Sarah est bien une parisienne. Paris l’inspire, Paris l’aspire pour mieux lui permettre de décoller et nous emmener avec elle en voyage dans son imaginaire. Suivez le guide !
La jeune chanteuse nous propose un 3ème album encore plus mature et élaboré que les précédents (Inspiring Love – 2016 et À Contretemps – 2018). Sa voix au grain fin, une voix de velours, comme nous l’avions déjà noté, dans la chronique de son dernier album, est encore davantage posée sur les notes qu’elles a dessinées elle-même sur 8 des 10 compositions de l’album.
L’année dernière, elle nous confiait pendant le Couleurs jazz Club de Musicora, qu’elle avait ce nouveau projet dans la tête. Des mélodies lui venaient naturellement. Lentement se dessinait ce nouvel album, pour aboutir seulement quelques mois plus tard à ce bel objet, élégant, distingué, comme un parfum de Parisienne libre, bien ancrée dans son époque.
Même si celle-ci, juste au moment de la sortie prévue de l’album s’est retrouvée, comme le monde entier, d’un coup d’un seul confinée.
Mais aujourd’hui, les concerts reprennent doucement et celui de la sortie de l’album au Café de la Danse à Paris, devrait finalement avoir lieu à l’automne de cet année.
Que trouve-t-on dans cette boîte à bijoux ? D’abord de fort belles compositions, des chansons en anglais ou en français… Puis un accompagnement au piano par Sarah elle-même dans « Ton Silence ».
Mais également la même « Dream Team » parmi les 11 à l’origine du label Jazz Eleven, fondé par Sarah Lancman et Giovanni Mirabassi ; à commencer donc, par le maestro Giovannni Mirabassi lui-même au piano, avec à la rythmique, Laurent Vernerey à la contrebasse et Stéphane Huchard à la batterie.
Deux invités prestigieux, des habitués complètent l’équipe : il s’agit de Pierrick Pédron, saxophone alto et Marc Berthoumieux à l’accordéon.
Sarah a bien voulu répondre en exclusivité à nos questions sur son nouveau projet :
Couleurs Jazz : Bonjour Sarah, Merci d’être venue dans nos locaux de Couleurs Jazz pour nous parler enfin de ton dernier album « Parisienne » sorti juste au moment du début du confinement, une période un peu bizarre…
Comment as-tu vécu cette période de confinement professionnellement, vis-à-vis de cette sortie programmée ?
Sarah : Ça a laissé place à un certain vide, qui je pense était nécessaire mais qui fait très bizarre. Quand tous les concerts sont annulés et qu’on attend de revenir sur scène, c’est assez déstabilisant parce que la musique nous réunit, nous fait tenir. Donc oui c’était un moment très déstabilisant mais qui nous permet en même temps de nous accrocher aux choses essentielles de la vie, comme la santé, se réveiller chaque matin et se dire « je suis en bonne santé, je suis bien, ma famille va bien ». Et voilà, comme ça on avance.
Couleurs Jazz : Parle-nous du fond du projet, de l’album. Combien de temps ça a pris de le concevoir, qu’est-ce qui t’as inspirée, qu’est-ce qui t’a conduite à faire ce nouvel album ?
Sarah : Cet album mûrit en moi depuis un an déjà et en fait il est sorti très rapidement. La période d’écriture est toujours très courte chez moi. Les mélodies voyagent, souvent même sans y penser donc en dehors d’une période de composition il peut par exemple m’arriver de marcher et puis mon pas fait un rythme et ça me donne une musique. Ou alors je suis dans mon bain, sans enregistreur évidemment, et du coup quand une musique me vient à ce moment-là je me dis que si c’est une bonne musique, elle reviendra. Et souvent elle revient. Le titre de l’album, « Parisienne« , c’est comme mon identité en fait. C’est au même titre que je suis brune, j’ai les yeux marrons, j’ai 31 ans… Je pense quand j’ai passé le cap de la trentaine ça a fait que j’avais envie de m’assumer, de montrer qui je suis, avec toutes mes inspirations et tout ce qui a fait ce que je suis, qui je suis maintenant.
Couleurs Jazz : Qu’est-ce qui te vient en premier, les paroles ou la musique ?
Sarah Lancman : Tout de suite la musique. C’est très facile pour moi, la musique sort toute seule. Poser les paroles, c’est beaucoup plus compliqué. Sur l’album il y a juste « Ton silence » où tout le texte m’est venu d’abord et la musique est arrivée après, mais sinon c’est toujours la musique d’abord. En fait, la musique me parle. Elle est là et j’entends des mots qui arrivent, parfois en français, parfois en anglais et parfois même les deux comme sur « I love you more than I can sing » et « Pour toi » qui ont la même musique.
Couleurs Jazz : Tu peux nous parler un peu des titres que l’on trouve sur l’album, par exemple le premier morceau de l’album, « Et ainsi va la vie », un titre qui correspond bien à la situation actuelle.
Sarah Lancman : « Et ainsi va la vie » c’était comme une ritournelle qui revenait et revenait et entre mes derniers deux albums y a eu des évènements dans ma vie qui sont arrivées, c’est sûr que c’est une chanson d’amour mais au-delà de ces évènements personnels la chanson s’applique à des situations différentes, comme la mort de quelqu’un de proche et on se pose la question « Qu’est-ce qu’on fait ? ». Et on se rend compte que la mort fait parfois partie de la vie et qu’il faut avancer et que la vie ne s’arrête jamais.
Couleurs Jazz : Si tu devais choisir un seul titre sur ton album qui pourra passer à la radio, lequel tu choisirais ?
Sarah Lancman : C’est très difficile comme question, c’est comme si tu devrais dire lequel est ton enfant préféré (rires). Un seul ?!… Allez, je choisis « Tokyo Song » ! Je me suis vraiment sentie connectée à cette ville et quand j’écrivais les paroles j’avais très envie d’écrire un acrostiche. Quand tu regardes les paroles dans le livret tu vas voir que chaque phrase commence avec une lettre et si tu les lis en vertical ça fait « Tokyo Song », « Tokyo Song« , « Tokyo Song« . C’est un petit message caché. Ça m’amusait parce que quand on écrit des paroles on arrive dans une certaine routine et on ne veut pas se répéter. Donc là, même si Tokyo n’a absolument rien à voir dans un album intitulé « Parisienne« , j’avais vraiment envie d’écrire une chanson pour cette ville et en fait, même à Tokyo, on est parisien et parisienne, c’est notre identité.
Couleurs Jazz : Tous les titres sur l’album sont tes compositions, à part deux titres : « Parce que » de Charles Aznavour et « L’hymne à l’amour » d’Edith Piaf. Tu donnes vraiment un second souffle à ces deux chansons. Pourquoi as-tu fait ce choix de les intégrer dans ton album ?
Sarah Lancman : Ces deux artistes étaient pour moi des inspirations très fortes. Charles Aznavour, toutes ses chansons sont très cinématographiques. En fait ça fait partie de qui je suis et je ne me voyais pas ne pas lui rendre hommage et cette version de « Parce que« , j’avais envie qu’on imagine une petite rue pavée, c’est le soir à Paris, on entend un accordéon et là on descend trois marches et on arrive dans une cave voutée et c’est comme si on est un peu dans un espace hors du temps, un endroit qui a traversé les époques. C’est ce que j’avais envie de transmettre avec cette chanson. Et pour « L’hymne à l’amour« , quelle parisienne représente le plus cette ville ? Pour moi c’est Edith Piaf, elle chante avec ses tripes. « L’hymne à l’amour », ses paroles ne mourront jamais et j’avais envie de les redire moi, avec mon ressenti de maintenant car je trouve qu’elles sont tellement actuelles.
Couleurs Jazz : Il est temps de parler de la dream team que l’on trouve sur l’album, c’est l’équipe que tu as toujours avec toi, vous faites tous partie de la famille « Jazz Eleven« .
Sarah Lancman : Oui, on est tous des « Jazz Eleven« , Giovanni Mirabassi en premier. C’est lui d’ailleurs qui a fait l’arrangement incroyable de ‘L’hymne à l’amour« . Y a aussi le bassiste extraordinaire Laurent Verneray, un vrai caméléon qui s’adapte à tous les situations. J’avais envie de m’entourer des gens qui me mettent en confiance, qui me permettent de proposer des choses et de m’amener même ailleurs. Puis y a bien-sûr Stéphane Huchard qui a joué avec beaucoup de chanteurs, il sait accompagner des chanteurs et il a un sens de la percussion et de la sonorité. Je me sens en connexion avec tous ces musiciens et ça me parait nécessaire pour faire un album ensemble. Il y a aussi Pierrick Pedron comme invité, c’est un musicien et un être humain incroyable. Et puis Marc Berthoumieux avec qui j’ai eu une connexion musicale immédiate. Je voulais absolument avoir de l’accordéon sur l’album sans tomber dans un truc cliché et Marc savait exactement ce qu’il fallait, il y a cette douce mélancolie dans son jeu que je cherchais. C’est un peu comme si on s’était tous retrouvés entre amis et qu’on décidait de faire un peu de musique ensemble.
Couleurs Jazz : Est-ce qu’il existe une question que les journalistes oublient toujours de te poser ?
Sarah Lancman : ??… (hésitation…) Oui, je sais laquelle ! Est-ce qu’il y a un titre sur lequel tu es au piano ? On ne m’a jamais vraiment posé cette question.
Couleurs Jazz : C’est le titre numéro sept, « Ton Silence » !
Sarah Lancman: Exactement ! (rires)
Couleurs Jazz : Merci beaucoup Sarah Lancman, pour cette interview.
Retranscription de l’interview, Talin Maas.
Photos : ©Patrick Martineau – JzzM
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