Chris Potter – Got the Keys to the Kingdom

Chris Potter est apparemment en grande forme ces temps-ci.

En effet depuis qu’il a signé sur le label britannique Edition Records en 2019, il sort un album par an. Pendant le confinement il avait concocté tout seul, jouant de tous les instruments en re-recording, un superbe et surprenant « There is a Tide », (toujours à l’écoute sur Couleurs Jazz Radio).

Ses deux autres disques en trio ou quartet plus ou moins électriques m’avaient moins plu.

Et voici que Potter revient au quartet acoustique, et en public au fameux Village Vanguard de New York de surcroît. C’est la troisième fois que le saxophoniste investit le célèbre club de Manhattan. Les fois précédentes avaient produit, en 2004, l’album « Lift » et en 2007 « Follow the Red Line », tous deux sur le label Sunnyside de l’excellent producteur basque établi aux USA François Zalacain.

Sur ce nouveau CD, le vingt-troisième sous son nom depuis 1994, Potter a fait appel à deux partenaires qu’il côtoie de longue date, le pianiste Craig Taborn et le bassiste Scott Colley : des pointures incontournables de la scène newyorkaise. Le « petit nouveau » ici est le batteur Marcus Gilmore, le petit-fils du grand Roy Haynes qui est devenu lui aussi un sideman recherché.

C’est donc un concert totalement acoustique et live que nous propose Potter et on a fortement l’impression qu’il s’y inspire de glorieux prédécesseurs sur la scène du Vanguard, entre autres Sonny Rollins.

Que dire sur ce jeune quinquagénaire qui n’ait pas déjà été dit au cours d’une carrière de près de trente ans en sideman de luxe et en leader ?

Que sur ce dernier opus il revient aux fondamentaux en se limitant à l’utilisation du sax ténor et en renonçant à l’électricité.

C’est donc un Potter d’un classicisme assumé que nous entendons ici et il est clair que sa maîtrise instrumentale et ses talents d’improvisateur le mettent globalement à l’abri de la concurrence.

Un maître, Potter ? Indéniablement !

Épaulé par une rythmique de premier ordre sur un répertoire qui mêle standards modernes, thèmes folkloriques, blues et gospels et où il alterne morceaux up tempo où son drive ne prend pas de prisonniers et ballades où se déploie sa somptueuse sonorité, Chris Potter confirme qu’il est un des plus passionnants saxophonistes de la scène américaine et internationale.