Skip to main content

Voilà que les inlassables défricheurs de l’Amazing Keystone Big Band s’attaquent (enfin, pourrait-on s’exclamer) à l’œuvre de George Gershwin.

Après Prokofiev (« Pierre et le Loup »), Saint-Saens (« Le Carnaval des Animaux »), Bernstein (« West Side Story ») ou Quincy Jones, la phalange de 17 musiciens fait le pari de proposer des lectures inédites de thèmes qui ont été abondamment (et c’est peu dire !) revus et corrigés par quasiment tout jazzman/woman qui se respecte depuis les années 30.

Un challenge osé, mais en l’occurrence réussi, entre autres du fait que l’orchestre a choisi non pas de proposer des versions instrumentales des hits de Gershwin mais d’en confier les mélodies à de jeunes chanteurs/euses pas encore trop connus.

Il y a ici une volonté de « rajeunir » un répertoire chenu et archi connu et d’y injecter un élixir de jouvence bienvenu. Les arrangements de Bastien Ballaz ou de Jon Boutellier, s’ils prolongent une veine assez classique et assumée comme telle, dans la grande tradition du big band historique, sont par ailleurs d’une grande richesse en matière de timbres, de dynamiques, de mise en espace de la sonorité d’ensemble d’une formation qui reste une des plus intéressante dans ce style qui ne semble pas devoir vieillir.

Si on peut s’étonner du fait que des instrumentistes majoritairement jeunes (moins de 40 ans dans leur majorité) choisissent de s’exprimer dans un style « vintage », on rétorquera que, les représentants historique de cet idiome étant décédés depuis lurette, il est compréhensible que des musiciens d’aujourd’hui souhaitent prendre le relais et maintenir vivace une veine harmonique et mélodique à laquelle ils sont profondément attachés, ce qui se sent non seulement dans la magnifique sonorité de l’ensemble mais aussi dans les solos des souffleurs et du pianiste qui, tous, se régalent à improviser sur des grilles d’accords qu’on n’aura jamais fini d’explorer.

Voici donc une belle réussite d’un orchestre qui nous a habitué à attendre de lui le meilleur et qui, de surcroit, nous fait découvrir des voix juvéniles (qui chantent parfois en duo homme/femme) totalement investies dans la relecture d’un répertoire qui restera toujours aussi jeune que quand George Gershwin — un des plus grands compositeurs du XX° siècle — a couché ses notes sur le papier pour le plus grand bonheur de musiciens de jazz qui, génération après génération, se sont passé le témoin de ses rythmes fascinants.

 

Musiciens :

Vincent Labarre, Thierry Seneau, Félicien Bouchot et David Enhco : trompette, bugle

Loïc Bachevillier, Bastien Ballaz, Aloïs Benoit : trombone

Sylvain Thomas : trombone basse

Kenny Jeanney : sax alto, sax soprano

Pierre Desassis : sax alto, clarinette

Jon Boutellier : sax ténor, clarinette basse

Eric Prost : sax ténor, clarinette

Ghyslain Regard : sax baryton, flûte

Fred Nardin : piano, claviers

Thibaut François : guitare

Patrick Maradan : contrebasse, basse électrique

Romain Sarron : batterie

Neima Naouri, Benny Benack III, Fleur Worku, Pablo Campos, Charlotte Wassy : chant

Fascinating Rhythm est sorti sous le label Moose/None, le 8 novembre 2024. Il est en « Selection Couleurs Jazz Radio ».

Photo Header ©Maxime de Bollivier

Laisser un commentaire

Close Menu