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Couleurs Jazz Radio organisait un concert avec deux musiciens référencés sur ce blog, Méderic Collignon et Yvan Robilliard et une chanteuse inconnue de mes services, Tricia Evy.

Don Médéric Collignon est le parrain de Couleurs Jazz Radio. Soeur Tricia Evy en est la marraine. Pour ce soir, Frère Yvan Robilliard est le filleul.

Ca a commencé comme ça.

Médéric trafique sa voix puis entame superbement une ballade avec le pianiste. Le titre m’échappe. Yvan reste sage alors que Médo improvise avec la folle maîtrise dont il a le secret. Il chante comme il sait le faire. Des sons, pas des paroles. Retour au duo piano & bugle. Un classicisme parsemé de grains de folie. C’était  » Moonlight in Vermont « .

«  I got it bad and that ain’t good  » (Duke Ellington). Le piano, assez classique, accompagne le scat fou de Médéric qui respecte la mélodie quand même. Solo de piano où chaque note vaut son pesant d’émotion. Pas d’esbroufe. Le bugle le rejoint. Retour au scat, toujours improvisé, mais toujours en phase avec la musique, mêlant douceurs et stridences. Par sa folie, son humour, sa maîtrise technique, Médéric Collignon est le digne descendant de Dizzy Gillespie plus que de Miles Davis à mon avis.

 » Summertime « . Médéric commence loin du micro. Il projette le son comme Louis Armstrong le faisait si bien. A 70 ans, avec un cancer du poumon, à 2m du micro, Louis Armstrong couvrait son orchestre. Tricia Evy entre sur scène. Elle chante les paroles de la chanson de Gershwin de façon tout à fait classique et sensuelle alors que Médéric ponctue de ses fantaisies vocales. Le pianiste pose les bases. Tricia scatte à son tour alors que Médéric reproduit un solo de basse avec des claquements de langue et l’électronique. Enchaînement sur un solo de bugle puissant et émouvant. La version de  » Porgy and Bess  » par Louis Armstrong & Ella Fitzgerald est d’une beauté immarcescible mais, procurer de l’émotion sur un thème aussi rabâché mérite d’être salué.

 » But not for me « . Début classique. Piano, chant, bugle. Médéric change tout en produisant un solo de basse avec sa voix et de batterie en claquant des doigts. Courte citation au bugle de  » Que reste t-il de nos amours?  » ( I wish You love in english). Une petite fille de 10 ans bat la mesure des pieds et des mains. C’est bon signe. La flamme du Jazz ne s’éteindra pas. Elle passe à la génération montante. Solo de piano vif, inspiré. Concours de scat entre Tricia et Médo. Chacun dans son style, personne ne baisse pavillon.

«  Prelude to a kiss  » (Duke Ellington). L’air de rien, Médéric chante la mélodie qu’Yvan joue. Avec les aigus et prouesses vocales dont il a le secret. Il s’efface pour laisser Tricia chanter la chanson d’amour du Duke. Une belle femme qui chante de façon nostalgique et sensuelle. Le Duke serait ravi. Enchaînement avec un solo de bugle velouté et poignant. Il vient ajouter deux mains sur le piano pour un final enflammé.

Tricia lance un air en scattant et en claquant des doigts. Yvan ponctue au piano.  » Lucky so and so  » (Duke Ellington). Un Blues sensuel joué et chanté comme il faut. Médo ponctue en faisant claquer ses doigts et sa bouche. Duo Yvan & Médo avec son scat grinçant, grognant, trafiqué par l’électro.

 » Stompin at the Savoy « . Médéric annonce «  Ceci est une flûte  » en montrant son bugle. Il en joue et il arrive à le faire sonner comme une flûte traversière. Avec ses chuintements et ses enchaînements. Il peut le faire, Mesdames et Messieurs ! Puis il entame l’air avec le piano. Tricia scatte. Le pianiste brille en solo. Tricia danse et claque des doigts. Médéric nous refait la basse bien funky avec voix et micro.

Tricia quitte la scène.  » Caravan  » (Duke Ellington). Un scat ultra rapide pour commencer. C’est bien l’air que reprend le piano. Médo nous fait un solo de batterie rapide avec la voix. Puis la basse. Ca accélère avec le piano. Yvan transforme l’air de façon impressionniste alors que Médéric triture le son et la voix. Beau final.

Médéric Collignon quitte la scène. Tricia Evy y revient. Un duo piano & chant pour un classique de Duke Ellington  » Do Nothing Till You Hear From Me « . Evident hommage au duo Duke Ellington & Ella Fitzgerald. Sans copier car ce serait ridicule. Tricia reproduit fort bien avec sa voix un solo de trompette wah wah. Solo de piano au classicisme épuré, dans l’esprit ducal.

Médéric revient sur scène. Solo de piano pour introduire un Blues lent joué comme il faut. Ca accélère, monte en puissance. Duo piano & bugle. Les instruments se mêlent, se répondent, se confondent. C’est du très haut niveau international comme dit la Dèche. Médéric se met à faire la basse alors que Tricia chante. Il bat la mesure des mains, sur ses joues. C’est l’homme orchestre. Avec trois fois rien, il fait tout. Duo entre une femme qui scatte et un homme dont la voix est trafiquée pour reproduire la basse. Le pianiste nous guide pour battre la mesure.  » Take the A train « , indicatif de l’orchestre de Duke Ellington, écrit par son alter ego, Billy Strayhorn. Ils sont arrivés à prendre ce fameux train qui vous mène à Harlem. Rien à voir avec le RER A des Franciliens. Dialogue entre piano et Médo. Autant de goût dans la démesure, c’est le propre des créateurs et Médéric en est un, de premier ordre. Dialogue piano & scat que Médéric ponctue de son bugle depuis différents endroits de la scène et dans diverses positions. Debout, à genoux, plié.

Rappel.

 » On the sunny side of the street « . Tricia Evy est capable d’imiter avec sa voix, la voix et la trompette de Louis Armstrong. Comme Ella Fitzgerald en son temps. Respect.

Le public est conquis. Moi aussi. C’est fini.

Interprètes :

Médéric Collignon: bugle, voix, électronique

Yvan Robilliard: piano

Tricia Evy: chant

Ce concert eut lieu à Paris. Espace Jemmapes, jeudi 14 novembre 2019 à 20h.

Une Soirée organisée par Couleurs Jazz Radio.

L’original de ce texte est publié sur le Blog, le Jars Jase Jazz, par Guillaume Lagrée.

Par ailleurs, Guillaume Lagrée anime l’émission du même nom (Le Jars Jase Jazz), sur Couleurs Jazz Radio, les vendredi et dimanche à 1H et 18H. Les mois de décembre, janvier février et mars seront consacrés au Brésil en 4 épisodes.

Les photos sont de ©Patrick Martineau.

NB : Une autre chronique de cette soirée par Jean-Pierre Alenda avec d’autres images et vidéos est disponible ici

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