Borys Janczarski – Love Is

Originaire de Varsovie, en Pologne, Borys Janczarski a de nombreuses attaches avec la France qu’il a fréquentée durant ses études, avant de parfaire sa formation avec le trompettiste Piotr Wojtasik.

Nous avions déjà dit tout le bien que nous pensions des albums réalisés avec Stephen Mc Craven et Rasul Siddik ; aujourd’hui le musicien nous revient avec un disque remarquable Love Is, distribué par la radio polonaise Polskie Radio, et dédié à son épouse Agnieszka.

L’album se compose de standards de jazz réarrangés sous la houlette du multi-instrumentiste Jacek Namyslowski, et de compositions personnelles comme le titre éponyme Love Is » dû à la plume de Joanna Gajda, qui revisitent le folklore des Big Bands américains.

Larry Browne, chanteur et trompettiste américain installé à Paris, y joue le rôle d’invité spécial, en faisant profiter le groupe de son expérience scénique et de sa joie de chanter.

Véritable collaboration de talents musicaux, on distingue la chanteuse Mary Rumi, qui chante Don’t Be Afraid, Little Flock d’une voix suave évoquant le jazz vocal de Diana Krall, un Kolabirynth de Jacek Namyslowski très orchestral, et Sump’m Blue de Larry Browne, véritable fête des cuivres, qui se superposent, s’enlacent, et se dissolvent dans une sarabande rythmique au déroulement infini.

Le son même de cet enregistrement nous dit que l’essentiel se trouve dans les relectures de standards proposées ici, telles It Ain’t Necessarely so de George Gershwin, sur lequel tout le monde semble jouer des percussions (superbes solos de piano et de saxophone sur des textures enrichies par la trompette), Close To You de Burt Bacharach, dont Mary Rumi restitue le swing chaloupé et candide (magnifique solo de flute) Strollin’ d’Horace Silver auquel le brio vocal de Larry Browne donne un air de Manhattan Transfer , et Les Feuilles Mortes de Joseph Kosma, traversé d’un solo de saxophone déchirant, et tempéré par les saillies mélodiques du piano de Joanna Gajda, une relecture aux difficultés techniques maitrisées, animée d’un tempo insolite et fascinant.

Without A Song s’inspire de Joe Henderson avec un sens de l’orchestration hors pair. Il comporte une partie de scat et des breaks de batterie mémorables), tandis que Strollin’ comprend une partie chantée par Larry Browne sur la base d’on solo de trompette de Blue Mitchell.

Un disque qui prouve que le patrimoine du jazz mainstream et la substance même des standards de jazz sont éternels, toujours sur le point de renaître ou de muter en un quelconque point du globe, pour notre plus grand plaisir.