Aaron Parks – Little Big III

Voilà (enfin) le troisième volet du « Little Big » d’Aaron Parks et, comme avec les deux précédentes moutures de ce projet, la magie opère dès les premières notes.

A quoi cela tient-il ?

Tout d’abord à un son de groupe à la fois original et totalement classique dans les éléments qui le composent. Parks cultive un goût certain de la simplicité harmonique, mélodique et rythmique tout en détournant subtilement les éléments de son discours pour les rendre uniques.

Simples, les compositions — parfois très brèves — le sont souvent, tel ce thème basé sur un vamp répétitif minimaliste obsédant, et l’on retrouve ce goût du less is more lors des solos de piano qui apparaissent parfois comme une rivière limpide qui coule paisiblement dans un paysage enchanteur.

Ce culte de la fraîcheur voire de la naïveté est parfois à peine croyable et on se demande comment Parkspeut oser une telle candeur.

La place de la guitare de Greg Tuohey au sein du quartet est un peu différente ne serait-ce que parce que, contrairement au piano, elle modifie sa sonorité au fil des plages, allant d’un son assez classiquement jazz à un timbre plus sale, plus rock, plus saturé.

Le contraste entre les deux principaux solistes est à ce niveau particulièrement intéressant et constitue l’un des principaux attraits de cette musique.

Quant à la paire rythmique (avec Jongkuk Kim, un nouveau batteur aussi enthousiasmant que Tommy Crane sur les deux CDs précédents), elle fournit un soubassement à la fois dense et subtil.

Tonique, savamment polyrythmique et coloriste pour la batterie, profond et solidement charpenté pour la contrebasse de David Ginyard Jr..

Avec de tels partenaires, Parks dispose de tous les éléments dont il a besoin pour proposer une musique à la fois séduisante et lisible qui devrait captiver un large public, et totalement satisfaisante pour les fans de jazz les plus exigeants.

Belle réussite, donc, de la part d’un musicien dont on attend constamment le meilleur.