’est bien là la richesse du jazz. Variations rythmiques, improvisations, toutes diffèrent et ajoutent donc une pierre à l’édifice, dont je parlais au début de cette chronique.
Citons : Swing de Paris – « Le Carnaval des Animaux (Carnival of the Animals, en jazz manouche ; Le saxophoniste et compositeur britannique John Dankworth dans son adaptation intitulée « What the Animals Say » ; Le Modern Jazz Quartet (MJQ) a enregistré une version de l’œuvre en 1962 et leur interprétation du « Carnaval des Animaux » reflète leur approche très personnelle du jazz ; Le Turtle Island Quartet, avec « A Love Supreme: The Legacy of John Coltrane » ; bien que cet album soit principalement une interprétation du travail de John Coltrane, le Turtle Island Quartet inclut également une adaptation jazz du « Carnaval des Animaux« . Le groupe, spécialisé dans la fusion des différents genres musicaux, offre une perspective unique sur cette pièce classique.
Et même Dave Brubeck a également enregistré une version de l’œuvre en collaboration avec le London Symphony Orchestra. Cette adaptation de Brubeck combine des éléments de jazz avec l’orchestration classique, créant une fusion intéressante des deux genres.
Ainsi dans cette brillante dernière version du maestro arrangeur Dal Sasso et de ses acolytes, c’est l’humour et la légèreté, peut-être même la moquerie et l’ironie, qui caractérisent également cette œuvre. Ainsi dans le jazz que nous aimons, le travail d’arrangement et de réorchestration ouvre des rampes d’improvisations pour des solistes fabuleux comme David El-Malek, Quentin Ghomari, Thomas Savy, Sophie Alour, Pierre de Bethmann ou Julien Alour…
La liste complète du personnel figure à la fin.
Le tout (le big band) offre un jazz joyeux, swinguant, malin, gourmand, à faire écouter à tous les adeptes du classique, comme du jazz.
Un vrai carnage, ce Carnajazz ! (dans le bon sens admiratif du terme)
Personnel :
Christophe Dal Sasso : flûte, flûte alto, flûte bambou
Julien Alour : trompette, bugle
Quentin Ghomari : trompette, bugle
Julien Écrepont : trompette, bugle
Jerry Edwards : trombone
Bastien Stil : tuba
Thomas Savy : clarinette, clarinette basse
Dominique Mandin : saxophone alto, flûte
Sophie Alour : saxophone ténor, saxophone soprano, flûte
David El-Malek : saxophone ténor
Rémi Biet : saxophone alto, flûte
Pierre de Bethmann : piano
Manuel Marchès : contrebasse
Karl Jannuska : batterie
Le Carnajazz des Animaux est paru sous le label Klarthe Records, le 26 janvier 2024.
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