« Elle est vraiment la grande nouvelle voix du Jazz »
Voilà ce que Quincy Jones a dit de Sarah Lancman lorsqu’elle a remporté le Grand Prix de la Compétition Internationale du Festival de Montreux en 2012.
17 disques d’or, Victoires de la Musique, Django d’or, Grand Prix de l’Académie du Jazz Django Reinhardt, on ne présente plus le pianiste italien Giovanni Mirabassi.
Ils sont aujourd’hui les complices de leur nouvel album “Inspiring Love” sorti depuis le 18 Novembre 2016 dont les 10 compositions originales ont été enregistrées à New York, haut lieu de cette musique.
« Sarah Lanchman a la pureté de Julie London et la profondeur de Shirley Horn. Elle est l’espoir et la chanteuse de Jazz que nous attendions tous » – Wendy Oxenhorn, Directeur Executif de la Jazz Foundation of the United States of America.
Sarah a bien voulu parler aux lecteurs-auditeurs de Couleurs Jazz de ce projet qui lui tenait particulièrement à coeur et l’a inspirée :
COULEURS JAZZ : Qu’est-ce qui t’a poussée à faire ce projet « Inspiring Love » ? Pourquoi ?
– Sarah Lancman :Tout a commencé avec la rencontre improbable de Giovanni Mirabassi au détour du bistrot « Le Saint Jean » place des Abbesses.
J’y suis allée pour écouter un concert d’une amie et Giovanni venait de rentrer de tournée du Japon et était installé pour prendre un verre.
Etant également pianiste moi-même, j’ai toujours admiré et écouté sa musique. Je venais tout juste de terminer mon premier album «Dark». Je suis allée le saluer pour lui témoigner mon admiration et lui demander si il pourrait écouter mon album. Chose qu’il fit quelques mois plus tard. Il me demanda alors si je composais, car il y voyait une idée d’album à venir.
Je lui ai envoyé par MMS sur le vieux piano désaccordé de mes parents, un brouillon de ma chanson « Inspiring Love ».
Il a tout de suite adoré la chanson et m’a répondu : « tu peux m’en écrire encore 10 autres comme cela ? » ce à quoi je me suis attelée à faire par la suite.
Nous avons ensuite trouvé un producteur qui nous a lâchés à la dernière minute. Nous avons alors eu l’idée de lancer un « Kisskissbankbank », plateforme de financement participatif et la réussite a été au delà de nos attentes, puisque nous avons pu dépasser l’objectif de plus de 120%.
Giovanni Mirabassi m’a appris également à « rêver grand ! sinon ce n’est pas drôle » comme il dit et c’est ainsi que nous sommes allés enregistrer l’album à New York, ville mythique du Jazz et berceau de mes inspirations.
Nous avons sélectionnés une section rythmique prestigieuse telle que Gene Jackson (batteur notamment du Herbie Hancock Trio) , Alex Sipiagin (trompettiste de Michael Brecker, Dave Holland, Mingus Big Band, etc.) ainsi que le contrebassiste Gianluca Renzi.
Nous avons repris une chanson de Charles Aznavour « Qui? » que nous avons pu par la suite, lui faire écouter. Le rêve a continué, lorsque j’ai appris qu’il allait faire la préface de mon album !
CJZ – Que veux-tu que l’on retienne de ce projet ? Qu’est-ce qui te touche ?
SL – » Inspiring Love » est pour moi un album très personnel où j’ai enfin osé me dévoiler. J’ai compris au fil de l’écriture de l’album que le titre « Inspiring Love » pouvait se lire dans les deux sens: amour inspirant et être inspiré par l’amour. Une dualité qui vient au fond de la même source : l’amour inconditionnel. Aimer sans attendre en retour, sans attente, rien que pour aimer et se laisser inspirer, créer, s’en servir comme d’une force.
Jacques Brel le dit si bien dans sa chanson « La Quête » : « Aimer, même trop, même mal, tenter, sans force et sans armure d’atteindre l’inaccessible étoile… »
-CJZ – que penses-tu du jazz actuel? de la musique en général ? de sa diffusion ?
-SL – Je dois dire qu’en tant que « jeune artiste émergente » de la scène Jazz, il faut comprendre qu’à présent le système a changé. Les labels font, selon moi, un peu n’importe quoi et ce que l’on veut faire passer pour du Jazz est souvent de la Pop déguisée, même si je n’ai rien contre la pop. Simplement, je vois par rapport à mon parcours, la difficulté que l’on rencontre à diffuser sa musique au public qui plus est, est en demande de concerts, de nouveautés et le monde professionnel qui bloque ce lien. Je pense qu’il y a un monde nouveau à inventer, des manières nouvelles de pouvoir offrir cette musique et de créer de l’émotion le plus directement possible, se raccrocher à un rapport humain plus vrai, quitte à résister pour ne pas rentrer dans le « moule ».
Je trouve magnifique qu’il existe des magazines comme Couleurs Jazz qui laissent la parole aux nouveaux artistes émergents.
CJZ- Veux-tu nous parler de Giovanni Mirabassi, et des autres musiciens ?
– SL – Giovanni Mirabassi est un pianiste que j’ai toujours admiré par sa musicalité universelle et son engagement. J’ai été honorée lorsqu’il m’a reconnue comme « un frère musical » et qu’il a vu en moi « sa voix ».
CJZ – Et par la suite, des actualités et des projets ?
SL- Pour le suite, je suis déjà en train d’écrire le prochain album avec plus de textes en français, car je trouve extrêmement difficile de faire sonner cette langue en Jazz ; mais c’est un défi que j’ai envie de relever, car j’adore jouer avec les mots.
Nous serons en concert début avril prochain pour deux dates (à confirmer prochainement) avec des surprises : notamment, un invité spécial et des nouvelles chansons en avant-première. Une tournée sera annoncée prochainement.
L’album est bien sûr disponible sur toutes les plateformes digitales et chez les meilleurs disquaires.
LineUp : Sarah Lancman – voix ; Giovanni Mirabassi – piano ; Gianluca Renzi – contrebasse ; Gene Jackson – batterie ; Alex Sipiagin – trompette et bugle
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